Philippe
Madame, enfin du Ciel la bonté Souveraine
De deux Frères jaloux semble étouffer la haine,
Et j'ai lieu d'espérer qu'un plus heureux destin
À leurs divisions va mettre quelque fin.
Contre Démétrius sur de vaines maximes
Le défiant Persée a trop cru de faux crimes,
Et le seul dont j'ai vu la fuite à redouter,
C'est l'appui qu'aux Romains on lui faisoit prêter ;
Mais l'hymen où contre eux un vrai zèle l'engage,
De sa fidélité me doit être un sûr gage,
Et de cette union les favorables nœuds
Par la foi de Didas m'assurent tous ses voeux.
Ainsi loin qu'il me reste à craindre un fils rebelle…
Érixène
Seigneur, j'ai déjà su cette grande nouvelle,
Et c'est avec plaisir qu'après tant de souhaits,
Où le trouble a régné, je vois régner la paix.
Philippe
Pour n'en revoir jamais la douceur en balance,
Achevez aujourd'hui ce que le Ciel commence,
Et daignant de Persée autoriser l'espoir,
Du Sceptre qui l'attend partagez le pouvoir.
Rome par cet hymen, à quoi qu'elle s'apprête,
Perdra l'injuste droit de régler ma conquête,
Et se verra forcée après tant de débats,
De voir la Thrace entière unie à mes États.
Érixène
Quoi que du sort jaloux l'injuste violence
En ait soumis l'Empire à votre obéissance,
Rendant ce que je dois à l'éclat de son sang,
J'ai cru pouvoir garder tout l'orgueil de mon rang
C'est sur ce noble orgueil que tant de fois pressée,
D'accepter et le cœur et la main de Persée,
D'un œil indifférent j'ai semblé toujours voir
La gloire qui par là s'offroit à mon espoir.
Jalouse de l'éclat du trône où je suis née,
Je voulois y rentrer avant cet hyménée,
Et qu'on ne pût penser que le don de ma foi
Eût moins suivi mon choix que les ordres d'un Roi.
Si de tels sentiments sont d'une âme trop vaine,
Peut-être sont-ils beaux dans celle d'une Reine,
Et leur fierté n'a rien qu'on me vit démentir
Si vos dissensions m'y laissoient consentir ;
Mais enfin dans le trouble où Rome vous expose
J'en hais trop les effets pour en nourrir la cause,
Et vouloir que par moi, sur des droits incertains,
Les ordres du Sénat traversent vos desseins.
C'est de là que j'ai vu par des motifs contraires
La discorde à vos yeux ouverte entre deux Frères,
Et mon cœur, quand leur haine est prête à s'apaiser,
Pour seconder vos soins n'a rien à refuser.
Philippe
Que Persée est heureux, et qu'après tant d'alarmes
Un aveu si propice aura pour lui de charmes !
Mais comme un prompt succès dans de si grands desseins
Met un plus sûr obstacle aux malheurs que je crains,
Pour voir plutôt le calme éloigner la tempête,
Quoi que vos ordres seuls…
Érixène
Ma main est toute prête,
Seigneur, et dès demain il ne tiendra qu'à vous
Qu'un hymen glorieux n'en fasse mon Époux,
Je vois vos intérêts, et de quelle importance
De Didas contre Rome est pour vous l'alliance,
Et si par politique, ou par légèreté,
Démétrius osoit en rompre le Traité,
Après ce que de moi Persée a voulu croire
Je veux être en état qu'on respecte ma gloire,
Et que ce changement ne se puisse imputer
À l'espoir dont ma main auroit pu le flatter.
Philippe
Ô d'un charmant espoir agréable surprise !
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