(LA COMTESSE, LE CHEVALIER)
(Il se met à genoux, et baise la main de la comtesse.)
La comtesse
Et quoi ? Toujours chagrin ?
Le chevalier
Hélas !
Madame, ignorez-vous les ennuis qu'on me donne ?
On ne le voit que trop, Olympe m'abandonne.
Pour moi, pour mon amour, il n'est plus de secours.
La comtesse
Écoutons les Amants, ils se plaignent toujours.
La moindre vision, un rien, une chimère,
C'est assez, leur chagrin nous en fait une affaire.
Nous savons mal aimer.
Le chevalier
J'ai voulu comme vous
Traiter de noir chagrin mes sentiments jaloux ;
Mais (et vous l'avez pu vous-même assez connoître)
Olympe fuit sitôt qu'elle me voit paroître.
Mon amour n'offre ici que des vœux superflus ;
Depuis qu'elle est chez vous, je ne la connois plus.
Si j'obtiens qu'un moment elle souffre ma vue,
C'est un froid qui me glace, un dédain qui me tue,
Et sur ce qu'à toute heure elle cherche à rêver,
Je soupçonne un Rival que je ne puis trouver.
La comtesse
Qu'on est fou quand on aime !
Le chevalier
Oui, blâmez-moi, Madame.
La comtesse
Quoi, vous ne savez pas ce que c'est qu'une Femme,
Et que lorsqu'elle veut mettre sa flamme au jour,
Ses inégalités sont des marques d'amour ?
Souvent elle est chagrine, incommode, bizarre,
Pour voir à quoi contre elle un Amant se prépare ;
Et juger de son cœur par la soumission
Où cette rude épreuve a mis sa passion.
Pour vaincre ses froideurs, il parle, il presse, il prie ;
Et la paix succédant à cette brouillerie,
Ce qu'il montre de joie à se raccommoder,
Achève pleinement de la persuader.
Le chevalier
Que je devrois chérir ce qui m'arrache l'âme,
Si l'on n'avoit dessein que d'éprouver ma flamme !
Mais qui m'assurera qu'on me garde sa foi ?
Qu'on ait le cœur touché de ma tendresse ?
La comtesse
Moi.
Ne vous alarmez point, Olympe est mon Amie ;
Et quand votre expérience encor mal affermie
Du succès de vos feux vous laisseroit douter,
J'ai quelque droit ici de me faire écouter.
Ses Chagrins passeront.
Le chevalier
Vous me rendez la vie.
Souffrez, lorsqu'à l'espoir cette offre me convie.
Que j'en marque ma joie, et…
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