L'Éventail
-
DEUXIEME ACTE - HUITIÈME SCÈNE

Carlo Goldoni

DEUXIEME ACTE - HUITIÈME SCÈNE


LES MEMES plus JEANNINE sur la terrasse.

JEANNINE (à part)
Elle n'est pas là, je ne la trouve nulle part. Oh, la voici là-bas.

LE COMTE
Ainsi donc, Madame Candide va épouser Monsieur le baron du Cèdre.

JEANNINE (à part)
Qu'entends-je ? Que va-t-elle répondre?

GERTRUDE (au Comte)
Elle l'épousera si les conditions…

LE COMTE (à CANDIDE)
Quelles conditions y mettez-vous?

CANDIDE (au Comte)
Aucune, Monsieur, je l'épouserai de toute manière.

LE COMTE (se pavanant)
Vive Madame Candide ! c'est comme cela qu'il faut être. (A part)
Ah, quand je m'entremets dans une affaire, tout va à merveille.

JEANNINE (à part)
Quelle chose terrible que celle-ci ! Pauvre Monsieur Evariste ! Il est inutile que je donne l'éventail à Madame Candide.
(Elle sort.)

GERTRUDE (à part)
Je me suis trompée. Elle aimait le Baron et moi qui la croyais éprise de Monsieur Evariste.

LE COMTE
Si vous me le permettez, je vais aller apprendre cette bonne nouvelle, à mon cher ami, à mon cher collègue le Baron.

GERTRUDE
Où est donc Monsieur le Baron?

LE COMTE
Il m'attend chez l'apothicaire. Faites une chose : Rentrez chez vous et je vous l'amène immédiatement.

GERTRUDE
Qu'en dites-vous, ma nièce?

CANDIDE (à GERTRUDE)
Oui, il parlera avec vous.

LE COMTE (à CANDIDE)
Et avec vous.

CANDIDE
Je m'en remets à ce que fera ma tante. (A part.)
Je mourrai, mais je mourrai vengée.

LE COMTE (à GERTRUDE)
Je vais le chercher sur-le-champ. Attendez-nous. Nous allons venir chez vous… Comme l'heure est un peu avancée, il ne serait pas mal que vous lui offriez de le garder à dîner.

GERTRUDE
Oh, pour une première fois!…

LE COMTE
Oh, ce sont-là des cérémonies superflues. Il acceptera volontiers, j'en réponds et, pour l'obliger, je resterai moi aussi.
(Il s'éloigne et entre chez l'apothicaire.)

GERTRUDE (à CANDIDE)
Eh bien, allons les attendre.

CANDIDE (mélancolique)
Allons.

GERTRUDE
Qu'avez-vous? Faites-vous cela de bon cœur?

CANDIDE
Oui, de bon cœur. (A part.)
J'ai donné ma parole, il n'y a plus de remède.

GERTRUDE (se dirigeant vers la villa, à part)
Pauvre enfant, je l'excuse. Dans ces cas-là, malgré l'amour qu'on éprouve, on est toujours un peu inquiet.


DEUXIEME ACTE - HUITIÈME SCÈNE

Autres textes de Carlo Goldoni

Les Rustres

La pièce "Les Rustres" (I Rusteghi), écrite par Carlo Goldoni en 1760, est une comédie en trois actes qui critique les conventions rigides et l’autoritarisme des hommes dans la société...

Arlequin, valet de deux maîtres

La pièce "Arlequin, valet de deux maîtres" (Il servitore di due padroni), écrite par Carlo Goldoni en 1745, est une comédie en trois actes qui illustre parfaitement l'habileté de Goldoni...



Les auteurs


Les catégories

Médiawix © 2025