Acte I - Scène XI



(LES MÊMES, SERGE.)


PAULETTE
Toi !

SERGE
Mon dieu, oui ! (A Isidore et Philomèle.)
Laissez-nous, vous autres.

ISIDORE ET PHILOMÈNE
Oui, monsieur.
(Ils sortent.)


PAULETTE
Et… qu'est-ce qui te ramène ?

SERGE
Eh ! bien, voilà, j'ai réfléchi ! J'ai été stupide tout à l'heure !

PAULETTE
Ah ?

SERGE
Absolument stupide. Aussi bien je te rapporte ton pantalon !
(Il jette le pantalon sur la table.)


SNOBINET(passant la tête sous la nappe. )
Ah, bien ! ça c'est gentil !
(Il disparaît aussitôt.)


PAULETTE(ironique. )
Oh ! il n'est pas à moi.

SERGE
Oh ! tu n'as pas besoin de le dire.

PAULETTE
Quoi ?

SERGE
Je le sais qu'il n'est pas à toi, et ça pour la bonne raison qu'il est à monsieur Victor Snobinet.

PAULETTE
Victor Snobinet ?

SNOBINET(même jeu. )
Diable !

SERGE
Un infime cabot du Théâtre Sarah Bernhardt.

SNOBINET(même jeu. )
Qu'est-ce qu'il dit ?

PAULETTE
Qu'est-ce que c'est que cette invention ? Snobinet, connais pas

SERGE
En vérité ? Eh ! bien, le pantalon connaît, lui.

PAULETTE
Mais où as-tu pris ?…

SERGE
Ah ! bien, n'est-ce pas, on a un pantalon… on ignore à qui il est, alors, pour savoir, on fouille…

SNOBINET(même jeu. )
Il a barboté dans mes poches ! eh ! bien, c'est ça !

SERGE
C'est comme ça que j'ai trouvé un tas de choses qui m'ont éclairé : un mouchoir sale…

SNOBINET(même jeu. )
C'est à moi.

SERGE
Un porte-monnaie vide et un portefeuille plein, lui, plein de paperasses et de vieux engagements au nom de Victor Snobinet.

SNOBINET(même jeu. )
Eh ! bien, il n'est pas gêné, celui-là.

PAULETTE
Alors, quoi ! tu crois que je t'ai trompé avec cet homme-là ?

SERGE
Mais je ne sais pas ; je ne demande pas à savoir.

PAULETTE
Moi ! moi ! avec un cabot !

SNOBINET
Hein ! elle aussi ! ah ! c'est lâche !

PAULETTE
Dis tout de suite que je suis une grue.

SERGE
Mais non, seulement, quoi ! tu as trouvé un gars qui t'a porté aux sens. J'avais le tort de n'être pas là, alors tu t'es offert un petit extra en pensant que je n'en saurais rien,… tu t'es passé un béguin. Eh ! bien, mon Dieu, ça arrive dans le meilleur des mondes.

PAULETTE
Oh ! moi ! moi !

SERGE(riant. )
Ah ! dame, sur l'instant, ça m'a un peu vexé parce que, quand on n'est pas prévenu !… Alors je me suis emballé !… A ce moment-là, j'aurais eu ce Snobinet sous la main, j'aurais été heureux de lui tirer les oreilles.

SNOBINET(même jeu. )
Ah ! mais, dites donc !

SERGE
J'aurais savouré la joie de lui flanquer mon pied dans le derrière.

SNOBINET(même jeu. )
Oh ! mais…

SERGE
Seulement, je ne l'ai pas eu sous la main. Tant mieux pour son derrière.

SNOBINET(même jeu. )
Ah ! il a de la chance que je sois sous la table, sans ça !…

PAULETTE
Ah ! Serge ! Serge ! tu me fais mal.

SERGE
Mais ne te fais donc pas de mauvais sang ! Regarde comme je suis calme (Prenant le pantalon.)
Vois ! je lui rapporte moi-même son pantalon, à ce cher Snobinet ; on n'est pas plus raisonnable. Maintenant s'il le trouve un peu détérioré, tu lui exprimeras tous mes regrets ; j'étais passablement nerveux tout à l'heure. Alors, quelques mouvements un peu brusques, le pantalon n'y a pas suffisamment résisté… alors, voilà !…
(Il passe son poing dans la déchirure du pantalon.)


