"La Double Inconstance" de Marivaux est une comédie en trois actes écrite en 1723. L'histoire tourne autour d'un jeune homme nommé Arlequin qui est séduit par une noble, Silvia, et est ensuite manipulé par elle et son père pour qu'il devienne un homme civilisé. Cependant, lorsque Silvia est choisie pour être la fiancée du prince, Arlequin se rend compte qu'il est amoureux d'elle et essaie de la reconquérir. La pièce est célèbre pour ses thèmes de l'amour, de la trahison et de l'inconstance, ainsi que pour son utilisation de la langue et de l'humour.
TrivelinMais, madame, écoutez-moi.SilviaVous m'ennuyez.TrivelinNe faut-il pas être raisonnable ?SilviaNon, il ne faut point l'être, et je ne le serai point.TrivelinCependant…SilviaCependant, je ne veux point avoir de raison ; et quand vous recommenceriez cinquante fois votre cependant, je n'en veux point...
Le Prince (à Trivelin)Eh bien ! as-tu quelque espérance à me donner ? Que dit-elle ?TrivelinCe qu'elle dit, seigneur ? Ma foi, ce n'est pas la peine de le répéter ; il n'y a rien encore qui mérite votre curiosité.Le...
LisetteJe viens recevoir tes ordres ; que me veux-tu ?FlaminiaApproche un peu, que je te regarde.LisetteTiens, vois à ton aise.FlaminiaOui-da, tu es jolie aujourd'hui.LisetteJe le sais bien ; mais qu'est-ce que cela fait ?FlaminiaÔte cette mouche galante que tu as...
TrivelinEh bien ! seigneur Arlequin, comment vous trouvez-vous ici ?… N'est-il pas vrai que voilà une belle maison ?ArlequinQue diantre ! qu'est-ce que cette maison-là et moi avons affaire ensemble ? Qu'est-ce que c'est que vous ? Que me voulez-vous ...
LisetteJe vous cherche partout, monsieur Trivelin ; le prince vous demande.TrivelinLe prince me demande ? j'y cours ; mais tenez donc compagnie au seigneur Arlequin pendant mon absence.ArlequinOh ! ce n'est pas la peine ; quand je suis seul, moi,...
Arlequin (à part.)Je gage que voilà une éveillée qui vient pour m'affriander d'elle. Néant !LisetteC'est donc vous, monsieur, qui êtes l'amant de mademoiselle Silvia ?ArlequinOui.LisetteC'est une très jolie fille.ArlequinOui.LisetteTout le monde l'aime.ArlequinTout le monde a tort.LisettePourquoi cela, puisqu'elle le mérite ...
Trivelin (à Arlequin)Vous sortez ?ArlequinOui ; cette demoiselle veut que je l'aime, mais il n'y a pas moyen.TrivelinAllons, allons faire un tour, en attendant le dîner ; cela vous désennuiera.
Flaminia (à Lisette)Eh bien, nos affaires avancent-elles ? Comment va le cœur d'Arlequin ?LisetteIl va très brutalement pour moi.FlaminiaIl t'a donc mal reçue ?LisetteEh ! fi ! mademoiselle, vous êtes une coquette ; voilà de son style.Le PrinceJ'en suis fâché,...
ArlequinPar parenthèse, dites-moi une chose il y a une heure que je rêve à quoi servent ces grands drôles bariolés qui nous accompagnent partout. Ces gens-là sont bien curieux !TrivelinLe prince, qui vous aime, commence par là à vous donner...
ArlequinCes marauds-là ! j'ai eu toutes les peines du monde à les congédier. Voilà une drôle de façon d'honorer un honnête homme, que de mettre une troupe de coquins après lui ; c'est se moquer du monde. (Il se retourne...
Silvia (accourant avec joie.)Ah ! le voici. Eh ! mon cher Arlequin, c'est donc vous ! Je vous revois donc ! Le pauvre enfant ! que je suis aise !ArlequinEt moi aussi. Oh ! oh ! je me meurs de...
SilviaEh bien, mon cher Arlequin ?ArlequinEh bien, mon âme ?SilviaNous sommes bien malheureux !ArlequinAimons-nous toujours ; cela nous aidera à prendre patience.SilviaOui, mais notre amitié, que deviendra-t-elle ? Cela m'inquiète.ArlequinHélas ! m'amour, je vous dis de prendre patience, mais je...
