Le Rêve d’Émile Zola est un roman qui explore la vie d'une jeune fille, Christine, qui aspire à un monde idéal et à une existence empreinte de beauté et de bonheur. Christine est la fille d'un marchand de fleurs et elle vit dans un univers où l'art et le rêve occupent une place centrale. La passion de la jeune femme pour la peinture et son désir d'échapper à la banalité de la vie quotidienne la conduisent à imaginer un avenir radieux, loin des dures réalités de son existence.
Au fil du récit, Christine developpe une vision presque utopique de l’amour et de la vie, se liant à un homme, qui représente pour elle l’accession à un monde de rêves et de fantastique. Ce personnage incarne une affection sincère, mais leur relation est également marquée par des obstacles, notamment la pression sociale et les attentes familiales qui pèsent sur la jeune femme. Zola illustre ici les conflits internes et les contradictions entre les aspirations personnelles et les contraintes imposées par la société.
Le rêve de Christine est également amplifié par l'environnement artistique dans lequel elle évolue. Zola, connu pour son naturalisme, parvient ici à mêler réalisme et éléments oniriques, donnant vie à un univers où le monde extérieur contraste avec les aspirations intérieures de son héroïne. Le récit est parsemé de moments de poésie et de contemplation, où Christine se perd dans ses pensées et ses désirs, reflétant ses luttes internes face à son destin.
Les thèmes de la beauté, de l'art et de la quête de soi sont omniprésents dans l'œuvre. Christine voit dans la beauté un refuge, un moyen de transcender son existence et de se rapprocher de ce qu’elle considère comme une vie pleinement vécue. Cette recherche de l’esthétique, symbolisée par son rêve, est constamment mise à l’épreuve par la rudesse du monde qui l’entoure, et Zola réussit à dépeindre avec finesse ces tensions entre rêve et réalité.
Chapitre I
Extrait
Pendant le rude hiver de 1860, l’Oise gela, de grandes neiges couvrirent les plaines de la basse Picardie ; et il en vint surtout une bourrasque du nord-est, qui ensevelit presque Beaumont, le jour de la Noël. La neige, s’étant...
Chapitre II
Extrait
Beaumont est fait de deux villes complètement séparées et distinctes : Beaumont-l’Église, sur la hauteur, avec sa vieille cathédrale du douzième siècle, son évêché qui date seulement du dix-septième, ses mille âmes à peine, serrées, étouffées au fond de ses...
Chapitre III
Extrait
Cette année-là, le lundi de la Pentecôte, les Hubert avaient mené Angélique déjeuner aux ruines du château d’Hautecœur, qui domine le Ligneul, à deux lieues en aval de Beaumont ; et, le lendemain, après toute cette journée de plein air,...
Chapitre IV
Extrait
Malgré sa gaieté vivace, Angélique aimait la solitude ; et c’était avec la joie d’une véritable récréation qu’elle se retrouvait seule dans sa chambre, le matin et le soir : elle s’y abandonnait, elle y goûtait l’escapade de ses songeries....
Chapitre V
Extrait
C’était une affaire, tous les trois mois, lorsque Hubertine coulait la lessive. On louait une femme, la mère Gabet ; pendant quatre jours, les broderies en étaient oubliées ; et Angélique elle-même s’en mêlait, se faisait ensuite une récréation du...
Chapitre VI
Extrait
Pendant deux jours, Angélique fut accablée de remords. Dès qu’elle était seule, elle pleurait, comme si elle eût commis une faute. Et la question, d’une obscurité alarmante, renaissait toujours : avait-elle péché avec ce jeune homme ? était-elle perdue, ainsi...
Chapitre VII
Extrait
Le soir du même jour, tout de suite en sortant de table, Angélique se plaignit d’un grand malaise et remonta dans sa chambre. Ses émotions de la matinée, ses luttes contre elle-même, l’avaient anéantie. Elle se coucha immédiatement, elle éclata...
Chapitre VIII
Extrait
Le lendemain, en s’éveillant d’un sommeil de huit heures, d’un de ces doux et profonds sommeils qui reposent des grandes félicités, Angélique courut à sa fenêtre. Le ciel était très pur, le temps chaud continuait, après un gros orage qui...
Chapitre IX
Extrait
Le soir même, en rentrant de l’église, Angélique pensait : « Je le verrai tout à l’heure : il sera dans le Clos-Marie, et je descendrai le retrouver. » Leurs yeux s’étaient donné ce rendez-vous.On ne dîna qu’à huit heures,...
Chapitre X
Extrait
Le matin, à sept heures, comme de coutume, Angélique était au travail ; et les jours se suivirent, et chaque matin elle se remit, très calme, à la chasuble quittée la veille. Rien ne semblait changé, elle tenait strictement sa...
Chapitre XI
Extrait
Dès le soir, dans la cuisine, en sortant de table, Angélique se confessa aux Hubert, dit sa démarche près de l’évêque et le refus de celui-ci. Elle était toute pâle, mais très calme.Hubert fut bouleversé. Eh quoi ! déjà, sa...
Chapitre XII
Extrait
Cette nuit-là, Angélique ne put dormir. Une insomnie la tenait les paupières ardentes, dans l’extrême faiblesse où elle était ; et, comme les Hubert s’étaient couchés et que minuit allait sonner bientôt, elle préféra se relever, malgré l’effort immense, prise...
Chapitre XIII
Extrait
Angélique allait mourir. Il était dix heures, une claire matinée de la fin de l’hiver, un temps vif, avec un ciel blanc, tout égayé de soleil. Dans le grand lit royal, drapé d’une ancienne perse rose, elle ne bougeait plus,...
Chapitre XIV
Extrait
Le mariage fut fixé aux premiers jours de mars. Mais Angélique restait très faible, malgré la joie qui rayonnait de toute sa personne. Elle avait d’abord voulu redescendre à l’atelier, dés la première semaine de sa convalescence, s’entêtant à finir...