SNOBINET( même jeu. )
Oh ! en plein fond.

SERGE
Oh ! ça n'est que la couture, c'est rien à réparer… Il doit savoir coudre, ton Snobinet… Eh ! bien, dans ses moments perdus… ça le distraira.

SNOBINET
Se venger ainsi ! comme c'est mesquin.

PAULETTE
Ah ! çà ! voyons, voyons ! Où veux-tu en venir ? Je ne comprends rien à ton attitude.

SERGE(lentement. )
Mon attitude ? Oh ! elle est toute simple, mon attitude ! elle est celle que m'impose ma nouvelle situation.
(Il s'assied à droite de la table.)


PAULETTE
Quelle nouvelle situation ?

SERGE
Mais ma nouvelle situation ! Nous ne pouvons plus rester ensemble.

PAULETTE
A cause de Snobinet ?

SERGE
Eh ! non, Snobinet, je me fiche pas mal de Snobinet ! V'là ce que j'en fais de Snobinet ! En parlant, il a détendu une jambe et donné, sans le vouloir, un coup de pied à Snobinet.

SNOBINET
Oh !

SERGE
Qu'est-ce que c'est que ça ? J'ai donné un coup de pied dans quelque chose de mou qui a grogné.

PAULETTE
Rien ! c'est le Caniche. C'est Paf.

SERGE
Ah ! C'est ton cabot ! (Appelant.)
Paf ! viens mon bon Paf !

SNOBINET(même jeu. )
Nom d'un pétard !

PAULETTE
Laisse donc le chien, voyons ! on parle de choses sérieuses.

SERGE
Mais ça n'empêche pas. Viens, mon Paf, viens mon cabot.
(Sans regarder sous la table, il caresse la tête de Snobinet.)


PAULETTE
Enfin, quoi ? quoi ? qu'est-ce qui s'est passé ?… m'expliqueras-tu au lieu de caresser le chien ?

SERGE
Oh ! mon Dieu, pas grand-chose de bien intéressant. Tiens, passe-moi le sucrier.

PAULETTE
Pourquoi faire ?

SERGE
Pour donner du sucre à Paf.

PAULETTE
Mais ce n'est pas la peine.

SERGE
Quoi, ça ne te dérange pas beaucoup ! Tu peux bien me passer le sucre.

PAULETTE(donnant le sucrier à Serge. )
Oh !

SERGE
Il aime ça, ce cabot. Je veux au moins qu'il me regrette quand je ne serai plus là.

PAULETTE
Oh ! que tu es exaspérant !

SERGE(tendant un morceau de sucre à Snobinet sous la table. )
Tiens, Paf ! un su-sucre.

SNOBINET(même jeu. )
Oh ! Mais non.

SERGE
Eh ! bien, Paf !

PAULETTE
Ah ! et puis, mange Paf, Quoi ! et que ce soit fini !

SNOBINET
Ce qu'il faut accepter, mon Dieu !
(Il prend le sucre avec ses dents.)


SERGE(lui caressant la tête. )
Là ! bonne tête ! Allez coucher… Oh ! il m'a bavé sur les doigts.

PAULETTE
Eh ! bien, tu n'avais qu'à ne pas lui donner… Vas-tu parler à la fin ! Pourquoi ? Pourquoi me quitter ?

SERGE
Pourquoi ? Tiens-toi bien ! parce que je suis ratissé, mon pauvre petit, complètement ratissé.

PAULETTE ET SNOBINET
Hein !

SERGE
Je suis sans un, voilà ! comme on dit : "sans un… ! "

PAULETTE
Toi ?

SNOBINET(même jeu. )
Ah ! cochon, c'est bien fait.

PAULETTE
C'est pas possible, voyons ! je t'ai toujours vu avec de la galette.

SERGE
Bien oui ! mais la galette, c'est pas éternel, et à force de croquer dedans… tu sais !… si bien qu'un jour j'ai dû faire la triste constatation qu'il me restait pour tout capital la modeste somme de quarante mille francs ! Alors, je me suis dit : "Quarante mille francs, un déjeuner de soleil ! Je n'ai qu'un moyen, c'est de mettre ça dans les affaires ! " Et je suis parti pour Monte-Carlo. Eh ! bien tu sais, comme affaire, Monte-Carlo, c'est pas encore ça que je recommanderai à mon fils quand j'en aurai. Ce que ça été boulotté vite ! Ah ! heureusement, on m'a donné le viatique, sans quoi j'aurais jamais pu rentrer à Paris.