Trivelin (à Silvia)Je suis au désespoir de vous interrompre ; mais votre mère vient d'arriver, mademoiselle Silvia, et elle demande instamment à vous parler.Silvia (à Arlequin)Arlequin, ne me quittez pas ; je n'ai rien de secret pour vous.Arlequin (la prenant...
SilviaOui, je vous crois. Vous paraissez me vouloir du bien. Aussi vous voyez que je ne souffre que vous ; je regarde tous les autres comme mes ennemis. Mais où est Arlequin ?FlaminiaIl va venir ; il dîne encore.SilviaC'est quelque...
(Le Prince, en voyant Silvia, salue avec beaucoup de soumission.)SilviaComment ! vous voilà, monsieur ? Vous saviez donc bien que j'étais ici ?Le PrinceOui, mademoiselle, je le savais ; mais vous m'aviez dit de ne plus vous voir, et je...
FlaminiaVoilà une créature bien effrontée !SilviaJe suis outrée. J'ai bien affaire qu'on m'enlève pour se moquer de moi ; chacun a son prix. Ne semble-t-il pas que je ne vaille pas bien ces femmes-là ? Je ne voudrais pas être...
FlaminiaVous, ma chère, pendant que je vais chercher Arlequin, qu'on retient peut-être un peu trop longtemps à table, allez essayer l'habit qu'on vous a fait ; il me tarde de vous le voir, Silvia.SilviaTenez, l'étoffe est belle ; elle m'ira...
FlaminiaIl me semble que les choses commencent à prendre forme. Voici Arlequin : En vérité, je ne sais ; mais si ce petit homme venait à m'aimer, j'en profiterais de bon cœur.Arlequin (riant.)Ah ! ah ! ah ! Bonjour, mon...
ArlequinCela est terrible ! Je n'ai trouvé ici qu'une personne qui entende la raison, et l'on vient chicaner ma conversation avec elle. Ma chère Flaminia, à présent, parlons de Silvia à notre aise ; quand je ne la vois point,...
TrivelinSeigneur Arlequin, n'y a-t-il point de risque à reparaître ? N'est-ce point compromettre mes épaules ? Car vous jouez merveilleusement de votre épée de bois.ArlequinJe serai bon quand vous serez sage.TrivelinVoilà un seigneur qui demande à vous parler.(Le Seigneur approche...
FlaminiaMon cher, je vous amène Silvia ; elle me suit.ArlequinMon amie, vous deviez bien venir m'avertir plus tôt, nous l'aurions attendue en causant ensemble.
SilviaBonjour, Arlequin. Ah ! que je viens d'essayer un bel habit ! Si vous me voyiez, en vérité, vous me trouveriez jolie ; demandez à Flaminia : Ah ! ah ! si je portais ces habits-là, les femmes d'ici seraient...
(Lisette fait de grandes révérences.)SilviaNe faites point tant de révérences, madame ; cela m'exemptera de vous en faire ; je m'y prends de si mauvaise grâce, à votre fantaisie !LisetteOn ne vous trouve que trop de mérite.SilviaCela se passera. Ce...
FlaminiaQu'avez-vous, Silvia ? Vous êtes bien émue ?SilviaJ'ai… que je suis en colère. Cette impertinente femme de tantôt est venue pour me demander pardon ; et sans faire semblant de rien, voyez la méchanceté, elle m'a encore fâchée, m'a dit...
SilviaVous venez ; vous allez encore me dire que vous m'aimez, pour me mettre davantage en peine.Le PrinceJe venais voir si la dame qui vous a fait insulte s'était bien acquittée de son devoir. Quant à moi, belle Silvia, quand...
FlaminiaOui, seigneur, vous avez fort bien fait de ne pas vous découvrir tantôt, malgré tout ce que Silvia vous a dit de tendre. Ce retardement ne gâte rien et lui laisse le temps de se confirmer dans le penchant qu'elle...
Trivelin (après quelque temps.)Eh bien, que voulez-vous que je fasse de l'écritoire et du papier que vous m'avez fait prendre ?ArlequinDonnez-vous patience, mon domestique.TrivelinTant qu'il vous plaira.ArlequinDites-moi, qui est-ce qui me nourrit ici ?TrivelinC'est Le Prince.ArlequinPar la sambille ! la...
