(LA COMTESSE, OLIMPE, DEUX ENFANTS REPRESENTANTS L'AMOUR ET LA JEUNESSE, VIRGINIE, MELISSE, UN MORE)
(DIALOGUE DE L'AMOUR ET DE LA JEUNESSE.)
L'Amour
Vous voyez l'Amour et la Jeunesse,
Qui viennent admirer la charmante Comtesse,
Et lui dire à l'envi qu'être de ses plaisirs,
Fait l'unique bonheur qui flatte leurs désirs.
La comtesse
Et qui les a conduits ?
Virginie
Ce More qui jargonne
Certains mots qui ne sont entendus de personne.
Ils sont tous deux entrés, demandant à vous voir.
Olympe
C'est encor l'Inconnu.
La comtesse
Nous allons le savoir.
L'Amour
Nous n'avions pas besoin que l'on nous vînt conduire,
Et d'eux-mêmes jusqu'à ce jour
Jamais dans aucun lieu la Jeunesse et l'Amour
N'ont eu de peine à s'introduire.
Olympe
L'aimable couple !
La comtesse
Il n'est rien de si beau.
Olympe
De leur petite mascarade
Le dessein est assez nouveau.
La comtesse
Il faut les écouter, car je me persuade
Qu'ils nous vont de l'Amour faire un joli tableau.
La jeunesse
Quoique vous nous voyiez ensemble,
C'est assez rarement que nous sommes d'accord.
L'Amour
Comme tout me cède, il me semble
Que me céder aussi ne vous feroit pas tort.
La jeunesse
Moi, vous céder ! Et pourquoi, je vous prie ?
Si vous avez des charmes assez doux,
Qui plaisent en coquetterie,
Je me fais aimer plus que vous.
Jamais je ne quitte personne,
Qu'on ne s'en fasse un dur tourment.
Hélas ! Dit-on, faut-il si promptement
Que la Jeunesse m'abandonne ?
Mais quand le noir chagrin de vos transports jaloux
Force deux Coeurs à la rupture,
On y trouve un repos si doux
Qu'on vous laisse aller sans murmure ;
Et je ne sache que les Fous,
Qui mal guéris de leur blessure,
Veuillent renouer avec vous.
L'Amour
Et quand on ne rompt point est-il douceurs pareilles ?
La jeunesse
C'est un miracle dont le bruit
Vient rarement à mes oreilles ;
Mais regardons le dégoût qui le suit.
Ce n'est pas comme la Jeunesse
Qui se trouve aimable en tout temps.
Vous n'avez point d'agrément qui ne cesse,
Pour peu que vous alliez au-delà du Printemps.
Quand l'âge vient, la belle chose
Que les soupirs de deux Amants Barbons !
À quoi peuvent-ils être bons
Qu'à plaindre leur métamorphose ?
Ce n'est plus en douceurs qu'ils passent tout le jour.
L'un dort tandis que l'autre gronde,
Et jamais on ne vit au monde
Rien de si sot qu'un vieil amour.
L'Amour
De vos jeunes attraits vous faîtes bien la fière.
La jeunesse
On la feroit à moins ; partout je saute aux yeux.
On me nomme partout des Beautés la première,
Et c'est en quoi sur vous je l'emporte encor mieux.
Car enfin pour me vaincre, employez ruse, adresse,
Cherchez, artifice, détours :
Il n'est point de laide Jeunesse,
Mais il est de vilains Amours.
L'Amour
Vous croyez que je me chagrine,
De vous voir ravaler mes droits ?
La jeunesse
Il n'est pas défendu de faire bonne mine,
Quoiqu'on enrage quelquefois.
Pour moi, je n'aime que la joie,
Et malgré nos débats qui durent trop longtemps,
Il faut qu'à danser je m'emploie.
L'Amour
Danser ! Ignorez-vous qu'on a…
La jeunesse
Je vous entends,
Mais je puis tout comme Déesse.
En vain on croiroit m'arrêter.
D'ailleurs, rien ne sauroit contraindre la Jeunesse
Et qui voudroit l'empêcher de sauter,
La feroit mourir de tristesse.
L'Amour
Songez-y bien, j'appréhende pour vous.
La jeunesse
Chacun doit soutenir son Rôle.
