ACTE PREMIER - Scène VII
(LES MÊMES, ALEXANDRIN)
SABOULOT
Ah ! je comprends maintenant pourquoi il buvait à un prochain mariage. Il pensait aux cartes, à la somnambule !
ALEXANDRIN(descendant.)
Il y a peut-être des cigares de ce côté.
FINETTE ET SABOULOT
Lui !
ALEXANDRIN
Ah ! vous voilà, mon cher.
SABOULOT(entre ses dents.)
Mon cher ! Son cher… ! il m'appelle son cher. Tartuffe, va !
FINETTE
Ah ! ça va être drôle. Je les laisse ! (Elle se sauve.)
SABOULOT
Eh ! bien, oui, monsieur, c'est moi, votre cher. C'est du fond du cœur, n'est-ce pas, monsieur, que vous dites ça ?
ALEXANDRIN
Ah ! bien sincèrement, ce cher bon ! Et, vous savez, je fais des vœux pour que ça dure un bon temps, heing !
SABOULOT
Oui, au moins deux ans ! N'est-ce pas ? C'est deux ans qu'on a prédit… veuvage compris ! Il y a donc des gens qui croient aux somnambules ?
ALEXANDRIN
- Oh ! mon Dieu ! il y en a qui croient, et d'autres qui ne… Pourquoi me parle-t-il de somnambules ?
SABOULOT
Et après ça, ils viennent vous tendre la main. Cette main qui devrait rougir de mentir de la sorte. Oh ! monsieur !
ALEXANDRIN(même jeu.)
Certainement, oui… Il est évident que je ne suis pas au courant de la conversation. Vous ne savez pas où sont les cigares ?
SABOULOT(marchant sur lui les yeux dans les yeux.)
Il s'agit bien de cigares. Avez-vous lu Héloïse et Abélard ?
ALEXANDRIN(comprenant de moins en moins.)
Loïse et Abélard. Pourquoi me parlez-vous de Loïse et d'Abélard.
SABOULOT
Eh bien ! Fulbert moi, monsieur ! le chanoine Fulbert,… retenez bien cela… je n'en dirai pas davantage, moi, Fulbert, je lui couperai les oreilles.
ALEXANDRIN
Euh ! Tous mes compliments !… non, mais qu'est-ce que ça me fait, tout ça !
SABOULOT
Ah ! mais, je suis comme ça, moi ! Fulbert ! vous entendez ? les oreilles.
ALEXANDRIN(à part.)
Hein ! le pauvre, le mariage le détraque ! (Ils regagnent le second salon.)