(LE COMMISSAIRE UN MONSIEUR)
LE COMMISSAIRE
(assis à son bureau.)
N'insistez donc pas, sacrebleu ! Je n'ai pas que vous à entendre.
LE MONSIEUR
Vous pouvez bien m'autoriser à porter une arme sur moi !
LE COMMISSAIRE
Non.
LE MONSIEUR
Qu'est-ce que ça vous fait ?
LE COMMISSAIRE
Ça me fait que je ne le veux pas.
LE MONSIEUR
Le quartier n'est pas sûr. Il est infesté de souteneurs qui bataillent entre eux toute la nuit et attaquent les passants pour les dévaliser. Or, la profession que j'exerce m'oblige à rentrer tard chez moi.
LE COMMISSAIRE
Exercez-en une autre.
LE MONSIEUR
Je veux bien. Trouvez-m'en une.
LE COMMISSAIRE
Vous voulez rire, j'imagine. Est-ce que vous vous croyez dans un bureau de placement ?
LE MONSIEUR
Et si on m'attaque, moi, cette nuit ?
LE COMMISSAIRE
Vous viendrez me le dire demain.
LE MONSIEUR
Et alors ?
LE COMMISSAIRE
Alors, mais seulement alors, je vous autoriserai à sortir avec un revolver sur vous.
LE MONSIEUR
En sorte que j'aurai le droit de défendre ma peau après qu'on me l'aura crevée ?
LE COMMISSAIRE
Oui.
LE MONSIEUR
Charmant !
LE COMMISSAIRE
En voilà assez. Aux ordres du gouvernement que j'ai l'honneur de servir, je suis ici pour appliquer les lois et non, comme vous semblez le croire, pour en discuter la sagesse. Si vous n'êtes pas content de nos institutions, changez-les.
LE MONSIEUR
Si ça tenait à moi !…
LE COMMISSAIRE
Hein ? Quoi ?… Un mot de plus, je vous fais empoigner ! A-t-on idée d'un ostrogoth pareil, qui vient semer la perturbation et faire le révolutionnaire jusque dans le commissariat !… Vous avez de la chance que je sois bon enfant.
(Le monsieur veut parler.)
En voilà assez, je vous dis ! Fichez-moi le camp, et que ça ne traîne pas, ou je vais vous faire voir de quel bois je me chauffe. Allez, allez !
(Sortie hâtive et épouvantée du monsieur.)
LE COMMISSAIRE
(seul.)
J'aurai l'oeil sur cet anarchiste.
(Le commissaire revient prendre, à sa table, la place qu'il y occupait au lever du rideau, attire à lui la pile de dossiers constituant le courrier du matin, et, rapidement, d'un coup d'oeil, il se renseigne sur la nature des affaires soumises à son arbitrage. - A la fin, geste impatienté. Il sonne. Un agent apparaît.)
LE COMMISSAIRE
Priez M. Punèz de venir me parler.
(Sortie du gardien de la paix, et, presque aussitôt, apparition de M. Punèz. Celui-ci est un homme d'une cinquantaine d'années, chétif, craintif, d'une misère brossée lamentable. Il ôte la toque de drap qui lui protégeait le chef, et s'avance en multipliant de très humbles salutations.)
Georges CourtelineUne lettre chargéeSaynète(Représentée pour la première fois, sur la scène du Carillon, le 10 juin 1897.)PersonnagesLa Brige, Millanvoye.L'employé, Tervil.(La scène se passe à la Poste.)La Brige (le nez à...
L'huissierMonsieur Le substitut, j'ai l'honneur de vous présenter mes hommages.Le substitutBonjour, Loyal. Vous avez l'Officiel ?L'huissierNon, Monsieur Le substitut.Le substitutDepuis ce matin, je bats tous les kiosques de Paris; pas...
Théodore (sa voix, à la cantonade.)Ah çà; mais quel étage que je suis?… Bon sang de sort, en v'là une affaire!… j'sais pus quel étage que je suis!… Va falloir...
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LA BARONNEUn mot, je vous prie, monsieur de Brossarbourg, mon époux. Il faut enfin que je vous entretienne d'un petit incident d'une nature toute spéciale et sur lequel je me...