(MONTAUDOIN PÉNURI, LEMARTOIS, MADAME MONTAUDOIN, FERNANDE, ISIDORE, INVITÉS)
LEMARTOIS
(paraissant.)
Voyons ! signe-t-on le contrat, oui ou non ?
MONTAUDOIN
Quand vous voudrez… nous vous attendions.
LEMARTOIS
(à la cantonade.)
Mesdames… messieurs… si vous voulez vous donner la peine d'entrer ?…
(Tout le monde entre.)
(Chœur)
(Air : Deux Aveugles)
Pas de dispute !
Si l'on discute
Et si l'on lutte,
C'est pour son bien !
Pas de dispute !
Hélas ! on lutte
Et l'on discute
Souvent pour rien !
(Chacun s'est placé pendant le chœur, toujours dans le même ordre.)
LEMARTOIS
(lisant.)
"Par-devant maître Lemartois…"
MONTAUDOIN
Oh ! passons ! nous connaissons ça !
ISIDORE
Arrivez à l'apport de la future.
LEMARTOIS
C'est contre tous les usages… mais si vous le désirez… (Lisant.)
"La future épouse apporte en
mariage et se constitue personnellement en dot une somme de quatre-vingt mille francs…"
MONTAUDOIN
Turlututu !
LEMARTOIS
Plaît-il ?
MONTAUDOIN
(assis.)
Turlututu ! Maintenant que je sais à quoi m'en tenir… ce serait trop bête !
TOUS
Quoi ?
ISIDORE
Mais, monsieur Montaudoin…
LEMARTOIS
Vous m'avez vous-même fait écrire sous votre dictée…
MONTAUDOIN
(allant au notaire.)
Donc, j'ai le droit de biffer, et je biffe !
(Il biffe le contrat.)
TOUS
Par exemple !
MADAME MONTAUDOIN
Mon ami !
LEMARTOIS
C'est incroyable ! Voyons ! que donnez-vous à votre fille ?
MONTAUDOIN
Rien du tout !
TOUS
Oh !
ISIDORE
Pas de dot !
PÉNURI
(à Montaudoin.)
Ce n'est pas assez ! Et s'il m'est permis de prendre la parole…
MONTAUDOIN
(à Pénuri.)
Après la noce, monsieur ! vous devriez rentrer sous terre.
PÉNURI
Moi ? pour quoi faire ?
MADAME MONTAUDOIN
(à son mari.)
Montaudoin, ce n'est pas sérieux !
MONTAUDOIN
(à sa femme.)
Vous aussi, rentrez sous terre.
ISIDORE
Tout était convenu… Et c'est au moment de signer le contrat…
MONTAUDOIN
Jeune homme ! il y a des secrets de famille qu'il faut savoir dérober au grand jour de la publicité !
Cependant, je reconnais que je vous dois une explication… Je vais la donner à ma fille… à elle
seule.
ISIDORE
(à madame Montaudoin.)
Cependant…
MONTAUDOIN
Laissez-nous, je vous prie…
LEMARTOIS
Encore !…
PÉNURI
(à part.)
Ce sont ses trente-sept sous qui lui portent à la tête !
LEMARTOIS
Monsieur, j'en suis à mon cent quatorzième contrat… et je n'ai jamais rien vu de semblable…
MONTAUDOIN
Entrez là, je vous prie ! C'est l'affaire d'une seconde !…
(CHŒUR)(Air d'Ambroise Thomas) (Vingt francs, s'il vous plaît)
Ah ! c'est bien étonnant !
Ah ! c'est bien surprenant !
Qui nous dira comment
Finira l'incident ?
(Tout le monde se retire, excepté Montaudoin et Fernande, toujours dans le même ordre.)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...