Le Vœu d'une morte est une œuvre d'Émile Zola qui s'inscrit dans le cycle des Rougon-Macquart. Ce récit aborde la thématique de la mort et de l'au-delà, tout en explorant les conséquences des désirs inassouvis et des promesses faites. L'histoire se déroule dans un contexte où les croyances populaires et les superstitions jouent un rôle central. Zola brosse un portrait de la société française du 19e siècle, avec ses tensions sociales et ses conflits moraux.
Le personnage principal, une femme décédée, est le vecteur d'une réflexion sur la vie, les choix faits, ainsi que sur le sentiment de culpabilité qui peut peser sur les vivants. À travers son vœu, elle interroge les valeurs de loyauté et d'amour, mais également les enjeux de la mémoire et du souvenir. La tension entre le monde des vivants et celui des morts est palpable, et Zola met en lumière les différentes façons dont les personnages réagissent face à la mort et au deuil.
L'œuvre illustre également le mouvement naturaliste de Zola, où l'auteur se concentre sur les conditions sociales et psychologiques qui influencent le comportement des individu. Les émotions humanisées et les motivations des personnages rendent l'intrigue à la fois complexe et touchante. En exposant les luttes internes des protagonistes, Zola nous invite à considérer la fragilité de l'existence humaine et l'impact des choix individuels sur les autres. Les thèmes de la fatalité et de l'hérédité, chers à Zola, amènent le lecteur à réfléchir sur la nature cyclique de la vie et des décisions, tout en conservant une portée universelle sur l'expérience humaine.
Prélude
Extrait
Vers la fin de 1831, on lisait le fait-divers suivant dans le Sémaphore, de Marseille :Un incendie a dévoré hier soir plusieurs maisons du petit village de Saint-Henri. La lueur des flammes, qui se reflétaient toutes rouges dans la mer,...
Chapitre I
Extrait
La chambre se trouvait à peine éclairée par la clarté pâle du crépuscule. Les rideaux des fenêtres, à demi écartés, laissaient voir les branches hautes des arbres, que rougissaient les derniers rayons du soleil. En bas, sur le boulevard des...
Chapitre II
Extrait
Blanche était née dans le Midi, près de Marseille. À vingt-trois ans, elle avait épousé M. de Rionne. C’était une âme noble, ayant la prescience des misères de ce monde et s’étant fait une règle de conduite droite et fière....
Chapitre III
Extrait
Vers le matin, Daniel remonta dans sa chambre.Ce grand garçon de dix-huit ans avait le cœur d’un enfant. Les circonstances particulières dans lesquelles il se trouvait, avaient exalté ses facultés aimantes. Il se rendait ridicule de jeunesse, de dévouement et...
Chapitre IV
Extrait
La grille de l'hôtel en se refermant derrière Daniel, eut un grincement sourd. Il regarda autour de lui, sans rien voir, puis se mit à marcher, la tête basse, tout à sa rêverie, ne sachant où le conduisaient ses pas.Il...
Chapitre V
Extrait
Le lendemain, Georges présentait Daniel à une sorte d’auteur-éditeur pour lequel il travaillait, et le faisait admettre comme collaborateur à un dictionnaire encyclopédique qui occupait une trentaine de jeunes gens. On était là, pour ainsi dire, à titre de commis...
Chapitre VI
Extrait
Douze ans se passèrent.La vie de Daniel, pendant ce long espace de temps, fut sans histoire. Les jours se succédaient, tranquilles et égaux, et, lorsque ses souvenirs s’éveillaient, les années lui paraissaient des mois. Il vécut en lui, s’isolant, se...
Chapitre VII
Extrait
Un matin, Daniel alla rue d’Amsterdam, et, lorsqu’il rentra le soir, il déclara à Georges qu’il partait le lendemain, pour toujours peut-être.Il avait appris dans la journée que Jeanne était sortie définitivement du couvent et qu’elle habitait chez sa tante....
Chapitre VIII
Extrait
Le lendemain, Daniel était installé chez M. Tellier. Il occupait, au quatrième étage, une chambre assez vaste, dont la fenêtre s’ouvrait dans un angle du corps de logis donnant sur la cour.Il devait travailler le matin, de huit heures à...
Chapitre IX
Extrait
Depuis la soirée où il l’avait fait pleurer, Daniel exista pour Jeanne. Elle sentait qu’il y avait en lui un être différent de ceux qui l’entouraient. À vrai dire, il la repoussait plus qu’il ne l’attirait. Ce jeune homme grave...
Chapitre X
Extrait
La propriété de M. Tellier, le Mesnil-Rouge, comme on la nommait, s’étendait sur la pente douce d’un coteau qui descendait vers la Seine. L’habitation était une de ces grandes demeures irrégulières, auxquelles chaque propriétaire ajoute un corps de logis, et...
Chapitre XI
Extrait
Lorin se consultait avec anxiété depuis près de dix mois, pour savoir s’il devait épouser Jeanne. C’était de la sorte que cet homme habile commettait ses grosses folies.Il n’était pas précisément amoureux. La jeune fille l’avait plutôt surpris et étourdi...
Chapitre XII
Extrait
En arrivant à Paris, Daniel descendit chez Georges.— Toi ! s’écria son ami, qui ne s’attendait pas à le voir.Et il le reçut comme un enfant prodigue, avec mille bonnes amitiés et une joie profonde.Il n’osait l’interroger, craignant d’apprendre un...
Chapitre XIII
Extrait
Daniel écrivait à Jeanne :« Pardonnez-moi, je ne puis me taire, il faut que je vide mon cœur. Vous ne me connaîtrez jamais. C’est ici l’aveu d’un inconnu qui est lâche, qui n’a pas le courage de vous aimer sans...
Chapitre XIV
Extrait
Lorsque Daniel ne fut plus là, Georges, sans se l’avouer, respira plus librement. Il se trouvait seul avec son amour, seul avec Jeanne ; et il lui semblait qu’il était à la fois son amant et son frère, maintenant qu’elle...
