ACTE IV - SCÈNE XV
LES MÊMES, IVAN TRILETZKI, puis SOFIA
(Entre Ivan Triletzki à demi vêtu d'une robe de chambre.)
NICOLAS TRILETZKI
Il ne manquait plus que lui !
IVAN TRILETZKI
Ma Sacha. Oh ! ma petite Sacha. (Il va à Platonov.)
Oh ! mon cher Mischa, mon très cher Michel, je t'implore. Au nom de l'Éternel et des Saints Esprits et de tous les Anges, va vers elle ! Tu es un homme sage, intelligent, noble, honnête, généreux. Retourne près d'elle ! Vite, dis-lui que tu l'aimes. Abandonne un instant tes belles dames romantiques, je t'implore. (S'agenouillant :)
Regarde, je suis à genoux ! Si elle meurt, je suis perdu pour toujours. Mischa, mon cher, viens lui dire que tu l'aimes, qu'elle est toujours ta femme ! Pour sauver quelqu'un, parfois il faut mentir ! Dieu sait que tu es un homme de bien, mais fais ce mensonge pour sauver quelqu'un qui t'est cher. Fais-moi cette charité, au nom du Christ. Je suis un vieil homme.
NICOLAS TRILETZKI
Père !
IVAN TRILETZKI
Ne te moque pas de moi, je suis un vieillard très fou, mais très bon. Plus de quatre-vingts ans, à une heure près !
PLATONOV (riant)
Très bien, colonel, relevez-vous ! Nous allons guérir votre enfant et nous boirons un verre ensemble.
IVAN TRILETZKI
Allons-y, mon noble ami ! Deux mots de toi et sa vie est sauvée. Aucun docteur ne saurait la guérir. C'est son âme qu'il faut sauver.
(Platonov s'affaisse sur le divan.)
NICOLAS TRILETZKI (éloignant son père)
Que vas-tu donc inventer ? Elle ne court plus aucun danger ! - Tu devrais avoir honte de venir dans cet accoutrement.
IVAN TRILETZKI (à Anna Petrovna)
Le courroux de Dieu vous poursuivra pour ce qui est survenu, madame. Vous avez commis des actes coupables. C'est un homme jeune et inexpérimenté. Tandis que vous, Diane au front de marbre…
NICOLAS TRILETZKI
Papa ! Sors !
IVAN TRILETZKI
Oui, oui.
(Triletzki pousse son père dans le couloir.)
NICOLAS TRILETZKI
Sors. (À Platonov :)
Et vous, avez-vous l'intention de m'accompagner, oui ou non ?
PLATONOV (tentant de se lever)
Oui, partons.
(Entre Sofia.)