(LE COMMISSAIRE M. PUNÈZ)
LE COMMISSAIRE
Bonjour, monsieur Punèz. Dites-moi, monsieur Punèz, savez-vous bien que votre service est fait comme par un cochon et que, si cela doit continuer, je me verrai contraint de demander au préfet votre révocation ou votre déplacement ? Cent fois, monsieur Punèz, cent fois, je vous ai ordonné de procéder le matin à un travail d'élimination de nature à simplifier le mien et à désencombrer, du coup, ma tâche, ma table, et ma pensée. Mais, ouat ! Je vous aurais chanté Femme sensible sur l'air de M. Malbrough, que le résultat serait le même. Voyez-moi plutôt ce courrier !
(Il prend une pièce au hasard de la main.)
"Plainte d'une servante contre son maître qui aurait tenté d'abuser d'elle." Qu'est-ce que j'ai à voir là-dedans ? Pas de suite à donner. Enlevez !
(Passant à une autre.)
Et ça !… "Plainte d'un particulier contre un cocher de fiacre qui l'aurait traité de pourriture !" Je m'en bats l'oeil ; est-ce que ça me regarde ?… Enlevez !
(Passant à une autre.)
Bon ! voilà un concierge qui a l'oreille paresseuse et un locataire qui se plaint d'être resté deux heures à sa porte, sous la pluie !… Qu'il s'en prenne au propriétaire. Espère-t-il que j'irai lui tirer le cordon ?… Enlevez !
(Passant à une autre.)
Et cette cuisinière qui réclame huit jours de gages ! Affaire de justice de paix. Enlevez encore ! Et cela aussi ! Et cela de même ! - En vérité, monsieur Punèz, je pense que vous êtes absorbé par l'amour ou que j'ai trop auguré de votre intelligence. Il faut en finir. Taisez-vous ! Je veux bien être bon enfant, mais j'entends ne pas être dupe. Que ce mot vous serve de leçon ! C'est d'ailleurs la dernière que vous recevrez de moi ; vous pouvez vous le tenir pour dit. Je vous salue, monsieur
Punèz.
M. PUNÈZ
(humble et souriant.)
Je suis d'origine espagnole. Mon nom se prononce Pougnèze.
(Il salue jusqu'à terre et sort.)
Georges CourtelineUne lettre chargéeSaynète(Représentée pour la première fois, sur la scène du Carillon, le 10 juin 1897.)PersonnagesLa Brige, Millanvoye.L'employé, Tervil.(La scène se passe à la Poste.)La Brige (le nez à...
L'huissierMonsieur Le substitut, j'ai l'honneur de vous présenter mes hommages.Le substitutBonjour, Loyal. Vous avez l'Officiel ?L'huissierNon, Monsieur Le substitut.Le substitutDepuis ce matin, je bats tous les kiosques de Paris; pas...
Théodore (sa voix, à la cantonade.)Ah çà; mais quel étage que je suis?… Bon sang de sort, en v'là une affaire!… j'sais pus quel étage que je suis!… Va falloir...
(La porte s'ouvre. Le garçon de bureau apparaît.)Le directeurC'est vous, Ovide ?OvideOui, monsieur le directeur.Le directeurEst-ce que M. Badin est venu ?OvideOui, monsieur le directeur.Le directeur (stupéfait)M. Badin est là...
LA BARONNEUn mot, je vous prie, monsieur de Brossarbourg, mon époux. Il faut enfin que je vous entretienne d'un petit incident d'une nature toute spéciale et sur lequel je me...