Épilogue

Dix années se sont écoulées.

M. Martelly s’est retiré dans une villa qu’il a fait construire sur les rochers d’Endoume. Il vit au fond de cette retraite en compagnie de sa sœur. Sa seule tristesse est de voir que la liberté est une plante qui pousse mal en France ; il sait qu’il mourra sans avoir assisté à l’avènement de la démocratie.

Marius lui a succédé, dans les bureaux de la rue de la Darse. Grâce à l’héritage recueilli par Joseph, à la mort de sa mère et de M. de Cazalis, il a pu donner à ses affaires une extension considérable. Les armateurs Cayol ont, à cette heure, une des plus grandes maisons de Marseille.

Le ménage a vieilli dans son amour et dans son bonheur si longtemps attendu. Fine répand autour d’elle sa sérénité gaie et attendrie. Son frère, Cadet, est un des associés les plus actifs de la maison.

Quant à Joseph, c’est aujourd’hui un grand garçon de dix-neuf ans, qui a la beauté délicate de Blanche et l’énergie passionnée de Philippe. Il vient de terminer ses études et compte travailler avec son oncle, auquel il a confié le soin de gérer sa fortune.

Parfois, le soir, lorsque la famille est réunie, on parle du passé. Les chers fantômes de Blanche et de Philippe sont évoqués ; mais les larmes que l’on répand alors n’ont rien d’amer. La paix est venue, et les souvenirs prennent la douceur d’un chant triste et lointain.

Chaque année, Joseph va à Lambesc ouvrir la chasse avec M. de Girousse. Le comte est bien vieux, mais il a encore l’esprit vif et original de sa jeunesse. D’ailleurs, il ne s’ennuie plus, il s’est décidé à créer une grande usine.

— Ah ! dit-il souvent au jeune homme, si vous entendiez la noblesse du département parler de moi ! Je suis un jacobin, je me suis mésallié en épousant l’industrie… Voyez-vous, je regrette de n’être pas né ouvrier, car je n’aurais pas passé cinquante ans de ma vie à traîner dans ce coin de la France une existence vide et inutile.

Mais le grand ami de Joseph est le digne Sauvaire. L’ancien maître portefaix, perdu de rhumatismes, a gardé ses allures triomphantes. Les jours de soleil, il va encore promener sa vanité sur la Cannebière ; et il croit de bonne foi que toutes les filles qui passent tombent subitement amoureuses de lui.

Joseph lui paraît être un garçon bien trop raisonnable.

— Voyez-vous, lui dit-il en s’appuyant sur son bras, il faut s’amuser en cette vie. De mon temps, on riait du matin au soir. Ah ! bon Dieu ! en ai-je fait de ces parties fines ! J’ai eu pour maîtresses toutes les jolies femmes de la ville. Demandez à votre oncle. Parlez-lui de Clairon. Voilà une femme qui m’a coûté de l’argent !

Et il ajoute, à voix plus basse, cette phrase qu’il aime à répéter :

— Ce sont les prêtres qui me l’ont prise.

FIN


Préface
Première partie
Comme quoi Blanche de Cazalis s’enfuit avec Philippe Cayol
Où l’on fait connaissance du héros, Marius Cayol
Il y a des valets dans l’église
Comment M. de Cazalis vengea le déshonneur de sa nièce
Où Blanche fait six lieues à pied et voit passer une procession
La chasse aux amours
Où Blanche suit l’exemple de Saint Pierre
Le pot de fer et le pot de terre
Où M. de Girousse fait des cancans
Un procès scandaleux
Où Blanche et Fine se trouvent face à face
Qui prouve que le cœur d’un geôlier n’est pas toujours de pierre
Une faillite comme on en voit beaucoup
Qui prouve que l’on peut dépenser trente mille francs par an et n’en gagner que dix-huit cents
Où Philippe refuse de se sauver
Messieurs les usuriers
Deux profils honteux
Où luit un rayon d’espérance
Un sursis
Deuxième partie
Le sieur Sauvaire, maître Portefaix
Une lorette marseillaise
Où la dame Mercier montre ses griffes
Qui prouve que le métier de lorette a ses petits ennuis
Le notaire Douglas
Où Marius cherche inutilement une maison et un homme
Où l’on voit que l’habit ne fait pas le moine
Les spéculations du notaire Douglas
Comme quoi un homme laid peut devenir beau
Où les hostilités recommencent
Une exposition publique à Marseille
Où Marius perd la tête
Les tripots marseillais
Où Marius gagne dix mille francs
Comme quoi Marius eut du sang sur les mains
Le paroissien de mademoiselle Claire
Où Sauvaire se promet de rire pour son argent
Comme quoi l’abbé Donadéi enleva l’âme sœur de son âme
La rançon de Philippe
L’évasion
Troisième partie
Le complot
Le plan de M. de Cazalis
Où l’on voit les effets d’un bout de chiffon blanc
Comme quoi M. de Cazalis faillit perdre la tête en perdant son petit-neveu
Où Blanche dit adieu au monde
Un revenant
Où M. de Cazalis veut embrasser son petit-neveu
Le jardinier Ayasse
Grâce ! Grâce !
Février 1848
Où Mathéus se fait républicain
La république à Marseille
La stratégie de Mathéus
L’émeute
Où Mathéus achève de tout gâter
Les barricades de la place aux Œufs
Ce que le prévoyant Mathéus n’avait pas prévu
L’attaque
Où Mathéus tient enfin Joseph dans ses bras
Comme quoi l’insurgé Philippe tira un dernier coup de feu
Le duel
Le châtiment
Épilogue

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