Et toi, son frère, sois le frère de mes fils.Cœur fier, qui du destin relèves les défis,Suis à côté de moi la voie inexorable.Que ta mère au front gris soit ma sœur vénérable !Ton frère dort couché dans le sépulcre...
Enfant, laisse aux mers inquiètesLe naufragé, tribun ou roi ;Laisse s’en aller les poëtes !La poésie est près de toi.Elle t’échauffe, elle t’inspire,Ô cher enfant, doux alcyon,Car ta mère en est le sourire,Et ton père en est le rayon.Les yeux...
ÉCRIT EN 1846« … Je vous ai vu enfant, monsieur, chez votre respectable mère, et nous sommes même un peu parents, je crois. J’ai applaudi à vos premières odes, la Vendée, Louis XVII… Dès 1827, dans votre ode dite À...
La source tombait du rocherGoutte à goutte à la mer affreuse.L’Océan, fatal au nocher,Lui dit : — Que me veux-tu, pleureuse ?Je suis la tempête et l’effroi ;Je finis où le ciel commence.Est-ce que j’ai besoin de toi,Petite, moi qui...
Ô vous l’âme profonde ! ô vous la sainte lyre !Vous souvient-il des temps d’extase et de délire,Et des jeux triomphants,Et du soir qui tombait des collines prochaines ?Vous souvient-il des jours ? Vous souvient-il des chênesEt des petits enfants...
Vous qui l’avez suivi dans sa blême vallée,Au bord de cette mer d’écueils noirs constellée,Sous la pâle nuée éternelle qui sortDes flots, de l’horizon, de l’orage et du sort ;Vous qui l’avez suivi dans cette Thébaïde,Sur cette grève nue, aigre,...
Pour l’erreur, éclairer, c’est apostasier.Aujourd’hui ne naît pas impunément d’hier.L’aube sort de la nuit, qui la déclare ingrate.Anitus criait : Mort à l’apostat Socrate !Caïphe disait : Mort au renégat Jésus !Courbant son front pendant que l’on crache dessus,Galilée, apostat...
Je dormais en effet, et tu me réveillas.Je te criai : Salut ! et tu me dis : Hélas !Et cet instant fut doux, et nous nous embrassâmes ;Nous mêlâmes tes pleurs, mon sourire et nos âmes.Ces temps sont déjà...
Un pauvre homme passait dans le givre et le vent.Je cognai sur ma vitre ; il s’arrêta devantMa porte, que j’ouvris d’une façon civile.Les ânes revenaient du marché de la ville,Portant les paysans accroupis sur leurs bâts.C’était le vieux qui...
Mes deux frères et moi, nous étions tout enfants.Notre mère disait : Jouez, mais je défendsQu’on marche dans les fleurs et qu’on monte aux échelles.Abel était l’aîné, j’étais le plus petit.Nous mangions notre pain de si bon appétit,Que les femmes...
Je dis à mon chien noir : — Viens, Ponto, viens-nous-en ! —Et je vais dans les bois, mis comme un paysan ;Je vais dans les grands bois, lisant dans les vieux livres.L’hiver, quand la ramée est un écrin de...
Mère, voilà douze ans que notre fille est morte ;Et depuis, moi le père et vous la femme forte,Nous n’avons pas été, Dieu le sait, un seul jourSans parfumer son nom de prière et d’amour.Nous avons pris la sombre et...
Maintenant que mon temps décroît comme un flambeau,Que mes tâches sont terminées ;Maintenant que voici que je touche au tombeauPar les deuils et par les années,Et qu’au fond de ce ciel que mon essor rêva,Je vois fuir, vers l’ombre entraînées,Comme...
Quel âge hier ? Vingt ans. Et quel âge aujourd’hui ?L’éternité. Ce front pendant une heure a lui.Elle avait les doux chants et les grâces superbes ;Elle semblait porter de radieuses gerbes ;Rien qu’à la voir passer, on lui disait...
(RÉPONSE À LA DÉDICACE DE SON DRAME « LA CONSCIENCE »)Merci du bord des mers à celui qui se tourneVers la rive où le deuil, tranquille et noir, séjourne,Qui défait de sa tête, où le rayon descend,La couronne, et la...
Lorsque j’étais en France, et que le peuple en fêteRépandait dans Paris sa grande joie honnête,Si c’était un des jours glorieux des vainqueursOù les fiers souvenirs, désaltérant les cœurs,S’offrent à notre soif comme de larges coupes,J’allais errer tout seul parmi...
Mugissement des bœufs, au temps du doux Virgile,Comme aujourd’hui, le soir, quand fuit la nue agile,Ou, le matin, quand l’aube aux champs extasiésVerse à flots la rosée et le jour, vous disiez :— Mûrissez, blés mouvants ! prés, emplissez-vous d’herbes...
