ACTE quatrième - Scène VI
(SALOMITH LE CHŒUR.)
TOUT LE CHŒUR (CHANTE.)
Partez, enfants d'Aaron, partez :
Jamais plus illustre querelle
De vos aïeux n'arma le zèle.
Partez, enfants d'Aaron, partez :
C'est votre roi, c'est Dieu pour qui vous combattez.
UNE VOIX (, seule.)
Où sont les traits que tu lances,
Grand Dieu, dans ton juste courroux ?
N'es-tu plus le Dieu jaloux ?
N'es-tu plus le Dieu des vengeances ?
UNE AUTRE
Où sont, Dieu de Jacob, tes antiques bontés ?
Dans l'horreur qui nous environne,
N'entends-tu que la voix de nos iniquités ?
N'es-tu plus le Dieu qui pardonne ?
TOUT LE CHŒUR
Où sont, Dieu de Jacob, tes antiques bontés ?
UNE VOIX (, seule.)
C'est à toi que dans cette guerre
Les flèches des méchants prétendent s'adresser.
"Faisons, disent-ils, cesser
Les fêtes de Dieu sur la terre ;
De son joug importun délivrons les mortels,
Massacrons tous ses saints, renversons ses autels,
Que de son nom, que de sa gloire
Il ne reste plus de mémoire,
Que ni lui ni son Christ ne règnent plus sur nous."
TOUT LE CHŒUR
Où sont les traits que tu lances,
Grand Dieu, dans ton juste courroux ?
N'es-tu plus le Dieu jaloux ?
N'es-tu plus le Dieu des vengeances ?
UNE VOIX (, seule.)
Triste reste de nos rois,
Chère et dernière fleur d'une tige si belle,
Hélas ! sous le couteau d'une mère cruelle
Te verrons-nous tomber une seconde fois ?
Prince aimable, dis-nous si quelque ange, au berceau,
Contre tes assassins prit soin de te défendre,
Ou si dans la nuit du tombeau
La voix du Dieu vivant a ranimé ta cendre.
UNE AUTRE
D'un père et d'un aïeul contre toi révoltés,
Grand Dieu, les attentats lui sont-ils imputés ?
Est-ce que sans retour ta pitié l'abandonne ?
TOUT LE CHŒUR
Où sont, Dieu de Jacob, tes antiques bontés ?
N'es-tu plus le Dieu qui pardonne ?
(Une des filles du chœur, sans chanter.)
Chères sœurs, n'entendez-vous pas
Des cruels Tyriens la trompette qui sonne ?
SALOMITH
J'entends même les cris des barbares soldats,
Et d'horreur j'en frissonne.
Courons, fuyons, retirons-nous
À l'ombre salutaire
Du redoutable sanctuaire.