(LA COMTESSE, LE VICOMTE, LE CHEVALIER, OLIMPE, LE MARQUIS, VIRGINIE, LA MONTAGNE, REPRESENTANT LE COMEDIEN, ET VETU EN ZEPHIRE)
(Ces vers étant chantés, les Maures du petit théâtre, se joignent aux amours pour faire une entrée, laquelle étant finie, la comtesse dit.)
La comtesse
Et bien ?
Avance-t-on ? Vos Gens n'ont-ils besoin de rien ?
Le comedien
Je viens demander grâce encor pour nos actrices.
Leurs Coiffures toujours sont pour moi des supplices,
Jamais elles n'ont fait ; j'en suis au désespoir.
La comtesse
Laissons-leur tout le temps qu'elles voudront avoir.
Le chevalier
Vous aurez bien choisi ? La pièce…
Le comedien
Sera bonne.
Le vicomte
Qui l'a faite ?
Le comedien
Jamais nous ne nommons personne.
Nous voulons, si l'ouvrage a quelque approbateur,
Qu'il l'ait pour son mérite, et non point pour l'auteur.
Par là point de cabale ; on condamne, on approuve,
Selon, ou le mauvais, ou le bon qui s'y trouve.
Quelquefois à Paris telle Pièce fait bruit,
Dont l'éclat en province aussitôt se détruit.
La comtesse
Il peut avoir raison.
Le vicomte
Bon, est-ce qu'en province
On a le sens commun ? Ce sont gens d'esprit mince.
Le comedien
À dire leurs avis s'ils sont trop ingénus,
Leurs suffrages du moins ne sont point retenus.
Point d'extases chez eux pour une bagatelle.
Le vicomte
La pièce d'aujourd'hui comment se nomme-t-elle ?
Le comedien
"L'Inconnu."
La comtesse
L'Inconnu !
Le vicomte
Si c'étoit le Grosset,
Madame ?
Le comedien
C'est Psyché, grand et pompeux sujet.
Le vicomte
Tant pis, le sérieux en moins de rien m'ennuie.
Et n'y joindrez-vous point quelque Crispinerie ?
J'aime tous les Crispins.
Le comedien
Vous en aurez le choix.
Le vicomte
J'ai vu le médecin, je crois, plus de cent fois.
Ce pendu qu'on étale sur la table, il m'enchante.
Le marquis
C'est avecque justice.
Le vicomte
Et cet autre qui chante,
Le vers suivant n'a pas de correspondant pour la rime.
Fa, sol fa, sol fa, ré, mi, fa,
Quand il entonne ainsi son ré, mi ; fa, je ris…
La comtesse
Vraiment.
Olympe
Il a toujours ses endroits favoris.
La comtesse
Pour ne point perdre temps, voulez-vous que je fasse
Mettre ici le théâtre, où j'ai marqué sa place.
La comtesse
On dit qu'il est joli, voyons.
Le comedien
Notre chanteur
A quelque scène à faire avant que d'être acteur,
Vous la pourrez entendre, elle est prête. Allons vite.
Ouvrez, et que chacun de son emploi s'acquitte.
Ils prennent tous place, et ils ne sont pas plutôt assis, qu'on fait rouler vers eux un Théâtre dont le devant est orné d'un fort beau tapis où pend une très riche campane. Ce théâtre représente une chambre. Au-devant des deux premiers pilastres qui sont de chaque côté, il y a deux guéridons faits en Maures, portant chacun une girandole. Au-dessus de la corniche de ces pilastres qui sont fort enrichis, on voit deux corbeilles de fleurs. La frise qui règne sur la façade, représente deux grandes Consoles d'or, avec des festons de fleurs qui ceignent le fronton ; et entre les deux consoles il y a un Rond orné d'une Bordure dorée, dans lequel on voit une médaille. La suite de la chambre est enrichie d'arcades, de pilastres, de Panneaux remplis d'ornements différents, de coloris, de festons de fleurs, de porcelaines, de vases d'or, d'argent et de lapis, et d'ovales percées à jour. Dans cinq arcades ou niches, qui sont d'azur rehaussé d'or, on voit cinq Statues toutes d'or, représentant des Amours ; et dans le fond de la chambre il y a encore deux guéridons comme les premiers, garnis pareillement de Girandoles. De fort riches ornements en embellissent le plafond ; Il est percé en cinq endroits, d'où sortent cinq Lustres. Plusieurs esclaves magnifiquement vêtus marchent au-devant de ce théâtre, et semble le conduire quand il s'avance.
Le vicomte
L'invention est drôle. Un théâtre roulant !
La comtesse
J'admire de le voir si propre, si galant.
Le chevalier
La décoration en est bien entendue.
Olympe
Sans doute, elle a de quoi satisfaire la vue.
Le vicomte
S'ils prenoient le Marais que la Roque a laissé,
Les troupes de Paris auroient le nez cassé.
Un Maure paroît sur le petit théâtre, et chante ces vers.
Amour, à qui tout est possible,
Enflamme, anime tout ; et pour mieux faire voir
Qu'il n'est rien pour toi d'invincible,
Fais aimer cette insensible
Qui se rit de ton pouvoir…
En même temps quatre amours sortent de leurs niches, et dardent leurs flèchent vers la comtesse ; après quoi le même Maure chante ce refrain avec une femme Maure.
L'amour punit les cruelles,
Aimez pour fuir son courroux.
Le maure
(seul.)
Que pourroit servir aux Belles
D'avoir des charmes si doux,
S'ils n'étoient faits que pour elles ?
Tous deux ensemble.
L'amour punit les cruelles,
Aimez pour fuir son courroux.
La femme maure
(seule.)
Soyez tendres et fidèles,
Il s'armera contre vous,
Si vous faites les rebelles.
Tous deux ensemble.
L'amour punit les Cruelles,
Aimez pour fuir son courroux.
La comtesse
On nous trompe ; et jamais comédiens qui passent
N'eurent cet appareil.
Olympe
Ceux-ci vous embarrassent ?
La comtesse
Non, je découvre assez que tout est concerté.
La Fête finira par cette nouveauté.
Mais enfin les Acteurs que l'on nous fait connoître,
Comédiens, ou non, commencent à paroître.
Il faut les écouter.
Le vicomte
Soyons donc écoutants ;
Mais j'en tiens, s'il les faut écouter bien longtemps.
On joue les trois Scènes suivantes sur le petit Théâtre.
La pièce "Stilicon" de Thomas Corneille est une tragédie historique en cinq actes qui se déroule dans la Rome antique et met en scène des intrigues politiques, des trahisons, des...
La pièce "Persée et Démétrius" de Thomas Corneille est une tragédie en cinq actes qui explore les thèmes de la rivalité familiale, de l’ambition politique, de la jalousie et des...
La pièce "Les Illustres Ennemis" de Thomas Corneille est une tragédie en cinq actes qui explore des thèmes classiques tels que l'honneur, l'amour contrarié, la vengeance, et les tensions familiales....
La pièce "Le Galant doublé" de Thomas Corneille est une comédie qui repose sur des quiproquos, des déguisements et des intrigues amoureuses. L’histoire tourne autour de Dom Fernand, un jeune...
La pièce "Le Festin de pierre", écrite par Thomas Corneille et créée en 1677, est une adaptation en vers de la célèbre comédie "Dom Juan" de Molière (1665). Elle raconte...