(PÉNURI ISIDORE.)
PÉNURI
(à lui-même.)
Je viens de manger un morceau… j'ai profité de cela pour interroger la bonne. (Souriant.)
Elle m'a
allongé une gifle : c'est une fille qui veut se marier.
ISIDORE
Monsieur Pénuri !
PÉNURI
Tiens ! c'est le marié ! Mon ami, vous devriez prendre quelque chose, ce contrat menace de se
prolonger.
ISIDORE
Il menace de ne pas se signer.
PÉNURI
Comment ?
ISIDORE
M. Montaudoin continue à ne pas vouloir doter sa fille.
PÉNURI
Ne m'en parlez pas ! je trouve ça d'un mesquin !
ISIDORE
Aussi nous avons compté sur vous… Fernande et moi… car nous vous aimons bien, allez !
PÉNURI
Merci, mes enfants… Soyez tranquille, je parlerai à Montaudoin.
ISIDORE
Oh ! c'est inutile ! il est buté !
PÉNURI
Alors, que puis-je faire ?
ISIDORE
Oh ! si vous le vouliez bien… car, après tout, vous n'avez pas d'enfant.
PÉNURI
Tiens, comment savez-vous ça ?
ISIDORE
Je m'en suis informé…
PÉNURI
Ah ! (À part.)
Il est curieux, ce petit !
ISIDORE
Et nous avons pensé, Fernande et moi… que vous pourriez peut-être…
PÉNURI
Quoi ?
ISIDORE
Remplacer cette dot qu'on refuse.
PÉNURI
Moi ? pourquoi cela ?
ISIDORE
(riant et finement.)
Dame ! c'est bien le moins.
PÉNURI
Moi, j'ai déjà donné treize mille cinq cent cinq francs et des vers.
ISIDORE
Oh ! qu'est-ce que c'est que ça ?
PÉNURI
Comment ! ce que c'est que ça ? (À part.)
Oh ! il est carottier, ce petit !
ISIDORE
Voyons, papa Pénuri, un bon mouvement.
PÉNURI
(passant.)
Fichez-moi la paix !
ISIDORE
Interrogez votre cœur… vos souvenirs… pensez à cette pauvre enfant.
PÉNURI
Tenez ! je donnerai les ronds de serviette… les voici… mais ne me demandez plus rien !
ISIDORE
(examinant les ronds.)
Ah !… c'est du plaqué !
PÉNURI
Tiens ! si vous croyez que je vais vous faire mariner dans l'argent massif ! Ah ! il ne faut pas être
demandeur comme ça, mon ami, c'est vilain !
ISIDORE
Il suffit, monsieur ! mais il y a des gens qui ont la faiblesse de faillir et qui n'ont pas la force de
réparer !
PÉNURI
Plaît-il ?
ISIDORE
(se dirigeant vers la porte de droite.)
Du plaqué ! oh ! fi !
(Il sort en emportant les ronds.)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...