L'Éventail
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DEUXIEME ACTE - TROISIÈME SCÈNE

Carlo Goldoni

DEUXIEME ACTE - TROISIÈME SCÈNE


GERTRUDE sur le seuil de la villa, et LES MEMES.

SUZANNE (à CANDIDE)
Oh, voici Madame votre tante.

CANDIDE (à SUZANNE)
Pour l'amour du ciel, ne lui dites rien.

SUZANNE
Il n'y a pas de danger. (A part)
Et elle prétendait qu'elle ne l'aimait pas. Tant pis pour elle, pourquoi ne pas me dire la vérité?

GERTRUDE
Que faites-vous là, ma nièce? (CANDIDE et SUZANNE se lèvent.)

SUZANNE
Madame Candide a daigné venir me tenir un peu compagnie.

CANDIDE
Je suis venue voir si elle avait des bonnets de nuit.

SUZANNE
Oui, c'est vrai, elle me l'a demandé. Oh, ne craignez rien : avec moi, vous pouvez être tranquille. Je ne suis pas une coquette et chez moi il ne vient personne.

GERTRUDE
Ne vous justifiez pas hors de propos. Madame Suzanne.

SUZANNE
Oh, Madame, c'est que je suis très jalouse de ma réputation.

GERTRUDE
Pourquoi ne m'avoir pas dit que vous aviez besoin d'un bonnet?

CANDIDE
Vous étiez en train d'écrire dans votre cabinet; je n'ai pas voulu vous déranger.

SUZANNE
Vous voulez le voir, ce bonnet? Je vais le chercher. Asseyez-vous, je vous en prie. (Elle donne son siège à GERTRUDE et entre dans la boutique.)

GERTRUDE (s'asseyant, à CANDIDE)
Savez-vous quelque chose sur la querelle qu'il y a eu entre l'aubergiste et le cordonnier?

CANDIDE
Il paraît que c'est par amour, par jalousie. (Elle s'assied.)
Il paraît que Jeannine est à l'origine de tout cela.

GERTRUDE
Je le regrette car c'est une brave fille.

CANDIDE
Oh, excusez-moi, Madame ma tante, mais j'ai appris sur elle des choses telles qu'il vaudra mieux que nous ne la fassions plus venir chez nous.

GERTRUDE
Pourquoi? Que vous a-t-on dit?

CANDIDE
Je vous raconterai tout cela plus tard. Mais croyez-moi, Madame, ne la recevez plus, vous ferez bien.

GERTRUDE
Étant donné qu'elle venait plus souvent chez vous que chez moi, je vous laisse libre de la traiter comme vous voudrez.

CANDIDE (à part)
Indigne Jeannine ! Elle n'aura plus l'audace de paraître devant moi.

SUZANNE (revenant)
Voici les bonnets, Mesdames; regardez, choisissez, j'espère que vous trouverez ce qu'il vous faut.
(Les trois femmes examinent les bonnets et parlent à mi-voix entre elles.)


DEUXIEME ACTE - TROISIÈME SCÈNE

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