VOINITZEV, SOFIA
VOINITZEV (au-dehors)
Oui, maman. - Je vais m'allonger… (Entrant et voyant Sofia :)
Toi… Ici ? Pourquoi ?
SOFIA
Je m'en vais…
(Elle s'éloigne.)
VOINITZEV (aussitôt)
Une minute, Sofia, je te prie.
SOFIA
Tu as quelque chose à me dire ?
VOINITZEV
Oui. (Un temps.)
Il y a une éternité que nous ne nous sommes pas trouvés dans cette pièce.
SOFIA
Oui. Une éternité.
VOINITZEV
Tu vas me quitter ?
SOFIA
Oui.
VOINITZEV
Bientôt ?
SOFIA
Aujourd'hui.
VOINITZEV
Avec lui ?
SOFIA
Oui.
VOINITZEV
La passion et le désespoir d'un autre, voilà de quoi fonder un solide bonheur.
SOFIA (vivement)
Tu voulais me dire quelque chose ?
VOINITZEV
Je regrette ce que j'ai pu faire ces derniers jours. J'ai prononcé des paroles blessantes, brutales : pardonne-moi.
SOFIA
Je te pardonne.
(Elle s'en va.)
VOINITZEV (divaguant légèrement)
Ne pars pas encore. Je ne t'ai pas tout dit. Je deviens fou, Sofia. Je ne suis pas assez fort pour supporter ce choc. Il me reste encore un petit coin clair dans l'esprit. Quand il s'éteindra, je serai perdu. Je sais, par exemple, que je me trouve dans mon bureau. Ce bureau a appartenu à mon père, Son Excellence le major-général Voinitzev, chevalier de Saint-Georges. Un homme grand et fier. Beaucoup l'ont calomnié, naturellement. Ils prétendaient que c'était un tyran, qu'il battait ses gens, qu'il les humiliait. Mais ce qu'il avait à supporter, lui, ils refusaient de le voir. (Au portrait :)
Puis-je vous présenter Sofia Egorovna, mon ex-épouse ? (Sofia essaie de partir, mais il la retient.)
Non, ne t'en va pas encore. Tu m'entendras jusqu'à la fin. Après tout, c'est la dernière fois.
SOFIA
Nous nous sommes tout dit. Et je sais parfaitement ce que je dois penser de moi-même.
VOINITZEV
Tu ne sais rien. Absolument rien. Sinon tu ne me regarderais pas de cette façon. (Il tombe à genoux et lui prend les mains.)
Sofia, pense à ce que tu fais… Aie pitié de moi, ne me quitte pas ! Regarde, je t'ai déjà pardonné. Je te donnerai le bonheur. J'en suis capable. Lui, ne t'apportera rien. Vous vous perdrez lui et toi. Tu vas détruire Platonov, Sofia ! Reste. Il viendra nous voir. Tu verras. Nous ne parlerons jamais du passé. Reste, je t'en supplie. Platonov sera d'accord avec moi. Il ne t'aime pas. Il t'a prise parce que tu t'es donnée à lui.
SOFIA
Où est-il ?
VOINITZEV (se levant)
Je ne sais pas.
SOFIA
Où est Platonov ?
VOINITZEV
Je lui ai donné un peu d'argent et il m'a promis de s'en aller.
SOFIA (presque défaillante)
Tu mens.
VOINITZEV
Non. Ne me crois pas, c'est un mensonge. Tu n'as eu que de bons rapports avec lui, n'est-ce pas ? Cela n'a pas été plus loin ?
SOFIA (froidement)
Je suis sa femme. Pourquoi me retenir ? Qu'espères-tu ?
(Elle s'élance pour sortir.)
VOINITZEV (l'attrapant et criant)
Tu es sa maîtresse et tu me parles avec cette insolence ?
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