(FAUSTINE MATHIEU MAGIS.)
MATHIEU MAGIS
Madame a besoin de mes petits services ?
FAUSTINE
Qui donc êtes-vous ?
MATHIEU MAGIS
Mathieu Magis, pauvre Lombard de Milan, pour vous servir.
FAUSTINE
Vous prêtez ?
MATHIEU MAGIS
Sur de bons gages, des diamants, de l'or, un bien petit commerce. Les pertes nous cousent, Madame. L'argent dort souvent. Ah ! c'est un dur travail que de cultiver les maravédis. Une seule mauvaise affaire emporte le profit de dix bonnes, car nous hasardons mille écus dans les mains d'un prodigue pour en gagner trois cents, et voilà ce qui renchérit ce prêt. Le monde est injuste à notre égard.
FAUSTINE
Êtes-vous juif ?
MATHIEU MAGIS
Comment l'entendez-vous ?
FAUSTINE
De religion ?
MATHIEU MAGIS
Je suis Lombard et catholique, Madame.
FAUSTINE
Ceci me contrarie.
MATHIEU MAGIS
Madame m'aurait voulu…
FAUSTINE
Oui, dans les griffes de l'Inquisition.
MATHIEU MAGIS
Et pourquoi ?
FAUSTINE
Pour être sûre de votre fidélité.
MATHIEU MAGIS
J'ai bien des secrets dans ma caisse, Madame.
FAUSTINE
Si j'avais votre fortune entre les mains…
MATHIEU MAGIS
Vous auriez mon âme.
FAUSTINE
Il faut se l'attacher par l'intérêt, cela est clair. (Haut.)
Vous prêtez…
MATHIEU MAGIS
Au denier cinq.
FAUSTINE
Vous vous méprenez toujours. Écoutez : vous prêtez votre nom au seigneur Avaloros.
MATHIEU MAGIS
Je connais le seigneur Avaloros, un banquier ; nous faisons quelques affaires, mais il a un trop beau nom sur la place et trop de crédit dans la Méditerranée pour avoir jamais besoin du pauvre Mathieu Magis…
FAUSTINE
Tu es discret, Lombard. Si je veux agir sous ton nom dans une affaire considérable…
MATHIEU MAGIS
La contrebande ?
FAUSTINE
Que t'importe ? Quelle serait la garantie de ton absolu dévouement ?
MATHIEU MAGIS
La prime à gagner.
FAUSTINE (à part.)
Quel beau chien de chasse ! (Haut.)
Eh bien ! venez, vous allez être chargé d'un secret où il y va de la vie, car je vais vous donner un grand homme à dévorer.
MATHIEU MAGIS
Mon petit commerce est alimenté par les grandes passions belle femme, belle prime.
(FIN DU DEUXIÈME ACTE.)
À MADAME LA COMTESSE NATALIE DE MANERVILLE.« Je cède à ton désir. Le privilége de la femme que nous aimons plus qu’elle ne nous aime est de nous faire oublier...
DÉDICACE.Et nunc et semper dilectae dicatum.Louis Lambert naquit, en 1797, à Montoire, petite ville du Vendômois, où son père exploitait une tannerie de médiocre importance et comptait faire de lui...
(Un salon à l'hôtel de Montsorel.)(LA DUCHESSE DE MONTSOREL, MADEMOISELLE DE VAUDREY.)LA DUCHESSEAh ! vous m'avez attendue, combien vous êtes bonne !MADEMOISELLE DE VAUDREYQu'avez-vous, Louise ? Depuis douze ans que nous pleurons ensemble,...
(Le théâtre représente une mansarde et l'atelier d'une fleuriste. Au lever du rideau Paméla travaille, et Joseph Binet est assis. La mansarde va vers le fond du théâtre ; la porte...
"La Marâtre" est une tragédie en cinq actes écrite par Honoré de Balzac, moins connu pour son travail dramatique que pour ses romans et nouvelles. La pièce, qui date de...