Phénice
Quoi, sans qu'à la pitié vous ayez pu vous rendre,
Vous avez de nouveau refusé de l'entendre,
Et je vois tout à coup chanceler ce courroux…
Érixène
Souffre un peu de relâche à mon esprit jaloux ;
De mes feux mal éteints ma raison peu maîtresse
Eût peut-être à ses yeux exposé ma foiblesse.
Ses plaintes, ses soupirs auroient pu m'émouvoir,
Et pour fuir ce péril, j'ai dû ne le plus voir ;
Mais si de ce dehors la trompeuse apparence
Du courroux qui m'anime étale l'arrogance,
La fierté qui me livre à ses transports ardents,
Me peut-elle affranchir des troubles du dedans ?
Comme pour un grand cœur il n'est rien de si rude
Qu'un beau feu lâchement payé d'ingratitude,
D'abord sans voir l'abîme où nous portons nos pas,
Tout ce qui nous en venge est pour nous plein d'appas ;
Mais cette vive ardeur dont nous goûtons l'amorce,
Au point d'exécuter perd beaucoup de sa force,
L'Amour parle, et le cœur malgré tout son dépit
Se sent toujours forcé d'écouter ce qu'il dit ;
Non qu'à mes yeux du Prince il dérobe le crime,
Je vois de son orgueil quelle fut la maxime,
Et qu'en vain de sa foi j'oserois me flatter,
Si Didas pour sa fille eût voulu l'accepter,
Ma gloire à l'en punir est trop intéressée,
Il le faut, je le dois ; mais j'épouse Persée,
Et quelque trahison dont il se soit noirci,
C'est m'en venger sur moi que le punir ainsi.
Phénice
J'ai prévu ce remords, mais de quoi qu'il vous flatte,
Prête d'aller au Temple est-il temps qu'il éclate ?
Dans ce Temple déjà pour tout le monde ouvert,
Le grand Prêtre…
Érixène
Ah, c'est là que ma raison se perd.
Si je ne touchois pas à l'heure infortunée
Où se doit achever ce funeste hyménée,
J'en croirois de nouveau l'impatient courroux
Qui porta ma vengeance à choisir un Époux.
Pour punir mon Ingrat du choix qu'il me préfère,
De nouveau je voudrois me promettre à son frère,
Par cet affreux hymen combler son désespoir,
Au moins, Phénice : , au moins je croirois le vouloir.
Mais quand le coup approche, et qu'il faut sans remise
Donner aux yeux de tous la foi que j'ai promise,
Dans l'horreur qui s'oppose à ce don de ma foi,
Je ne répondrois pas de l'obtenir de moi.
Si ton zèle jamais parut pour ta Princesse,
Sauve-la du péril de montrer sa foiblesse,
Prends pitié de sa gloire, et sans trop m'engager,
Tire-moi de l'abîme où j'ai su me plonger.
Cherche Démétrius ; si ma rigueur le pique,
Fais si bien qu'avec toi son désespoir s'explique.
S'il menace, il suffit pour ne rien achever
Tant qu'on ait prévenu ce qui peut arriver,
Quelque retardement paroîtra nécessaire ;
Et j'aurai tout gagné pourvu que l'on diffère.
Phénice
Mais, Madame, songez…
Érixène
Je vois Antigonus,
Va, tu me donnerois des avis superflus.
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