L'An mil cinq cens contant quarante et sis,
Dans ses cheveus une beauté cruelle
(Ne sai quel plus, las, ou cruelle, ou belle)
Lia mon cœur de ses graces épris.
Lors je pensoi, comme sot mal apris,
Né pour souffrir une peine immortelle,
Que les crespons de leur blonde cautelle
Deus ou trois jours sans plus me tiendroient pris.
L'an est passé, et l'autre commence ores,
Où je me voi plus que devant encores
Pris dans leurs rets : et quand par fois la mort
Veut délacer le lien de ma peine,
Amour tousjours pour l'ennoüer plus fort,
Oint ma douleur d'une esperance vaine.