(LE CHEVALIER, OLIMPE, MELISSE)
Le chevalier
Madame, apprenez-moi quel espoir m'est permis.
Mon chagrin ne peut plus se forcer au silence ;
Je vous vois, vous retrouve après un mois d'absence,
Et vous me recevez d'un air froid, sérieux…
Olympe
Je rêve, et j'en ai pris l'habitude en ces lieux.
À me bien divertir quelques soins qu'on emploie,
Il y manque toujours quelque chose à ma joie.
La Campagne n'a point les charmes de Paris.
Le chevalier
Paris a des beautés dont on peut être épris ;
Mais enfin je n'en veux pour Juge que vous-même.
On ne regrette rien quand on voit ce qu'on aime,
Et vous n'envieriez pas les plaisirs les plus doux,
Si vous étiez pour moi, ce que je suis pour vous.
Olympe
Je croyois n'être pas obligée à vous rendre
Le même empressement que l'Amour vous fait prendre,
Et qu'il m'étoit permis, en recevant vos soins,
De vous trouver sensible, et de l'être un peu moins.
Le chevalier
Quelle réponse, hélas ! C'est donc tout ce qu'emporte
Cette parfaite ardeur…
Olympe
Je l'avoue, elle est forte,
Vos feux par ces devoirs m'ont été confirmés ;
Mais de grâce, est-ce vous, ou moi, que vous aimez ?
Je parois à vos yeux bien faite, belle, aimable,
Vous me cherchez, de quoi vous suis-je redevable ?
Forcez-vous en cela votre inclination ?
Et quand vous me parlez d'ardeur, de passion,
Si le secret penchant qui pour moi vous inspire,
Ne vous attiroit pas autant qu'il vous attire,
Ne trouvant rien en moi qui pût vous enflammer,
Pour mes seuls intérêts me pourriez-vous aimer ?
De vos prétentions voyez l'abus extrême.
Parce que je vous plais, il faut que je vous aime,
Et je dois vous payer de la nécessité
Qui vous tient malgré vous dans mes fers arrêté.
Tâchez de les briser, si leur poids vous étonne ;
Sinon, mon cœur est libre, attendez qu'il se donne,
Et quoi que enfin pour vous sa conquête ait d'appas,
N'exigez point de lui ce qu'il ne vous doit pas.
Le chevalier
Ah, contre mon amour je vois ce qui s'apprête.
On veut…
Olympe
Finissons-là, j'ai quelque chose en tête,
Et comme je vous crois généreux et discret,
Je veux bien avec vous n'en pas faire un secret.
L'Inconnu par ses soins offre ici son Hommage,
À lui vouloir du bien quelque intérêt m'engage.
Le chevalier
Qu'entends-je ? L'Inconnu ! Madame, l'aimez-vous ?
Me quittez-vous pour lui ? Sera-t-il votre Époux ?
Vous a-t-il fait parler ?
Olympe
Voilà de la jalousie
Comme souvent sans cause on a l'âme saisie.
Le chevalier
Il est galant, je vois que vous en faites cas,
Vous dédaignez mes voeux, et je ne craindrois pas ?
Olympe
Non, puisque si pour lui ma bonté s'intéresse,
Ce n'est que pour lui faire épouser la Comtesse.
Le chevalier
Favorable assurance ! En des maux si pressants,
Pardonnez si d'abord l'Inconnu…
Olympe
J'y consens,
Mais à condition que pour servir sa flamme
Vous verrez la Comtesse, et ferez…
Le chevalier
Moi, Madame !
Le Marquis qui l'adore est mon ami.
Olympe
Fort bien.
Le Marquis vous est tout, et je ne vous suis rien.
Le chevalier
Madame…
Olympe
À l'Amitié l'on doit un cœur fidèle,
Prompt, ardent ; pour l'Amour, c'est une bagatelle.
Le chevalier
Mais si du Marquis…
Olympe
Non, faites-vous son appui,
Je veux bien qu'il l'emporte, et vous laisse avec lui.
Adieu.
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