ACTE QUATRIÈME - SCÈNE III
(Les mêmes, MARIE LOTHUNDIAZ.)
(Au moment où les alguasils s'emparent de Fontanarès, Marie parait en novice, accompagnée d'un moine et de deux sœurs.)
MARIE (, au vice-roi.)
Monseigneur, je viens d'apprendre comment, en voulant préserver Fontanarès de la rage de ses ennemis, je l'ai perdu : mais on m'a permis de rendre hommage à la vérité : j'ai remis moi-même à Quinola mes pierreries et mes épargnes. (Mouvement chez Lothundiaz.)
Elles m'appartenaient, mon père, et Dieu veuille que vous n'ayez pas un jour à déplorer votre aveuglement.
QUINOLA (se débarrassant de son manteau.)
Ouf, je respire à l'aise !
FONTANARÈS (Il plie le genou devant Marie.)
Merci, brillant et pur amour par qui je me rattache au ciel pour y puiser l'espérance et la foi ; vous venez de sauver mon honneur.
MARIE
N'est-il pas le mien ? la gloire viendra.
FONTANARÈS
Hélas ! mon œuvre est dispersée en cent mains avares qui ne la rendraient que contre autant d'or qu'elle en a coûté. Je doublerais ma dette et n'arriverais plus à temps. Tout est fini.
FAUSTINE (à Marie.)
Sacrifiez-vous, et il est sauvé.
MARIE
Mon père ? et vous, comte Sarpi ? (À part.)
J'en mourrai ! (Haut.)
Consentez-vous à donner tout ce qu'exige la réussite de l'entreprise faite par le seigneur Fontanarès ? à ce prix, je vous obéirai, mon père. (À Faustine.)
Je me dévoue, Madame !
FAUSTINE
Vous êtes sublime, mon ange. (À part.)
J'en suis donc enfin délivrée !
FONTANARÈS
Arrêtez, Marie ! j'aime mieux la lutte et ses périls, j'aime mieux la mort que de vous perdre ainsi.
MARIE
Tu m'aimes donc mieux que la gloire ? (Au vice-roi.)
Monseigneur, vous ferez rendre à Quinola mes pierreries. Je retourne heureuse au couvent : ou à lui, ou à Dieu !
LOTHUNDIAZ
Est-il donc sorcier ?
QUINOLA
Cette jeune fille me ferait réaimer les femmes.
FAUSTINE (à Sarpi, au vice-roi et à Avaloros.)
Ne le dompterons-nous donc pas ?
AVALOROS
Je vais l'essayer.
SARPI (à Faustine.)
Tout n'est pas perdu. (À Lothundiaz.)
Emmenez votre fille chez vous, elle vous obéira bientôt.
LOTHUNDIAZ
Dieu le veuille ! Venez, ma fille.
(Lothundiaz, Marie et son cortège, Don Ramon et Sarpi sortent.)