Le Docteur Pascal est le dernier roman de la série des Rougon-Macquart d'Émile Zola, publié en 1893. L'histoire se déroule dans le contexte de la fin du XIXe siècle en France, au sein de la famille Rougon-Macquart, une lignée dont les membres illustrent le naturalisme et les différentes facettes de la société. Le personnage principal, le docteur Pascal Rougon, est un médecin qui consacre sa vie à la recherche scientifique et à la compréhension des héritages génétiques de sa famille, symbolisant les luttes entre l'hérédité et l'environnement. Son travail est marqué par un désir profond de décoder les mystères de la transmission des maladies et des comportements, reflet de la lutte de l'individu face au poids de ses origines.
Au fil du récit, Pascal s'occupe de sa vieille tante, la fameuse élève de l'histoire familiale, qui incarne le déclin et les excès des membres de la famille. Dans le même temps, il développe une relation complexe avec Clotilde, sa demi-sœur, qui représente l'espoir et une certaine forme de rédemption au sein des souffrances familiales. Leur liaison amoureuse est teintée de doutes et de tensions, car ils tentent de naviguer entre leurs sentiments et leur héritage complexe. La dynamique entre Pascal et Clotilde permet à Zola d'explorer les thèmes de l'amour, du désir et des conséquences de la transmission héréditaire, tout en ancrant les personnages dans une réalité sociale et scientifique.
L’œuvre aborde également des questions philosophiques et scientifiques. Le docteur Pascal est en quête de vérités qui transcendent les malheurs de sa lignée, cherchant des réponses à la manière dont les traits et les tendances se transmettent de génération en génération. Son combat intellectuel se confronte à la pessimisme de son environnement et à la fatalité qui semble peser sur sa famille. Zola met en avant le réalisme des pensées de Pascal tout en révélant le poids du passé qui l'accompagne constamment. Les réflexions du personnage sur l'évolution, la biologie et les sciences sociales s'entrelacent avec les événements de leur vie quotidienne, incarnant la défiance de l'auteur envers l'idée que l'hérédité soit inéluctable.
Chapitre I
Extrait
Dans la chaleur de l’ardente après-midi de juillet, la salle, aux volets soigneusement clos, était pleine d’un grand calme. Il ne venait, des trois fenêtres, que de minces flèches de lumière, par les fentes des vieilles boiseries ; et c’était,...
Chapitre II
Extrait
Le lendemain matin, Clotilde, dès six heures, se réveilla. Elle s’était mise au lit fâchée avec Pascal, ils se boudaient. Et son premier sentiment fut un malaise, un chagrin sourd, le besoin immédiat de se réconcilier, pour ne pas garder...
Chapitre III
Extrait
Pendant un mois, le malaise empira, et Clotilde souffrait surtout de voir que Pascal fermait les tiroirs à clef, maintenant. Il n’avait plus en elle la tranquille confiance de jadis, elle en était blessée, à un tel point, que, si...
Chapitre IV
Extrait
Huit jours plus tard, la maison était retombée au malaise. Pascal et Clotilde, de nouveau, restaient des après-midi entières à se bouder ; et il y avait des sautes continuelles d’humeurs. Martine elle-même vivait irritée. Le ménage à trois devenait...
Chapitre V
Extrait
Un instant, Pascal regarda les dossiers, dont l’amas semblait énorme, ainsi jeté au hasard sur la longue table, qui occupait le milieu de la salle de travail. Dans le pêle-mêle, plusieurs des chemises de fort papier bleu s’étaient ouvertes, et...
Chapitre VI
Extrait
Des jours s’écoulèrent. Octobre fut d’abord splendide, un automne ardent, une chaude passion d’été dans une maturité large, sans un nuage au ciel ; puis, le temps se gâta, des vents terribles soufflèrent, un dernier orage ravina les pentes. Et,...
Chapitre VII
Extrait
Ce jour-là, en arrivant à la Souleiade, la vieille madame Rougon aperçut Martine dans le potager, en train de planter des poireaux ; et, profitant de la circonstance, elle se dirigea vers la servante, pour causer et tirer d’elle des...
Chapitre VIII
Extrait
Alors, ce fut la possession heureuse, l’idylle heureuse. Clotilde était le renouveau qui arrivait à Pascal sur le tard, au déclin de l’âge. Elle lui apportait du soleil et des fleurs, plein sa robe d’amante ; et, cette jeunesse, elle...
Chapitre IX
Extrait
Par la ville et par les campagnes environnantes, le docteur Pascal continuait donc ses visites de médecin. Et, presque toujours, il avait au bras Clotilde, qui entrait avec lui chez les pauvres gens.Mais, comme il le lui avait avoué très...
Chapitre X
Extrait
Martine, un matin, comme tous les trimestres, se fit donner par le docteur Pascal un reçu de quinze cents francs, pour aller toucher ce qu’elle appelait « leurs rentes », chez le notaire Grandguillot. Il parut surpris que l’échéance fût...
Chapitre XI
Extrait
Mais, dès la nuit suivante, l’insomnie inquiète revint. Ni Pascal ni Clotilde ne se disaient leur peine ; et, dans les ténèbres de la chambre attristée, ils restaient des heures côte à côte, feignant de dormir, songeant tous les deux...
Chapitre XII
Extrait
Dès le lendemain, Pascal s’enferma au fond de la grande maison vide. Il n’en sortit plus, cessa complètement les rares visites de médecin qu’il faisait encore, vécut là, portes et fenêtres closes, dans une solitude et un silence absolus. Et...
Chapitre XIII
Extrait
Ce fut seulement après le déjeuner, vers une heure, que Clotilde reçut la dépêche de Pascal. Elle était justement, ce jour-là, boudée par son frère Maxime, qui lui faisait sentir, avec une dureté croissante, ses caprices et ses colères de...
Chapitre XIV
Extrait
Dans la salle de travail, Clotilde reboutonna son corsage, tenant encore, sur les genoux, son enfant, à qui elle venait de donner le sein. C’était après le déjeuner, vers trois heures, par une éclatante journée de la fin du mois...
