ACTE III - Scène II
(LES MÊMES, UN HOMME)
L'HOMME (MASQUÉ)
Qu'on s'arrête !
Jour — et nuit !
Toute fête
Veut son bruit !
(Tous les convives s'arrêtent épouvantés. L'homme jette son manteau et paraît)
L'HOMME
Je suis Sicca ! Je suis Sicca ! Sicca !
ROUGET
Mensonge !
Vous, Sicca ! Vision !
(A part.)
C'est un fou !
(Haut)
Quelque songe
Vous a troublé le cerveau.
SICCA
Je suis Sicca ! Je suis Sicca !
ROUGET
C'est peu nouveau :
Vous venez de le dire ; et, si je ne me trompe,
Voilà dix ans qu'au pied de cette immense pompe
Gît Sicca…
SICCA
Gît Roupias ! — Je suis Sicca, messieurs !
Sicca l'Antliaclaste est vivant, et ces lieux
En recevront bientôt une preuve, j'espère !
ROUGET (à part.)
Après tout, à quoi bon lui prouver le contraire ?
C'est un fou.
(Haut.)
Mon ami, nous donnons aujourd'hui
Un festin splendide ; et, si vous voulez en être…
SICCA
Oui, je partagerai votre festin, oui.
(Il s'assied avec les pompiers)
(A part.)
Votre plaisir sera bientôt évanoui.
(Pigeaux ouvre le paquet. Sicca y plonge la main, et en tire un squelette humain qu'il jette sur la table au milieu des plats)
TOUS
Un squelette !
SICCA
Celui de Roupias le traître.
Il a voulu me perdre et lui s'est perdu.
(On entend un craquement et la table se renverse. La plate-forme s'incline)
Mais
C'est en creusant la terre au pied de cette pompe
Que j'ai trouvé son corps.
(Nouveau craquement.)
Êtes-vous satisfaits ?
(Craquements répétés plus forts que les autres.)
SICCA
La terre est minée, et tout s'écroule !
TOUS
Il nous trompe !
(Craquements de plus en plus forts.)
SICCA
Je me perds et je perds la pompe !
(Craquement encore plus fort.)
Écoutez ce bruit !
Au jour radieux succède la nuit !
Toute fête
Veut son bruit !
(Tout s'écroule. Les pompiers poussent un grand cri)
(FIN DES ANTLIACLASTES)