(Placidie, Stilicon, Lucile.)
LUCILE
Ah, madame !
PLACIDIE
Lucile,
Qu'est-il arrivé ? Parle.
LUCILE
Il n'en faut plus douter,
L'ingrat Eucherius…
Stilicon
Et bien ?
LUCILE
Ose attenter.
PLACIDIE
Que dis-tu ?
LUCILE
Que pour lui de lâches parricides
Du sang d'Honorius insolemment avides,
Ont enfin achevé le funeste attentat
Qui sous les lois d'un traître assujettit l'état.
Stilicon
Ô crime ! ô perfidie, à qui toute autre cède !
Mais apprends-nous le mal pour songer au remède.
Peut-être…
LUCILE
vos efforts y seront superflus,
Le coupable triomphe, et l'empereur n'est plus.
PLACIDIE
il est mort ?
LUCILE
apprenez par ce que j'ai vu faire
Si la raison encore peut souffrir qu'on espère.
Stilicon
L'empereur seroit mort ? Achève promptement.
Qu'as-tu vu ?
LUCILE
je passois par son appartement,
Quand dessus l'escalier une troupe arrêtée
Tout à coup pour entrer s'est enfin présentée.
Les gardes aussitôt pour lui prêter secours,
De quelques-uns des leurs tranchent les tristes jours,
Et presque en un moment leur barbare injustice
À grands coups de poignard s'en fait un sacrifice.
PLACIDIE
Ô ciel !
LUCILE
À ce spectacle immobile d'effroi,
Je le sens redoubler par tout ce que je vois.
La porte s'ouvre, on entre, et par cette surprise
Sûrs de ne plus trouver d'obstacle à l'entreprise,
Ils sont à peine entrez que j'ouïs des cris confus
De meure l'empereur, et vive Eucherius.
PLACIDIE
Le traître !
LUCILE
Marcellin avec sa foible escorte,
Proche du cabinet en occupoit la porte.
Le coupable à sa garde ayant été donné,
L'empereur le mandant, il l'avoit amené.
Ainsi contre eux sans doute il s'est mis en défense,
Mais des siens et de lui que peut la résistance ?
Ils auront beau donner leur sang à leur devoir,
Le zèle est inutile où manque le pouvoir.
Pour moi qu'à fuir soudain la crainte a condamnée,
Plaignant de l'empereur la triste destinée,
J'ai long-temps au palais publié son trépas,
Sans pouvoir bien connoître où je portois mes pas.
PLACIDIE
Ah ! Rien n'a pû sans doute empêcher ce grand crime,
L'empereur à leur rage a servi de victime ;
C'en est fait, et mon cœur par un traître abusé
Voit trop tard dans ce mal l'erreur qui l'a causé.
À moi-même, à mon sang, à tout l'état perfide,
Pour le croire innocent, j'ai fait son parricide,
Et l'appui criminel que j'osois lui prêter,
Suspendant son arrêt, a tout fait éclater.
Stilicon
Madame, pardonnez dans un sort si contraire
À la stupidité qui me force à me taire.
Je vois d'un noir complot le surprenant effet,
Et ma raison se perd dans l'horreur du forfait ;
Mais ce qui le suivra vous va faire connoître
Ce que je prends de part dans la mort de mon maître,
Et si par l'attentat son destin avancé…
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