(Les mêmes, moins PAQUITA.)
FAUSTINE
Je ne suis point encore la marquise de Frégose, comment osez-vous donner des ordres chez moi ?
FRÉGOSE
C'est à moi d'en recevoir, je le sais. Ma fortune vaut-elle une de vos paroles ? pardonnez à un mouvement de désespoir.
FAUSTINE
On doit être gentilhomme jusque dans son désespoir ; et le vôtre fait de Faustine une courtisane. Ah ! vous voulez être adoré ?… Mais la dernière Vénitienne vous dirait que cela coûte très-cher.
FRÉGOSE
J'ai mérité cette terrible colère.
FAUSTINE
Vous dites aimer ? Aimer ! c'est se dévouer sans attendre la moindre récompense ; aimer ! c'est vivre sous un autre soleil auquel on tremble d'atteindre. N'habillez pas votre égoïsme des splendeurs du véritable amour. Une femme mariée, Laure de Noves a dit à Pétrarque : Tu seras à moi sans espoir, reste dans la vie sans amour. Mais l'Italie a couronné l'amant sublime en couronnant le poëte, et les siècles à venir admireront toujours Laure et Pétrarque !
FRÉGOSE
Je n'aimais déjà pas beaucoup les poëtes, mais celui-là, je l'exècre ! Toutes les femmes jusqu'à la fin du monde le jetteront à la tête des amants qu'elles voudront garder sans les prendre.
FAUSTINE
On vous dit général, vous n'êtes qu'un soldat.
FRÉGOSE
Eh bien en quoi puis-je imiter ce maudit Pétrarque ?
FAUSTINE
Si vous dites m'aimer, vous éviterez à un homme de génie, (mouvement de surprise chez don Frégose)
oh ! il en a, le martyre que veulent lui faire subir des Myrmidons. Soyez grand, servez-le ! Vous souffrirez, je le sais, mais servez-le : je pourrai croire alors que vous m'aimez, et vous serez plus illustre par ce trait de générosité que par votre prise de Mantoue.
FRÉGOSE
Devant vous, ici, tout m'est possible ; mais vous ne savez donc pas dans quelles fureurs je tomberai tout en vous obéissant ?
FAUSTINE
Ah ! vous vous plaindriez de m'obéir ?
FRÉGOSE
Vous le protégez, vous l'admirez, soit ; mais vous ne l'aimez pas ?
FAUSTINE
On lui refuse le vaisseau donné par le roi, vous lui en ferez la remise, irrévocable, à l'instant.
FRÉGOSE
Et je l'enverrai vous remercier.
FAUSTINE
Eh bien ! vous voilà comme je vous aime.
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