À un Trappiste

Mon corps, vil accident de l’éternel ensemble ;
Mon cœur, fibre malade aux souffrantes amours ;
Ma raison, lueur pâle où la vérité tremble ;
Mes vingt ans, pleurs perdus dans le torrent des jours :

Voilà donc tout mon être ! et pourtant je rassemble
Ma volonté, ma force, et mes instants si courts,
Pour illustrer ma vie, et la gloire me semble
Un rempart où la mort s’arrêtera toujours.

Et vous, vous ne voyez, mon frère, dans la gloire
Que d’un mérite vain la palme dérisoire,
Caprice de la foule et du temps et du lieu.

Dédaigneux des vertus que le monde renomme,
Vous dites que la gloire est l’estime de l’homme,
Et que la paix de l’âme est l’estime de Dieu.


Autres textes de Sully Prudhomme

Poésies 1866-1872

Un oiseau solitaire aux bizarres couleursEst venu se poser sur une enfant ; mais elle,Arrachant son plumage où le prisme étincelle,De toute sa parure elle fait des douleurs ;Et le...



Les auteurs


Les catégories


Fiches de lecture

Médiawix © 2025