LES MEMES, ADELE; puis TRONQUOY.
ADELE (entrant.)
Je viens d'arranger mon dessert.
FOURCHEVIF (bas à LA BARONNE.)
Je vais l'interroger adroitement. (Haut.)
Approche, Adèle, nous avons à te parler.
ADELE
A moi, papa?
LA BARONNE
Oui, mon enfant.
FOURCHEVIF
Réponds-moi franchement. Qu'est-ce que tu penses de M. Jules Dandrin !
ADELE
Mais dame, papa…
FOURCHEVIF
Tu vas me dire qu'il n'est pas noble, c'est un malheur sans doute.
ADELE
Ah! ça, ça m'est bien égal!
LA BARONNE
Hein?
FOURCHEVIF (à part.)
Elle a du sang des Potard!
LA BARONNE
Ma fille, il ne faut pas dire cela.
FOURCHEVIF
Non, il ne faut pas dire cela… devant le monde… D'ailleurs, M. Dandrin mettra l'apostrophe, c'est convenu.
ADELE
L'apostrophe! pour quoi faire?
FOURCHEVIF
Eh bien, pour t'épouser, car il te demande en mariage.
ADELE (avec joie.)
Ah!
LA BARONNE (à part.)
Il appelle ça l'interroger adroitement.
FOURCHEVIF
Maintenant, donne-moi ton opinion.
ADELE
Mon Dieu! vous me voyez très embarrassée… je ferai toujours vos volontés… et celles de maman; et, puisque vous me forcez…
FOURCHEVIF
Nous ne te forçons pas, remarque que nous ne te forçons pas.
ADELE
Puisque vous me forcez à vous dire mon sentiment sur M. Jules…
FOURCHEVIF
Ah!
ADELE
Que j'ai à peine entrevu! je dois convenir que ses manières sont élégantes, pleines de distinction et de réserve, qu'il s'habille avec goût, qu'il marche avec grâce, que ses mains sont fines, ses yeux spirituels…
LA BARONNE (l'arrêtant.)
Ma fille!
FOURCHEVIF
Est-ce fini?
ADELE
Oui, papa.
FOURCHEVIF
Eh bien, mon compliment! Tu n'as pas tes yeux dans ta poche! (Imitant Adèle.)
"Je l'ai à peine entrevu!…" Oh! les petites filles!
ADELE
Papa… est-ce que vous allez lui répondre aujourd'hui?…
FOURCHEVIF (allant à son bureau.)
Un instant, que diable! D'abord il faut que je fasse mes quittances pour les envoyer à Paris, c'est après-demain le 15.
TRONQUOY (entrant.)
Il a mis sa veste du matin, il est triste. Monsieur le baron…
FOURCHEVIF
Ah! c'est toi… (L'examinant.)
A la bonne heure, tu es très bien comme ça.
TRONQUOY
Oui, sauf que je n'ai pas l'air d'un domestique… (Avec mépris.)
J'ai l'air d'un paysan!
FOURCHEVIF
Voyons, que veux-tu?
TRONQUOY
Il y a là un monsieur qui désire parler au propriétaire du château.
FOURCHEVIF
Un monsieur?
TRONQUOY (montrant sa veste.)
Il m'a vu avec ça!
FOURCHEVIF
Tu m'ennuies! Comment s'appelle-t-il, ce monsieur?
TRONQUOY
Voilà sa carte.
FOURCHEVIF (lisant.)
Etienne Lambert… je ne connais pas… Fais-le entrer. (TRONQUOY sort.)
LA BARONNE
Viens, Adèle. (A FOURCHEVIF.)
Dépêche-toi de le congédier… C'est aujourd'hui ma lessive, tu viendras nous aider à étendre. (LA BARONNE et ADELE entrent à droite.)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...