(Honorius, Thermantie, Eucherius, Marcellin.)
HONORIUS
Et bien, madame, enfin qu'avez-vous obtenu ?
Vaincrons-nous cet orgueil dont l'indigne manie
Aux vœux d'Eucherius refuse Placidie ?
Se rend-elle moins fière ? En viendrons-nous à bout ?
THERMANTIE
Seigneur, pour la fléchir je viens d'employer tout ;
Mais de son cœur altier l'audace téméraire
Craint peu par ses refus d'aigrir votre colère,
Et dans l'orgueil secret qui semble l'animer,
Je plains Eucherius s'il ne cesse d'aimer.
HONORIUS
Quoi ? L'inégal dehors d'un peu plus de naissance
Peut à tant de fierté porter son arrogance,
Et l'éclat que sur lui ma faveur fait tomber
À de si durs mépris ne le peut dérober ?
Nous verrons, puisqu'enfin elle veut m'y contraindre,
Si qui m'ose braver peut n'avoir rien à craindre,
Et si, quand votre amour a mérité ma foi,
Mon exemple est pour elle une honteuse loi.
Qu'on la fasse venir.
(Marcellin sort.)
EUCHERIUS
Ah, que voulez-vous faire,
Seigneur ? Je ne suis plus un amant téméraire
Et de votre faveur le glorieux soutien
M'offre en vain une gloire où je ne prétends rien.
Ma raison sur mes sens a repris son empire,
Et dans l'heureux projet qu'à ma flamme elle inspire,
Loin que de son ardeur j'ose attendre aucun fruit…
HONORIUS
Non, non, Eucherius, ta vertu te séduit,
Et veut que je m'oppose à l'effort magnanime,
Qui d'un refus trop fier jette sur toi le crime.
J'autorisai ton choix, et pour le maintenir
Je dois vaincre l'orgueil qui cherche à t'en punir.
EUCHERIUS
Non, seigneur, mon amour avoit trop d'injustice,
Souffrez-en à ma gloire un noble sacrifice,
Et que l'empressement d'en rehausser l'éclat
L'immole tout entier au repos de l'état.
Après tant de combats dont les tristes alarmes
Tiennent Rome inquiète, et l'Italie en armes,
Le superbe Alaric formant d'autres projets,
Cherche votre alliance, et demande la paix.
Puisque dans cet accord le sang vous intéresse,
Permettez qu'il assure un trône à la princesse,
Et que de cet hymen les favorables nœuds
Remplissent sa naissance, et couronnent ses vœux.
HONORIUS
Ce traité dont le bruit a suspendu nos armes
Pour son ambition sans doute a quelques charmes,
Et j'admire en ton cœur le généreux effort
Qui t'en fait contre toi solliciter l'accord ;
Mais plus de ta vertu ce grand effet m'étonne,
Moins je puis consentir à ce qu'elle t'ordonne.
Viens embrasser ton prince, et quoi qu'on fasse enfin,
Laisse à mon amitié le soin de ton destin.
EUCHERIUS
Daignez songer, seigneur, que la gloire où j'aspire…
HONORIUS
Va, laisse-moi parler, te dis-je, et te retire ;
Ta voix dans ce dessein n'est pas à consulter.
EUCHERIUS
(à Thermantie)
Ah, madame, empêchez l'empereur d'éclater.
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