Dutrécy Aubin ; puis Fromental et Madame de Verrières ; puis de La Porcheraie
Dutrécy (seul)
Un mariage ! Voilà les ennuis de la famille qui vont commencer… Mon déjeuner interrompu… cela me coupe l'appétit… Range ça… Les entrevues !… les présentations… D'abord, si ça se fait, je veux que ça se fasse tout de suite.
(Fromental et madame de Verrières paraissent au fond, introduits par Cyprien, qui sort.)
Fromental
Mon cher condisciple… depuis longtemps j'avais hâte de venir vous serrer la main.
Dutrécy
Ce cher Fromental !
(Ils se serrent la main.)
Fromental
Permettez-moi de vous présenter ma fille… veuve du colonel de Verrières.
Dutrécy (saluant.)
Madame, le docteur m'a dit que vous étiez prévenue… tenue de malade… Veuillez prendre la peine de vous asseoir…
(Aubin offre des sièges et sort.)
Fromental
Mon cher condisciple, nous ne nous voyons pas assez souvent…
Dutrécy
C'est vrai ; nous nous rencontrons tous les dix ou quinze ans.
Fromental
C'est un peu votre faute… vous ne venez jamais à notre banquet de Sainte-Barbe…
Dutrécy
Oh ! vous savez… ces banquets-là…
Fromental
Sont pleins de cordialité… on y lit des vers.
Madame de Verrières
Mon père…
Fromental
C'est juste… J'arrive au but de notre visite… Mon cher condisciple… j'ai un fils… barbiste ! comme nous !… Georges… c'est son nom, est arrivé hier d'Amérique… Il avait entrepris ce voyage pour visiter les correspondants de notre maison de banque… et je puis dire qu'il a réussi au-delà de nos espérances… Il est fort intelligent en affaires…
Madame de Verrières
Et ce qui vaut mieux, c'est un garçon de cœur… de relations sûres et honnêtes…
Fromental
Bref, avant son départ, il avait distingué mademoiselle Thérèse, votre nièce.
Dutrécy
Vraiment ?… mais où a-t-il pu la voir ?… elle ne quitte jamais sa pension !…
Madame de Verrières
Chez une de nos amies communes, madame de Puysole, que vous aviez autorisée à faire sortir Thérèse les jours de fête.
Dutrécy
En effet… moi, je ne pouvais pas m'en charger… Un garçon…
Fromental
Nous venons vous demander… franchement… si vous n'avez pas d'objections à élever contre une union que, mes enfants et moi, nous désirons depuis longtemps…
Dutrécy
Mon Dieu !… vous me prenez un peu au dépourvu… J'aime beaucoup Thérèse… et je ne vous cache pas que l'idée de cette séparation… Cependant, si votre fils parvient à lui plaire…
Madame de Verrières
Oh ! je crois que nous n'aurons pas de résistance de côté-là.
Fromental
La position de Georges est belle… Il est intéressé pour un tiers dans mes opérations… De plus, je lui donne quatre cent mille francs.
Dutrécy
Thérèse a de son côté…
Fromental
Trois cent vingt-huit mille francs… je le sais…
Dutrécy (étonné)
Comment ?
Fromental
Nous avons le même notaire… Frémicourt… C'est un barbiste !…
Dutrécy
Ah ! très bien !…
Madame de Verrières
Mon frère, monsieur, désire vivement vous être présenté… Si vous voulez nous permettre de revenir…
Dutrécy
Quand il vous plaira… l'entrevue peut avoir lieu aujourd'hui même…
Fromental
Aujourd'hui ?…
Madame de Verrières
Vers trois heures, cela vous convient-il ?…
Dutrécy
Très bien !… (Se ravisant.)
Ah ! diable !… c'est que… il faut que j'aille chercher Thérèse à sa pension… et elle est loin… sa pension…
Madame de Verrières
Ne vous inquiétez pas de cela… Madame de Puysole est autorisée à la faire sortir… Elle ira la prendre de votre part et vous l'amènera…
Dutrécy
Parfait !… c'est parfait !… Alors, je pense que ce mariage pourra marcher très vite.
Madame de Verrières
Ce n'est pas mon frère qui apportera des retards.
Dutrécy
Ni moi… parce que, quand une chose est décidée… et puis je ne peux pas garder une jeune fille chez moi… vous comprenez… un garçon !…
Madame de Verrières
Il faut toujours bien compter quinze jours.
Fromental
Mettons un mois.
Dutrécy
Pourquoi, un mois ?…
Fromental
Le temps de faire les publications…
Dutrécy
Ah ! oui… les publications… Il faudra se promener dans les mairies…
Madame de Verrières (vivement)
Mon père se charge des démarches…
Dutrécy
Parfait !… c'est parfait !…
Fromental
Nous aurons ensuite à nous occuper d'un appartement…
Dutrécy
Oui… un appartement.
Madame de Verrières (vivement)
J'en connais un délicieux… à notre porte… rue de Provence…
Fromental
Il faudra le meubler…
Madame de Verrières
J'ai un tapissier qui passe les nuits…
Fromental
Enfin, nous aurons à acheter la corbeille, le trousseau…
Madame de Verrières
Cela me regarde…
Dutrécy
Parfait !… c'est parfait !… Au surplus, madame, si vous avez besoin de moi… je ne connais rien à tout cela… mais je me mets à votre disposition…
De La Porcheraie, (entrant par le fond)
:
Ouf !… j'arrive de Passy !…
Fromental
Monsieur de La Porcheraie…
De La Porcheraie (entrant)
Monsieur… madame… C'est une bonne fortune pour moi de vous rencontrer !… (Bas à Dutrécy.)
Renvoyez-les… j'ai à vous parler de notre affaire…
Dutrécy (à Fromental)
Allons !… voilà qui est convenu… nous nous sommes distribué le travail…
Fromental (saluant)
Mon cher condisciple… à trois heures !
Dutrécy
À trois heures… Quant à ce qui me concerne… je serais prêt… (Saluant madame de Verrières.)
Madame…
Il les accompagne jusqu'à la porte du fond. Fromental et madame de Verrières sortent.
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Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
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