ACTE quatrième - SCÈNE VI



(CÉPIiÉE, CASSIOPE, ANDROMÈDE, PERSÉE, AMMON, TIMANTE, CHOEUR de peuple. )

TIMANTE
Seigneur, le souvenir des plus âpres supplices, Quand un tel bien les suit, n'a jamais que délices. Si d'un mal sans pareil nous nous vîmes surpris, Nous bi'nissons le ciel d'un tel mal à ce prix ; Et voyant quel époux il donne à la princesse, La douleur s'en termine en ces chants d'allégresse. chœur chante. Vivez, vivez, heureux amants, Dans les douceurs que l'amour vous inspire ; Vivez, heureux, et vivez si long-temps, Qu'au bout d'un siècle entier on puisse encor vous d ire : Vivez, heureux amants. Que les plaisirs les plus charmants Fassent les jours d'une si belle vie ; • Qu'ils soient sans tache, et que tous leurs moments " Fassent redire même à la voix de l'envie : Vivez, heureux amants. Que les peuplés les plus puissants, Dans nos souhaits à pleins vœux nous secondent ! Qu'aux dieux pour vous ils prodiguent l'encens, Et des bouts de la terre à l'envi nous répondent : Vivez, heureux amants.

CÉPHÉE
Allons, amis, allons, dans ce comble de joie, Rendre grâces au ciel de l'heur qu'il nous envoie. Allons dedans le temple avecque mille vœux De cet illustre hymen achever les beaux na-uds. Allons sacrifier à Jupiter son père. Le prier de souffrir ce que nous pensons faire, Et ne s'offenser pas que ce noble lien Fasse un mélange heureux de son sang et du mien.

CASSIOPE
Souffrez qu'auparavant par d'autres sacrifices Nous nous rendions des eaux les déités propices. Neptune est irrité ; les nymphes de la mer Ont de nouveaux sujets encor de s'animer ; Et comme mon orgueil fit naître leur colère, Par mes submissions je dois les satisfaire. Sur leurs sables, témoins de tant de vanités, Je vais sacrifier à leurs divinités ; Et conduisant ma fille à ce même rivage, De ces mêmes beautés leur rendre un plein honmiagc, Joindre nos vœux au sang des taureaux immolés : Puis nous vous rejoindrons au temple où vous aile/…

PERSÉE
Souffrez qu'en même temps de ma fière marâtre Je tâche d'apaiser la haine opiniâtre ; Qu'un pareil sacrifice et de semblables vœux Tirent d'elle l'aveu qui peut me rendre heureux. Vous savez que Junon à ce lien préside, Que sans elle l'hymen marche d'un pied timide, Et que sa jalousie aime à persécuter Quiconque ainsi que moi sort de son Jupiter.

CÉPHÉE
Je suis ravi de voir qu'au milieu de vos flammes De si dignes respects régnent dessus vos âmes. Allez, j'immolerai pour vous à Jupiter, Et je ne vois plus rien enfin à redouter. Des dieux les moins bénins l'éteriielle puissance Ne veut de nous qu'amour et que reconnaissance ; Et jamais leur courroux ne montre de rigueurs Que n'abatte aussitôt l'abaissement des cœurs

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