(MONTAUDOIN, FERNANDE, JOSÉPHINE.)
FERNANDE
Eh bien, papa, tu ne m'embrasses pas !
MONTAUDOIN
Ah ! chère enfant, tu es la seule joie de ma vie… Quand je sens ton front pur… (Il va pour l'embrasser et s'arrête en apercevant Joséphine.)
Qu'est-ce que vous faites-là ? pourquoi
tremblez-vous ?
JOSÉPHINE
(troublée.)
Moi, monsieur ?
MONTAUDOIN
Quand une cuisinière a la conscience nette, elle ne tremble pas !… Vous fermez bien toutes les
portes ?
JOSÉPHINE
Oh ! oui, monsieur.
MONTAUDOIN
Qui est venu ce matin ?
JOSÉPHINE
Le porteur d'eau.
MONTAUDOIN
Le nouveau ?
JOSÉPHINE
Oui, monsieur ; il a l'air d'un brave homme ; il m'a dit : (Accent auvergnat.)
"Cherviteur, la
compagnie."
MONTAUDOIN
Oh ! je ne me laisse pas prendre à cet accent-là… on les croit Auvergnats, on laisse ses tiroirs
ouverts. Et après ?…
JOSÉPHINE
Après, il est venu le boulanger.
MONTAUDOIN
(soupçonneux.)
Ah ! il vient bien souvent, celui-là !
JOSÉPHINE
Dame !… tous les jours.
MONTAUDOIN
Tous les jours… c'est louche !
JOSÉPHINE
Si vous voulez manger du pain rassis, il ne viendra que toutes les semaines.
FERNANDE
Mais, papa, pourquoi toutes ces questions ?
MONTAUDOIN
Pourquoi ? Il ne te manque jamais d'argent à toi, Fernande ?
FERNANDE
Non, papa.
MONTAUDOIN
Ah ! et à vous, Joséphine, il ne vous manque jamais d'argent ?
JOSÉPHINE
Non, monsieur.
MONTAUDOIN
Ah ! vous êtes bien heureuse !
FERNANDE
Et à toi, est-ce qu'il t'en manque ?
MONTAUDOIN
À moi ? oui ! (Regardant Joséphine.)
Il y a dans cette maison une main invisible !… N'en parle
pas à ta mère : elle craint les voleurs. Une fois, j'ai voulu lui faire part de mes soupçons, elle a eu
une attaque de nerfs ; alors, depuis ce temps, je me concentre… tu comprends. Chut ! la voilà !
soyons gais !
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