ACTE CINQUIÈME - Scène IX
(LE COMTE ENTRE PAR LE FOND DU THÉÂTRE, ET VA DROIT AU PAVILLON À SA DROITE; FIGARO, SUZANNE.)
LE COMTE(à lui-même.)
Je la cherche en vain dans le bois, elle est peut-être entrée ici.
SUZANNE(à Figaro. parlant bas.)
C'est lui.
LE COMTE( ouvrant le pavillon.)
Suzon, es-tu là dedans ?
FIGARO(bas.)
Il la cherche, et moi je croyais…
SUZANNE( bas.)
Il ne l'a pas reconnue.
FIGARO
Achevons-le, veux-tu ?
(Il lui baise la main.)
LE COMTE(se retourne.)
Un homme aux pieds de la comtesse !… Ah ! je suis sans armes.
(Il s'avance.)
FIGARO(se relève tout à fait en déguisant sa voix.)
Pardon, madame, si je n'ai pas réfléchi que ce rendez-vous ordinaire était destiné pour la noce.
LE COMTE(à part.)
C'est l'homme du cabinet de ce matin.
(Il se frappe le front.)
FIGARO(continue.)
Mais il ne sera pas dit qu'un obstacle aussi sot aura retardé nos plaisirs.
LE COMTE(à part.)
Massacre ! mort ! enfer !
FIGARO(la conduisant au cabinet. Bas.)
Il jure.(Haut.)
Pressons-nous donc, madame, et réparons le tort qu'on nous a fait tantôt, quand j'ai sauté par la fenêtre.
LE COMTE(à part.)
Ah ! tout se découvre enfin.
SUZANNE(près du pavillon à sa gauche.)
Avant d'entrer, voyez si personne n'a suivi.
(Il la baise au front.)
LE COMTE(s'écrie.)
Vengeance !
(Suzanne.s'enfuit dans le pavillon où sont entrés Fanchette, Marceline et Chérubin.)