HERMANCE, ERNEST, puis KRAMPACH, puis MARJAVEL
ERNEST
(se levant.)
Ah ! nous l'avons échappé belle.
KRAMPACH
(entre avec une lettre pareille à celle qu'il a remise à JOBELIN.)
C'est pour le monsieur qui connaît le fiacre 2114.
HERMANCE
Le fiacre !
ERNEST
(vivement.)
C'est pour moi !
HERMANCE
Que peut-il vouloir? Voyez… voyez vite!…
ERNEST
(lisant.)
"Cancre!…"
KRAMPACH
II l'a déjà dit.
ERNEST
Tu dis?…
KRAMPACH
Je dis : il l'a déjà dit.
ERNEST
(va lire, il voit KRAMPACH qui écoute, il le repousse; celui-ci va à la cheminée et range, puis revient s'appuyer sur le secrétaire en faisant toujours ses comptes. )
"Tu crois qu'on peut se promener avec une petite dame et ne donner que vingt-cinq centimes au cocher comme les gens vertueux?" (Parlé.)
Je croyais lui en avoir donné cinquante. (Lisant.)
"Si tu ne m'envoies pas mille francs avant une demi-heure, je t'en demanderai trois mille." (Parlé.)
Le misérable! où est ma canne?…
HERMANCE
Y pensez-vous ?… Il faut payer… tout de suite…
ERNEST
Mais c'est du chantage.
HERMANCE
Préférez-vous un scandale?…
ERNEST
Non !… (Allant au secrétaire, il repousse KRAMPACH, qui retourne à la cheminée.)
Je ne sais pas si j'ai la somme. (Il tourne la clef du secrétaire, puis donne un coup de poing, le secrétaire s'ouvre; cherchant dans les tiroirs, à part.)
Eh bien… mais j'avais un billet… on a ouvert ce secrétaire… c'est quelqu'un qui connaît le coup de poing.
HERMANCE
Eh bien?…
ERNEST
(revenu à HERMANCE, et prenant l'argent qu'il a dans sa poche.)
Je n'ai que trentetrois francs.
HERMANCE
Ah ! mon Dieu ! (Ouvrant son porte-monnaie.)
Et moi dix!
ERNEST
Ça fait quarante-trois. (A KRAMPACH.)
As-tu neuf cent cinquante-sept francs sur toi ?
KRAMPACH
(se fouillant avec gravité.)
Je vais voir.
HERMANCE
(bas.)
Mon mari !
ERNEST
(de même.)
Marjavel ! (A KRAMPACH.)
C'est bien… plus tard.
MARJAVEL
(entrant de gauche.)
Impossible de mettre la main sur le balai… (A ERNEST.)
Avez-vous trouvé?…
KRAMPACH
(répondant à MARJAVEL.)
J'ai vingt-cinq centimes, et treize sous dans ma malle.
MARJAVEL
(le repoussant.)
Eh bien, qu'est-ce que ça nous fait?
KRAMPACH
C'est pour monsieur… il y a quelqu'un qui attend…
ERNEST
Oh ! rien !… une note qu'on me réclame.
KRAMPACH
Neuf cent cinquante-sept francs…
ERNEST
(à KRAMPACH.)
C'est bien… je payerai plus tard…
MARJAVEL
Pourquoi plus tard?… Qu'est-ce qui est là?
KRAMPACH
C'est Kuissermann.
ERNEST
(vivement.)
Un tailleur… (A KRAMPACH.)
Dites que je passerai, je n'ai pas la somme sur moi.
MARJAVEL
(tirant son portefeuille.)
Eh bien, est-ce que je ne suis pas là?…
ERNEST
Vous?… Ah! non, par exemple!…
MARJAVEL
Ernest !… (Le serrant dans ses bras)
vous me faites de la peine; je me croyais votre ami…
ERNEST
(embarrassé.)
Certainement, mais…
MARJAVEL
Allons ! ne faites donc pas l'enfant ! (Il passe et donne un billet à KRAMPACH)
Tiens, porte ça à ce tailleur.
ERNEST
(à part.)
C'est lui qui paye… c'est dur à avaler pour un galant homme !
KRAMPACH
(à part.)
Je vas le serrer avec l'autre billet… (Écrivant sur son carnet.)
Cinq cents francs… plus mille francs… plus les intérêts…
MARJAVEL
(à KRAMPACH.)
Eh bien, qu'est-ce que tu fais là?…
KRAMPACH
J'y vais, monsieur… je vas le porter… (A part.)
Je ne pourrai jamais faire ce compte-là !
(Il sort à droite.)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...