ACTE PREMIER - Scène V
(MARCELINE, BARTHOLO, SUZANNE.)
SUZANNE(un bonnet de femme avec un large ruban dans la main, une robe de femme sur le bras.)
L'épouser, l'épouser ! Qui donc ? mon Figaro.?
MARCELINE(aigrement.)
Pourquoi non ? Vous l'épousez bien !
BARTHOLO(riant.)
Le bon argument de femme en colère ! Nous parlions, belle Suzon, du bonheur qu'il aura de vous posséder.
MARCELINE
Sans compter monseigneur, dont on ne parle pas.
SUZANNE(une révérence.)
Votre servante, madame ; il y a toujours quelque chose d'amer dans vos propos.
MARCELINE(une révérence.)
Bien la vôtre, madame. Où donc est l'amertume ? n'est-il pas juste qu'un libéral seigneur partage un peu la joie qu'il procure à ses gens ?
SUZANNE
Qu'il procure ?
MARCELINE
Oui, madame.
SUZANNE
Heureusement la jalousie de madame est aussi connue que ses droits sur Figaro sont légers.
MARCELINE
On eût pu les rendre plus forts en les cimentant à la façon de madame.
SUZANNE
Oh, cette façon, madame, est celle des dames savantes.
MARCELINE
Et l'enfant ne l'est pas du tout ! Innocente comme un vieux juge !
BARTHOLO(attirant Marceline.)
Adieu, jolie fiancée de notre Figaro.
MARCELINE(une révérence.)
L'accordée secrète de monseigneur.
SUZANNE(une révérence.)
Qui vous estime beaucoup, madame.
MARCELINE(une révérence.)
Me fera-t-elle aussi l'honneur de me chérir un peu, madame ?
SUZANNE(une révérence.)
À cet égard, madame n'a rien à désirer.
MARCELINE(une révérence.)
C'est une si jolie personne que madame !
SUZANNE(une révérence.)
Eh mais ! assez pour désoler madame.
MARCELINE(une révérence.)
Surtout bien respectable !
SUZANNE(une révérence.)
C'est aux duègnes à l'être.
MARCELINE(outrée.)
Aux duègnes ! aux duègnes !
BARTHOLO(l'arrêtant.)
Marceline.
MARCELINE
Allons, docteur, car je n'y tiendrais pas. Bonjour, madame.
(Une révérence.)