L'Amour
Il est vrai, la Jeunesse est toujours un peu folle,
Et l'on ne prend pas garde aux Fous.
Olympe après que la Jeunesse a dansé un Menuet.
La cadence à trouver ne lui fait point de peine.
La comtesse
Elle est née à la Danse, et peut s'en faire honneur.
L'Amour au More qui l'a amené.
Tandis qu'elle reprend haleine,
Approchez, notre Conducteur,
C'est à vous d'entrer sur la Scène.
(CHANSON ITALIENNE DU MORE.)
Occhi neri, il cui splendore
Hora uccide, hora dà vita ;
Al mio cuore
Che si muore
Deh, pietosi date vita.
Quel sol di giovintù ch'in voi risplende,
Quei raggi ridenti onde ogn'un s'accende,
V'insegnano, non gia rigore.
Occhi neri, il cui splendore
Hora uccide, hora dà vita ;
Al mio cuore
Che si muore
Deh, pietosi date vita.
Con sguardi lusinghieri, strali di fuoco
Begli occhi, nel petto colto m'havete.
S'aiuto certese non mi porgete,
Ahira, ch'io vo morendo à poco à poco.
Su, su, dunque, che fate,
Pupille adorate ?
Con sguardo amoroso,
Non piu disdegnoso,
La plaga sanate
D'un' alma ferita.
Ahi che troppo tardata.
E che non mirate
Che gie nel mio seno
Lo spirto vien meno,
E sta su l'usteta.
Occhi neri, il cui splendore
Hora uccide, hora dà vita ;
Al mio cuore
Che si muore
Deh, pietosi date vita.
Olympe
En toute Langue on vous dit des douceurs.
La comtesse
Ignorant qui me les adresse,
Ce sont d'assez vaines ardeurs ;
Mais laissons parler la Jeunesse.
La jeunesse
Et bien, de moi que dites-vous, Amour ?
L'Amour
À danser, à sauter employez tout le jour,
Cela n'a rien qui m'intéresse ;
Mais puisque aucun de nous n'est d'humeur à céder
Il faut du moins nous accorder,
Pour louer dignement cette belle Comtesse.
La jeunesse
La louer ? Ce n'est point mon fait.
Je ne pourrois assez élever son mérite,
Et j'aime mieux en être quitte
Pour ma guirlande et ce Bouquet.
Prenez ; d'une Déesse il n'est rien qu'on refuse.
L'Amour
Pour moi, qui cherche à voir tous les Coeurs sous ses lois,
Je sais comme il faut que j'en use, et veux mettre à ses pieds mon Arc et mon Carquois.
Olympe
(, reprenant le carquois de l'Amour, d'où elle tire un billet parmi les flèches.)
Qu'il est bien fait ! Mais Dieux ! À l'aimable Comtesse.
Madame, c'est à vous que ce billet s'adresse.
À l'aimable Comtesse.
La comtesse
Lisons.
Olympe
De l'Inconnu j'admire le talent,
Tout ce qu'il fait enchante.
La comtesse
Il n'est rien de plus galant.
Billet
Quoique ma passion extrême
Me fasse un souverain bonheur
Du plaisir de vous dire à quel point je vous aime,
Permettez que l'Amour vous parle en ma faveur,
Avant que je parle moi-même.
J'ose attendre beaucoup d'un entretien si doux.
Eh, qui sait mieux que lui ce que je sens pour vous ?
Olympe
C'est s'exprimer avec tendresse.
La comtesse
On dit plus qu'on ne sent ; mais je veux à mon tour
Faire présent à la Jeunesse.
(La comtesse lui donne un diamant.)
La jeunesse
J'accepte cette bague, attendant l'heureux jour
Où vous saurez pour qui je m'intéresse.
La comtesse
Je ne donne rien à l'Amour ;
Il se vante, et je crains ses contes ordinaires.
L'Amour
Par lui-même l'Amour trouve à se contenter
Et tant qu'il se fait écouter,
Il n'est pas mal dans ses affaires.
L'amour et la Jeunesse s'en vont avec le More.
Olympe
On les a bien instruits.
La comtesse
Tâche à les amuser,
Virginie
Les Enfants n'aiment point à se taire, Et de notre Inconnu par eux…
Laissez-moi faire.
En badinant je les ferai jaser.
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