PAULETTE
Alors tu es ruiné ? Complètement ruiné ?

SERGE
Oh !… à quarante-trois sous près !

PAULETTE
Ruiné ! Il est ruiné ! Ah ! mon chéri que je t'aime !

SERGE
Qu'est-ce qui te prend ? ça te fait plaisir ?

PAULETTE
Oui, oh ! oui ! Ah ! c'est que tu ne peux pas comprendre… tu ne peux pas comprendre ce que c'est pour une femme de pouvoir se dire : "C'est pour moi, c'est pour moi qu'il s'est mis dans ce pétrin- là ! " Ah ! ce qu'on éprouve-là !… et puis, vois-tu, l'homme qui donne l'argent, l'homme qui paie, on ne peut pas l'aimer, c'est contre nature,… tandis que celui qui n'a plus rien pour vous… ah ! celui-là !… quand on l'aime, ah ! on l'aime bien ! Mon chéri, mon chéri.
(Elle l'embrasse avec effusion.)


SERGE
Mais tu me renverses ! Ah ! bien, si je m'attendais !…

SNOBINET
Ben ! et moi, donc.

PAULETTE
Et qu'est-ce que tu vas faire, hein ? Qu'est-ce que tu vas faire ? Parce que tu ne peux pas rester avec tes quarante-trois sous.

SERGE
Oh ! naturellement, je vais travailler.

PAULETTE
C'est ça ! c'est ça ! ah ! tu es courageux

SERGE
On m'a parlé d'une affaire à Saïgon… une affaire de glace artificielle… C'est appelé à un grand avenir.

PAULETTE
Ah ! très bien !… Alors, il faut faire ça !… les glaces, je te crois ! les femmes sont si coquettes !

SERGE
Non, c'est des glaces pour manger.

PAULETTE
Ah ! tu vas te mettre glacier ?

SERGE
Oh ! bien sûr, je ne traînerai pas une petite voiture avec des sorbets que je mettrai dans un verre sans fond avec une palette de bois… Non, c'est une grosse entreprise de glace à rafraîchir.

PAULETTE
Ah ! oui !

SERGE
Et quand je serai riche, eh ! bien, je te reviendrai.

PAULETTE
Comment… tu me reviendras ! Mais je ne veux pas que tu me quittes.

SERGE
Mais ce n'est pas possible, voyons !

PAULETTE
Du tout ! du tout ! tu iras à ton travail dans la journée et le soir tu me reviendras.

SERGE
De Saïgon ?

PAULETTE
De Saïgon !

SERGE
Mais tu ne sais pas où c'est ! c'est en Cochinchine.

PAULETTE
Qu'est-ce que ça me fait que ça soit en Cochinchine.

SERGE
Mais il faut des semaines pour y aller.

PAULETTE
Comment des semaines ! à notre époque ? Mais c'est idiot ! mais je ne veux pas ! tu feras ta glace ailleurs. Qu'est-ce que t'as besoin d'aller si loin ! Fais ça à Puteaux.

SERGE(riant. )
A Puteaux, à Puteaux ! mais qu'est-ce que j'en ferais de ma glace, à Puteaux !… Ah ! tu te fais une idée des affaires.

PAULETTE
Eh ! bien alors, tu ne feras pas de glace du tout. Merci ! te perdre dans un pareil moment ! du tout, tu resteras avec moi.

SERGE
Mais c'est impossible ! Je ne peux pas ! je n'en ai pas le droit.

PAULETTE
En voilà une idée ! Pourquoi donc ça ! du moment que ça me va ! alors, tu me lâcherais parce que tu n'as plus le sou ? Eh bien ! ça serait du joli !

SERGE
Mais, voyons !

PAULETTE
Mais c'est ça dont tu n'as pas le droit ! Pour qu'on dise que je t'ai ruiné et qu'après je t'ai planté là ! Ah, bien merci ! mais c'est ça qui me ferait du tort dans mes affaires.

