La Bête humaine est un roman d’Émile Zola, publié en 1890, qui s’inscrit dans le cycle des Rougon-Macquart. L’histoire se déroule principalement sur les chemins de fer français, un symbole puissant de la modernité de l’époque. Le personnage central, Jacques Lantier, est un conducteur de train qui lutte contre ses pulsions meurtrières. Ce conflit interne le place en proie à une profonde anxiété, exacerbée par ses réflexions sur le mal et la violence inhérente à la nature humaine.
Le récit met en lumière les relations complexes entre les personnages, notamment avec la femme qu’il aime, Séverine, et son mari, Roubaud, qui cache un sombre secret. Lantier et Roubaud s’entremêlent dans un drame passionnel, où la jalousie, la trahison et la fatalité s’entrelacent pour créer une tension palpable. La manipulation et la traîtrise sont également des thèmes omniprésents, tandis que la vie des cheminots se dévoile dans toute sa dureté, représentant une classe sociale souvent exploitée.
Zola, avec son style naturaliste, explore les influences du milieu social et des instincts sur le comportement humain. Les personnages semblent souvent incapables d’échapper au déterminisme de leur naissance et de leur environnement. Les tragédies qui s’ensuivent sont le résultat d'actions impulsives guidées par des instincts fondamentaux, illustrant la thèse de Zola sur l'animalité qui sommeille en chacun.
Chapitre I
Extrait
En entrant dans la chambre, Roubaud posa sur la table le pain d’une livre, le pâté et la bouteille de vin blanc. Mais, le matin, avant de descendre à son poste, la mère Victoire avait dû couvrir le feu de...
Chapitre II
Extrait
À la Croix-de-Maufras, dans un jardin que le chemin de fer a coupé, la maison est posée de biais, si près de la voie, que tous les trains qui passent l’ébranlent ; et un voyage suffit pour l’emporter dans sa...
Chapitre III
Extrait
Le lendemain, un dimanche, cinq heures du matin venaient de sonner à tous les clochers du Havre, lorsque Roubaud descendit sous la marquise de la gare, pour prendre son service. Il faisait encore nuit noire ; mais le vent, qui...
Chapitre IV
Extrait
Ce jour-là, dans la seconde semaine de mars, M. Denizet, le juge d’instruction, avait mandé de nouveau à son cabinet, au Palais de Justice de Rouen, certains témoins importants de l’affaire Grandmorin.Depuis trois semaines, cette affaire faisait un bruit énorme....
Chapitre V
Extrait
À onze heures quinze, l’heure précise, le poste du pont de l’Europe signala, des deux sons de trompe réglementaires, l’express du Havre, qui débouchait du tunnel des Batignolles ; et bientôt les plaques tournantes furent secouées, le train entra en...
Chapitre VI
Extrait
Un mois se passa, et un grand calme s’était fait de nouveau dans le logement que les Roubaud occupaient au premier étage de la gare, au-dessus des salles d’attente. Chez eux, chez leurs voisins de couloir, parmi ce petit monde...
Chapitre VII
Extrait
Ce vendredi-là, les voyageurs qui devaient, au Havre, prendre l’express de six heures quarante, eurent à leur réveil un cri de surprise : la neige tombait depuis minuit, en flocons si drus, si gros, qu’il y en avait dans les...
Chapitre VIII
Extrait
À Paris le train n’entra en gare qu’à dix heures quarante du soir. Il y avait eu un arrêt de vingt minutes à Rouen, pour donner aux voyageurs le temps de dîner ; et Séverine s’était empressée d’envoyer une dépêche...
Chapitre IX
Extrait
Au Havre, dès les jours suivants, Jacques et Séverine se montrèrent d’une grande prudence, pris d’inquiétude. Puisque Roubaud savait tout, n’allait-il pas les guetter, les surprendre, pour se venger d’eux, dans un éclat ? Ils se rappelaient ses emportements jaloux...
Chapitre X
Extrait
Tante Phasie était morte, le jeudi soir, à neuf heures, dans une dernière convulsion ; et, vainement, Misard, qui attendait près de son lit, avait essayé de lui fermer les paupières : les yeux obstinés restaient ouverts, la tête s’était...
Chapitre XI
Extrait
C’était dans la grande chambre à coucher de la Croix-de-Maufras, la chambre tendue de damas rouge, dont les deux hautes fenêtres donnaient sur la ligne du chemin de fer, à quelques mètres. Du lit, un vieux lit à colonnes, placé...
Chapitre XII
Extrait
Trois mois plus tard, par une tiède nuit de juin, Jacques conduisait l’express du Havre, parti de Paris à six heures trente. Sa nouvelle machine, la machine 608, toute neuve, dont il avait le pucelage, disait-il, et qu’il commençait à...