FlaminiaQu'est-ce que c'est ? Qu'avez-vous, Arlequin ?ArlequinBonjour, m'amie ; c'est ce faquin qui dit qu'il vous aime depuis deux ans.FlaminiaCela se peut bien.ArlequinEt vous, m'amie, que dites-vous de cela ?FlaminiaQue c'est tant pis pour lui.ArlequinTout de bon ?FlaminiaSans doute ;...
ArlequinVoilà mon homme de tantôt. Ma foi ! monsieur le médisant (car je ne sais point votre autre nom) , je n'ai rien dit de vous au prince, par la raison que je ne l'ai point vu.Le SeigneurJe vous suis...
Arlequin (à part.)Qui diantre vient encore me rendre visite ? Ah ! c'est celui-là qui est cause qu'on m'a pris Silvia. (Haut.) Vous voilà donc, monsieur le babillard, qui allez dire partout que la maîtresse des gens est belle ;...
Arlequin (seul.)Apparemment que mon coquin de valet aura médit de ma bonne amie. Par la mardi ! il faut que j'aille voir où elle est. Mais moi, que ferai-je à cette heure ? Est-ce que je quitterai Silvia là ?...
ArlequinBonjour, Flaminia ; j'allais vous chercher.Flaminia (en soupirant.)Adieu, ArlequinArlequinQu'est-ce que cela veut dire, adieu ?FlaminiaTrivelin nous a trahis ; le prince a su l'intelligence qui est entre nous ; il vient de m'ordonner de sortir d'ici et m'a défendu de...
Flaminia (d'abord seule.)En vérité, le prince a raison ; ces petites personnes-là font l'amour d'une manière qui ne permet pas de leur résister. Voici l'autre. À quoi rêvez-vous, belle Silvia ?SilviaJe rêve à moi, et je n'y entends rien.FlaminiaQue trouvez-vous...
Le PrinceEh quoi ! Silvia, vous ne me regardez pas ? Vous devenez triste toutes les fois que je vous aborde ; j'ai toujours le chagrin de penser que je vous suis importun.SilviaBon, importun ! je parlais de lui tout...
ArlequinJ'ai tout entendu, Silvia.SilviaEh bien, Arlequin, je n'aurai donc pas la peine de vous rien dire ; consolez-vous comme vous pourrez de vous-même. Le prince vous parlera, j'ai le cœur tout entrepris ; voyez, accommodez-vous ; il n'y a plus...
L'Île des esclaves, comédie en un acte écrite par Marivaux en 1725, se déroule sur une île utopique où les rapports sociaux sont inversés pour rétablir la justice. L'intrigue débute...
L'Île de la raison, comédie en trois actes écrite par Marivaux en 1727, se déroule sur une île imaginaire gouvernée par la raison et la vérité, où les habitants vivent...
L'Heureux Stratagème, comédie en trois actes écrite par Marivaux en 1733, raconte les manœuvres subtiles de deux amants pour raviver leur amour mis à l'épreuve. La marquise et le chevalier,...
L'Héritier de village, comédie en un acte écrite par Marivaux en 1725, raconte les mésaventures d’un jeune homme naïf, Eraste, nouvellement désigné comme héritier d’un riche villageois. L’histoire se déroule...
Les Serments indiscrets, comédie en trois actes écrite par Marivaux en 1732, explore les contradictions de l’amour et de la parole donnée. L’intrigue tourne autour de Lucile et Damis, deux...
Les Fausses Confidences, comédie en trois actes écrite par Marivaux en 1737, met en scène les stratagèmes de l’amour et les jeux de manipulation pour conquérir un cœur. L’histoire suit...
Les Acteurs de bonne foi, comédie en un acte écrite par Marivaux en 1748, joue sur la frontière entre réalité et fiction en mettant en scène une troupe de comédiens...
L'Épreuve, comédie en un acte écrite par Marivaux en 1740, explore les jeux de la séduction et la sincérité des sentiments à travers une intrigue délicate et malicieuse. Lucidor, un...
L'École des mères, comédie en un acte écrite par Marivaux en 1732, explore les relations complexes entre une mère autoritaire et sa fille en quête d’autonomie. Madame Argante, une veuve...
Le Triomphe de l’amour, comédie en trois actes écrite par Marivaux en 1732, explore les jeux de manipulation et de déguisement orchestrés par l’amour. L’histoire met en scène Léonide, une...