SERGE
Mais puisque je ne puis plus rien te donner.

PAULETTE
Eh ! bien, tu seras mon amant de cœur !

SERGE
Oh !…

PAULETTE
Après tout, ça n'est pas si à dédaigner. C'est toujours le plus aimé.

SERGE
Tu n'y penses pas ! Accepter cette situation de partager avec un autre.

PAULETTE
Mais on partage toujours, mon ami. Il n'y aura rien de changé ! et là, c'est toi qui auras le bon bout.

SERGE
Ah ! non, non !

PAULETTE
Ah ! que tu es drôle !

SNOBINET(même jeu. )
Nom d'un chien ! et moi qui répète à une heure.

PAULETTE
Enfin, tu ne comptes pas rester chaste ! tu verras bien d'autres femmes ?

SERGE(avec un geste vague. )
Dame, ça !

PAULETTE
C'est ça ! alors, tant que tu aurais eu de l'argent, tu serais resté avec moi ! et maintenant que tu n'as plus rien c'est les autres qui en profiteraient ? Ah ! non, non !

SERGE
Mais je ne peux pas, voyons ! je ne dois pas.

PAULETTE
Tais-toi ! d'abord pour toi-même ! pour ton crédit ! il ne faut pas qu'on sache que tu es ruiné ! C'est le seul moyen de te relever. Et puis, remarque, tu n'as pas de scrupules à avoir. Combien as- tu dépensé avec moi ?

SERGE
Je ne sais pas,… six cent mille francs.

PAULETTE
Mais c'est énorme ! Aussi dix mille francs par mois et pour autant de cadeaux. C'est insensé ! On ne gâche pas l'argent comme ça ! Eh ! bien, écoute ! tu n'as qu'à supposer une chose, c'est que tu me donnais moitié moins et que tu m'as avancé le reste ! Comme ça tu m'entretiens toujours.

SERGE
Ah ! tu as une façon d'arranger les choses.

PAULETTE
Mais non ! mais non ! je t'assure que j'ai raison. Oh ! seulement, bien entendu, Comme cet argent est dépensé et qu'il faut bien vivre, dame ! il faudra… il faudra…

SERGE
Que tu t'en procures d'autre.

PAULETTE
Ben ! qu'est-ce que tu veux !

SERGE
Oui, évidemment, un autre amant !

PAULETTE
Oh ! si peu ! Et tu verras quelle gentille petite maîtresse tu auras. Une maîtresse toute nouvelle, comme tu ne la connais pas. Jamais, tu entends ! Jamais je ne te tromperai.

SERGE
Oh !

PAULETTE
Oh ! non, toutes les fois, tu sauras.

SERGE(hochant la tête. )
Ah !

PAULETTE
Et pour commencer, je ne veux avoir rien de caché pour toi. Tiens, tu vas voir ! (Levant le molleton de la table.)
Venez, Monsieur Snobinet.

SNOBINET
Hein ! comment !

SERGE(ahuri. )
Ah !

PAULETTE
Vous pouvez sortir, maintenant.

SNOBINET(stupide. )
Ah !

PAULETTE
Oui, oui, ne restez pas sous la table, ça n'est plus nécessaire.

SNOBINET
Ah !… Bien ! (Il sort de dessous la table.)
Je vous demande pardon…

SERGE
Il était sous la table ?…

SNOBINET
Monsieur.

PAULETTE( présentant. )
Monsieur Snobinet, dont nous parlions tout à l'heure !

SERGE
Aha !… Bonjour, monsieur.

SNOBINET(s'inclinant. )
Monsieur !… Excusez-moi, je m'étais mis là… en attendant.

SERGE
Oh ! mais alors, le chien, tout à l'heure… C'était vous ?

SNOBINET
Hein ! oui, oui,… en effet, j'ai eu l'honneur…

SERGE
C'est vous, Paf ?

SNOBINET
C'est moi, Paf.

SERGE
C'est vous Paf ! oui, oui… C'est extraordinaire comme vous ressemblez à la fille de cuisine ! C'est pas votre sœur ? (Rire gêné de Snobinet.)
C'était vous ? Je m'en doutais !

SNOBINET
Oui, oui, C'était… moi.

SERGE
Ah ! monsieur, enchanté. Justement, je vous rapportais votre pantalon !

