(ZEPHIRE, CEPHISE, UN ENFANT REPRESENTANT L'AMOUR)
(Il se tourne vers l'Amour qui sort de la niche, et ôte le masque qui lui couvroit le visage.)
Zephire
À la fin ta Compagne a quitté la partie.
Pour te voir, proche de ce lieu
J'attendois qu'elle fût sortie.
Je me souviendrai quelque temps,
Qu'elle a tantôt osé me traiter de Borée.
Cephise
Sais-tu qu'il est certains instants
Où moi-même de toi je suis mal assurée ?
Tu t'es nommé Zéphire ici,
J'en doute à voir ta taille.
Zephire
Et lorsque je t'adore,
De cette vérité tu peux être en souci ?
Cephise
De grâce, étais-tu fait ainsi
Lorsque tu soupirois pour Flore ?
Zephire
J'étois fort délicat, et le serois encore,
Mais le temps m'a tout épaissi.
Cephise
Tu pourrois bien m'avoir trompée.
La Jeunesse a souvent trop de crédulité.
Et l'amour dont pour toi je suis préoccupée…
Zephire
Non, foi de Vent d'honneur, j'ai dit la vérité.
Je suis Zéphire.
Cephise
Et bien, je le veux croire.
Mais quant à l'Inconnu, son nom ? Regarde-moi.
J'ai promis à Psyché de le savoir de toi.
Je dois tenir parole, il y va de ma gloire.
Zephire
Ne me presse point là-dessus,
J'ai des raisons…
Cephise
Pures chimères !
Zephire
Je ne saurois parler.
Cephise
Abus.
Tu m'aimes ; s'il me faut essuyer tes refus,
Tu n'es pas bien dans tes affaires.
Zephire
Je prendrois grand plaisir à ne te rien cacher ;
Mais veux-tu, parce que je t'aime.
Que l'Inconnu me vienne reprocher
Que ma langue ait fait tort à son amour extrême ?
C'est de tous les Amants le plus passionné,
Rien ne sauroit égaler sa tendresse ;
Mais il veut être sûr du cœur de sa Maîtresse,
Avant que son secret lui soit abandonné.
Cephise
Qu'il ne craigne rien, Psyché l'aime.
Tant de soins de lui plaire ont vaincu sa fierté.
Zephire
Si tu me disois vrai, me voilà bien tenté.
Cephise
N'en doute point, je le sais d'elle-même.
Mais enfin je commence à prendre pour affront
Une si longue résistance.
Zephire
Attends ; pour ne rien faire avec trop d'imprudence,
Il est bon que l'Amour me serve de second.
Cephise
Quoi, l'Amour déguisé parmi nous !
Zephire
Que t'en semble ?
Cephise
Je vois bien que c'est lui qui commande en ces lieux
Et cours dire à Psyché…
Zephire
Non, Céphise, il vaut mieux
Que nous l'allions trouver ensemble.
Cephise
J'attends tout de l'Amour, s'il daigne s'en mêler.
Ils descendent tous sur le grand Théâtre.
Zephire
Madame, puisqu'il faut, sans excuse frivole
Vous dire…
La comtesse
À moi ? Cela n'est pas de votre rôle.
Zephire
Vous êtes la Psyché dont nous voulons parler.
L'Amour en est croyable ; et quand je vous l'amène…
L'Amour
Oui, Comtesse, l'Amour vous veut tirer de peine,
Et du Ciel tout exprès il est ici venu
Pour finir l'embarras où vous met l'Inconnu.
La comtesse
Chacun depuis longtemps aspire à le connoître.
L'Amour
Je n'ai qu'à dire un mot, vous le verrez paroître.
Olympe
L'Amour peut sans scrupule user de son pouvoir.
L'Amour
Il faut donc me hâter de vous le faire voir.
Regardez ce Portroit.
Olympe
(à la Comtesse.)
Si rien ne le déguise,
Vous y verrez des traits… Vous en êtes surprise.
Et bien ? A-t-il l'air bon ? Qu'en dites-vous ?
La comtesse
Je dis…
Voyez.
Le chevalier
(regardant le portrait.)
C'est le Marquis.
Olympe
Le Marquis !
Le vicomte
Le Marquis !
Olympe
Juste Ciel !
La comtesse
Quoi, c'est vous, dont l'adresse cachée
Cherchoit à me toucher ?
Le marquis
En êtes-vous fâchée ?
La comtesse
Je ne m'étonne plus si vos feux trop soumis
Aux vœux de l'Inconnu laissoient l'espoir permis.
Le marquis
Tant d'amour ne peut-il mériter de vous plaire ?
Ne vous rendez-vous point ?
La comtesse
C'est une grande affaire.
D'ailleurs, deux Inconnus…
Le marquis
Je n'en dois craindre rien.
L'Inconnu du Vicomte est le comédien.
Il ne s'est pas trop mal acquitté de son rôle.
Le vicomte
Il est vrai, je cherchois le son de sa parole,
Et sur Monsieur Grosset je me remets sa voix.
La comtesse
Et l'Inconnu qu'Olympe a trouvé dans le Bois ?
Olympe
J'ai dit ce que j'ai vu, sans savoir davantage.
Le chevalier
Quelque Ami du Marquis a fait ce Personnage ;
Pour l'Inconnu par elle il vouloit vous toucher.
La comtesse
Qui l'auroit cru qu'en vous il l'eût fallu chercher ?
Le marquis
(bas.)
Non, ne m'en croyez pas ; mais, aimable Comtesse,
Croyez-en ce présent que m'a fait la Jeunesse.
La comtesse
C'est là mon Diamant ; vous étiez destiné
À recevoir enfin la main qui l'a donné.
Il est juste, et j'en fais le prix de votre flamme.
Le marquis
Ô bonheur qui remplit tous mes voeux !
(À Olympe.)
Mais, Madame,
Vous souvenez-vous…
Olympe
Oui, je ne puis oublier
Que je vous ai promis d'aimer le Chevalier.
Vous avez de l'honneur, c'est assez vous en dire.
Le chevalier
Doux et charmant aveu qui finit mon martyre ?
Madame, je puis donc prétendre à votre foi ?
Olympe
Si ma mère y consent, répondez-vous de moi.
Le vicomte
Je vous vois là tous quatre en bonne intelligence.
Et moi, que devenir ?
La comtesse
Vous prendrez patience.
Le vicomte
Oui ; de mes pas pour vous c'est donc là le succès ?
Se charge qui voudra du soin de vos procès.
Adieu.
La comtesse
Le prendrez-vous, Marquis, il vous regarde.
Le marquis
Que ne ferois-je point ?
La retraite est gaillarde.
Olympe
C'est un extravagant dont nous sommes défaits.
La comtesse
Allons.
Le marquis
Puisse l'amour ne nous quitter jamais.
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