Les Chemins de fer
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ACTE IV - SCÈNE VII

Eugène Labiche

ACTE IV - SCÈNE VII


GINGINET, COURTEVOIL, endormi.

GINGINET
(s'habillant. )
Ah ça ! est-ce qu'il va s'accrocher à nous jusqu'à la Saint-Sylvestre?…
Évidemment, c'est pour ma femme… il l'a embrassée… dans le buffet… Si je pouvais lui faire manquer le train ! (Trouvant un pantalon sur une chaise.)
Son pantalon ! si j'y faisais un petit accroc… (Il tire dessus et le déchire.)
Ce n'est pas assez, il faut qu'on ne puisse pas le raccommoder avant le départ du train… élargissons … (Il tire de nouveau sur le pantalon, qui se déchire en deux.)
Ah ! saprelotte ! j'ai trop tiré… Il va s'en apercevoir. (Examinant le pantalon et poussant un cri.)
Ah ! mon Dieu ! c'est le mien ! (Il regarde COURTEVOIL avec effroi, et répète tout bas.)
C'est le mien !… je me suis trompé… Comment faire? Bah ! je vais prendre le sien… et lui laisser celui-là !…

COURTEVOIL
(rêvant. )
Formez les faisceaux !

GINGINET
(se sauve derrière les rideaux, et passe le pantalon. )
II est un peu juste… il n'a aucune ampleur, ce garçon-là… et ça veut plaire… Maintenant… mon habit… (Tout en s'habillant.)
Tiens ! je me rappelle que j'ai laissé aussi mon mouchoir sous le traversin… C'est ennuyeux, parce que ça décomplète la douzaine… (S'approchant du lit.)
Voyons donc, si je pouvais…

COURTEVOIL
(rêvant. )
Sentinelle, prenez garde à vous !

GINGINET
Non, je n'ose pas ! Ah ! bah ! pour un mouchoir.


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