SNOBINET
Oh ! monsieur, croyez bien que je n'avais aucune inquiétude.

SERGE
Votre confiance m'honore ! Figurez-vous que sur le premier moment, comme je le disais à notre amie Paulette, je n'avais qu'une idée, vous rencontrer pour vous flanquer mon pied au derrière.

SNOBINET(riant jaune. )
Oh ! quelle fantaisie !

SERGE
Et maintenant, regardez comme c'est drôle, au lieu du pied c'est la main que je vous tends ! est-ce assez curieux ces sautes d'humeur, hein !… mon cher monsieur Snobinet.

SNOBINET
Oh ! croyez que c'est moi, au contraire.

PAULETTE(à Snobinet. )
Avoue qu'il est gentil.

SNOBINET
Délicieux !

SERGE
Oh ! mais, je vous en prie, que je ne vous empêche pas de passer votre pantalon ! Vous devez geler ainsi ! mes chemises sont si légères car, si je ne me trompe, c'est une chemise de nuit à moi que vous avez.

SNOBINET
Ah ! c'est… c'est à vous ?

SERGE
C'est à Moi, oui, oui !

PAULETTE
Oui, oui, c'est à lui.

SNOBINET
Ah ! je suis confus… Vous auriez dû me dire, madame… je ne savais pas… Comme il y avait jutement V. S… ça fait Victor Snobinet.

SERGE
Pardon, S. V… Serge de Vieuxville.

SNOBINET
Ah ! tiens ! oui… Moi, j'avais lu à l'envers… V. S. Victor Snobinet,… alors naturellement…

SERGE
Vous avez cru que c'était à vous.

SNOBINET
Non ! non ! pas positivement,… seulement…

SERGE
Vous n'avez pas réfléchi.

SNOBINET
Voilà !… (Il rit.)
Comme c'est curieux, nous avons les mêmes initiales.

SERGE
Nous étions faits pour nous entendre !

SNOBINET
Oh ! vraiment.

SERGE
Une chemise pour deux, une femme pour deux, tout ça… à notre chiffre.

SNOBINET
Oh ! vous vous moquez.

SERGE
Du tout, du tout ! ça crée des liens cela ! Je suis certain que, de votre côté, vous seriez enchanté si l'occasion se présentait…

SNOBINET
Oh ! ça croyez bien… ! si jamais vous avez besoin d'une de mes chemises…

SERGE
De vos chemises, non… mais de votre prochaine maîtresse, si elle me plaît… ça ! avec plaisir.

SNOBINET
Hein ! ma pro…

SERGE
Merci, on n'est pas plus aimable.

SNOBINET
Non, mais,…

SERGE
Et vous nous faites le plaisir de déjeuner avec nous, bien entendu. Paulette ! tu invites monsieur Snobinet ?

PAULETTE
Certes !

SNOBINET
C'est que j'ai répétition à…

SERGE
Oh ! vous ne pouvez pas refuser.

PAULETTE
Non, non, il ne peut pas.

SERGE
Je sens, maintenant que je vous connais, qu'on ne pourra plus se passer l'un de l'autre.

SNOBINET
Oh ! vraiment !

SERGE
Et maintenant, allez mettre votre pantalon. Il est un peu fendu !

PAULETTE
Oh ! si peu.

SNOBINET
Oui, oh !…

SERGE
N'est-ce pas, ça donne de l'air, ça n'en est pas plus mal, et avec les basques de votre jaquette !

PAULETTE
On n'y verra que du feu !

SNOBINET
On n'y verra que du feu.

SERGE
Tenez, par ici, cher monsieur, dans la chambre de Paulette… D'ailleurs, je n'ai pas à vous montrer le chemin.

SNOBINET(gêné. )
Non… euh ! c'est-à-dire… enfin,…

PAULETTE(conduisant Snobinet jusqu'à la porte. )
Hein ! avoue que c'est un galant homme.

SNOBINET
Délicieux ! délicieux ! Il n'y a vraiment que pour ma prochaine maîtresse que…

PAULETTE
Laisse donc ! il dit ça comme ça, mais… Là ! va ! va !

SNOBINET
Oui. (A part.)
D'ailleurs ma prochaine maîtresse, s'il croit que je la lui apporterai sur un plat !…
(Il sort.)

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