Scène VIII
Clarisse (surgissant et dos au public, à Victor qui la suit.)
Vous êtes tous des lâches ! (Se tournant en même temps vers son mari et vers Hochepaix.)
Vous êtes tous des assassins !… Et Victor ne vaut pas mieux que vous !
Ventroux
Quoi ? Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a encore ?
Clarisse (derrière le canapé.)
Lui non plus n'a pas voulu sucer !
Ventroux (bondissant.)
Victor !
Victor (penaud, dans l'embrasure de la porte.)
J'ai pas osé, Monsieur !
Ventroux
Enfin, nom d'un chien ! est-ce que tu vas aller comme ça t'offrir à sucer à tout le monde ?
Clarisse
Oh ! ça m'élance ! ça m'élance ! Je dois avoir une fluxion.
Ventroux
Eh ! bien, si tu as une fluxion, va chez le dentiste !
Clarisse
Mais c'est pas dans la bouche !
Ventroux
Eh ben ! va chez le médecin !
Clarisse
Ah ! oui ! oui ! il y a un docteur dans la maison, au-dessus !…
Ventroux (bourru, s'asseyant sur le fauteuil qu'il vient de quitter.)
Eh ! C'est pas un docteur ! c'est un officier de santé ! il n'a pas le droit au titre.
Clarisse
Ça m'est égal, il a fait de la médecine. Vite, Victor, montez et ramenez-le !
Victor
Bien, Madame !
Clarisse (la main sur la partie endolorie.)
Oh ! je vais mettre une compresse ! je vais mettre une compresse.
(Elle rentre ainsi dans sa chambre.)
Victor (sur le pas de la porte, après un instant d'hésitation, une fois qu'il a constaté la sortie de Clarisse.)
Monsieur ne m'en veut pas, au moins, de ne pas avoir…
Ventroux (bondissant.)
Hein ! Lui aussi ! (Le poussant dehors.)
Voulez-vous !… Voulez-vous chercher l'officier de santé !
Victor (s'élançant vers la porte sur palier, sans refermer la porte du salon.)
Oui, Monsieur, oui !
(Au moment où il va ouvrir la porte sur le palier, on sonne et Victor va donner dans de Jaival qui est dans l'embrasure attendant qu'on ouvre.)