Je vis un ange blanc qui passait sur ma tête ;Son vol éblouissant apaisait la tempête,Et faisait taire au loin la mer pleine de bruit.— Qu’est-ce que tu viens faire, ange, dans cette nuit ?Lui dis-je. — Il répondit :...
Oui, c’est une heure solennelle !Mon esprit en ce jour sereinCroit qu’un peu de gloire éternelleSe mêle au bruit contemporain,Puisque, dans mon humble retraite,Je ramasse, sans me courber,Ce qu’y laisse choir le poëte,Ce que l’aigle y laisse tomber !Puisque sur...
ITout homme qui vieillit est ce roc solitaireEt triste, Cérigo, qui fut jadis Cythère,Cythère aux nids charmants, Cythère aux myrtes verts,La conque de Cypris sacrée au sein des mers.La vie auguste, goutte à goutte, heure par heure,S’épand sur ce qui...
AUTEUR DU DRAME « PARIS »Tu graves au fronton sévère de ton œuvreUn nom proscrit que mord en sifflant la couleuvre ;Au malheur, dont le flanc saigne et dont l’œil sourit,À la proscription, et non pas au proscrit,— Car le...
Je payai le pêcheur qui passa son chemin,Et je pris cette bête horrible dans ma main ;C’était un être obscur comme l’onde en apporte,Qui, plus grand, serait hydre, et, plus petit, cloporte ;Sans forme comme l’ombre, et, comme Dieu, sans...
À MADAME LOUISE C.Le vallon où je vais tous les jours est charmant,Serein, abandonné, seul sous le firmament,Plein de ronces en fleurs ; c’est un sourire triste.Il vous fait oublier que quelque chose existe,Et, sans le bruit des champs remplis...
J’ai cueilli cette fleur pour toi sur la colline.Dans l’âpre escarpement qui sur le flot s’incline,Que l’aigle connaît seul et peut seul approcher,Paisible, elle croissait aux fentes du rocher.L’ombre baignait les flancs du morne promontoire ;Je voyais, comme on dresse...
Ô strophe du poëte, autrefois, dans les fleurs,Jetant mille baisers à leurs mille couleurs,Tu jouais, et d’avril tu pillais la corbeille ;Papillon pour la rose et pour la ruche abeille,Tu semais de l’amour et tu faisais du miel ;Ton âme...
À MES ENFANTSPuisque déjà l’épreuve aux luttes vous convie,Ô mes enfants ! parlons un peu de cette vie.Je me souviens qu’un jour, marchant dans un bois noirOù des ravins creusaient un farouche entonnoir,Dans un de ces endroits où sous l’herbe...
Le Tome 1 de "Les Misérables", intitulé "Fantine", se concentre sur plusieurs personnages clés et thèmes qui posent les fondements du récit épique de Victor Hugo. Le livre s'ouvre sur...
J’avais devant les yeux les ténèbres. L’abîmeQui n’a pas de rivage et qui n’a pas de cimeÉtait là, morne, immense ; et rien n’y remuait.Je me sentais perdu dans l’infini...
Pure innocence ! Vertu sainte !Ô les deux sommets d’ici-bas !Où croissent, sans ombre et sans crainte,Les deux palmes des deux combats !Palme du combat Ignorance !Palme du combat Vérité...
Un soir, dans le chemin je vis passer un hommeVêtu d’un grand manteau comme un consul de Rome,Et qui me semblait noir sur la clarté des cieux.Ce passant s’arrêta, fixant...
Tout conjugue le verbe aimer. Voici les roses.Je ne suis pas en train de parler d’autres choses.Premier mai ! L’amour gai, triste, brûlant, jaloux,Fait soupirer les bois, les nids, les...
Ô mon enfant, tu vois, je me soumets.Fais comme moi : vis du monde éloignée ;Heureuse ? non ; triomphante ? jamais.— Résignée ! —Sois bonne et douce, et lève...
La Sorcière.La ruine d'un cloître dans une forêt. Une masure colossale aussi composée de troncs d'arbres que de pans de mur. Pierres et racines mêlées. Ecroulement et broussaille. Ensemble de...
(UN GROUPE, PAYSANS, BOURGEOIS.QUELQU'UN DU GROUPE)LE PREMIER BOURGEOISL'homme qui loge ici, le connaissez-vous ?LE PREMIER PAYSANNon. Il ne parle à personne.LE DEUXIÈME PAYSANOn ne sait pas son nom.LE PREMIER BOURGEOISLa...
(Monsieur de Saint-VallierUne fête de nuit au Louvre. Salles magnifiques pleines d'hommes et de femmes en parure. Flambeaux, musique, danse, éclats de rire – des valets portent des plats d'or...
(L'aïeul L'ancienne galerie des portraits seigneuriaux du burg de Heppenheff. Cette galerie, qui était circulaire, se développait autour du grand donjon, et communiquait avec le reste du château par quatre...