(LA COMTESSE, OLIMPE, LE MARQUIS, LE VICOMTE, VIRGINIE)
Olympe
Ah, Madame !
J'ai trouvé l'Inconnu.
La comtesse
Vous ?
Olympe
Oui moi, dans ce bois.
Le vicomte
Justement.
Olympe
Vous savez que j'y vais quelquefois.
Le vicomte
Le plaisant personnage ! Il vous a bien fait rire.
Olympe
Lui !
Le vicomte
Sans doute. Écoutez ce qu'elle vous va dire.
Olympe
Jamais je n'ai rien vu de si…
Le vicomte
Tranchez le mot,
De si bête.
Olympe
Comment ?
Le vicomte
Quoi, ce n'est pas un sot ?
Olympe
Quels contes vous fait-il ?
La comtesse
Écoutons-la, de grâce.
Le vicomte
Qu'elle parle à son aise, après je retiens place.
La comtesse
Vous aurez audience à votre tour.
Le vicomte
Tant mieux.
Olympe
J'ai peine à croire encor au rapport de mes yeux.
Je revois dans le Bois, quand pour jouir de l'ombre
M'avançant lentement vers l'endroit le plus sombre,
Je trouve un Cavalier, qui surpris de me voir,
Me rend d'un air civil ce qu'il croit me devoir.
Quels traits pourront suffire à lui rendre justice ?
Peignez-vous Adonis, figurez-vous Narcisse,
Et tout ce que jamais on vanta de plus beau,
C'est ne vous en offrir qu'un imparfoit tableau.
Je voudrois l'ébaucher, et n'en suis point capable.
Il a le port divin, la taille incomparable,
Et le Ciel pour lui seul semble avoir réservé
Ce qu'il eût de plus rare et de plus achevé.
Il marchoit tout rêveur, et m'ayant aperçue,
Il a voulu d'abord se soustraire à ma vue.
J'en ai compris la cause, et pour ne perdre pas
L'heureuse occasion de sortir d'embarras ;
Je vois par quel souci vous suivez cette route.
Une aimable Comtesse en est l'objet sans doute,
Ai-je dit. À ce nom surpris, troublé, confus,
Il m'a parlé longtemps en termes ambigus.
J'ai remis le discours sur l'aimable Comtesse,
Et ménagé son trouble avecque tant d'adresse,
Que trahi par lui-même, il n'a pu me cacher
Qu'il étoit l'Inconnu que vous faites chercher.
Mais son nom est encor ce qu'il s'obstine à taire,
J'ai voulu l'amener, et je ne l'ai pu faire.
Il ne paroîtroit point, qu'il ne puisse juger
Que son attachement ait su vous engager.
Sa conversation ravit, enchante, enlève,
Sa personne commence, et son esprit achève.
Que ne m'a-t-il point dit du bonheur qu'il se fait
De ressentir pour vous l'amour le plus parfait ?
Ses manières en tout sont douces, agréables ;
Et si nous nous trouvions encor au temps des fables,
Je croirois que pour vous quelque Dieu tout exprès
Serait venu du Ciel habiter ces forêts.
Quand pour un tel Amant on prend de la tendresse,
Si c'est foiblesse en nous, l'excusable foiblesse !
Le vicomte
Vous peignez assez bien, le Portroit n'est pas mal,
Les traits beaux, mais néant pour son original.
J'ai vu l'Inconnu, moi, le vrai, ce qui s'appelle
L'Inconnu Régalant ; le vôtre, bagatelle.
C'est un fourbe qui veut causer de l'embarras.
Olympe
Tout rival est suspect, on ne vous croira pas.
La comtesse
Mais le Vicomte a vu des marques de la Fête ;
Les mêmes Gens qu'ici…
Le vicomte
J'ai vu de plus la bête,
Le très vilain Monsieur…
Olympe
Il ne sait ce qu'il dit.
Soit qu'on s'attache au corps, soit qu'on cherche l'esprit,
L'inconnu passe tout ce qu'il faut qu'on attende…
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