ERNEST, puis JOBELIN, puis KRAMPACH
ERNEST
(seul, boutonnant son habit.)
Allons !… c'est une affaire !… j'aime mieux ça, j'en ai assez de cette vie de soubresauts. (Imitant la voix d'HERMANCE.)
"Nous sommes perdus !" nous sommes sauvés ! (Il va ouvrir la porte de gauche, deuxième plan.)
Monsieur, je suis à vos ordres!…
JOBELIN
(sortant; il tient un aquarium.)
Merci, mon ami, tu es bien bon…
ERNEST
Mon oncle!…
JOBELIN
Tu es donc réveillé ?
ERNEST
(à part.)
II n'a rien entendu.
JOBELIN
Ils ne sont plus nourris, ces pauvres poissons rouges… je les promène un peu… Ah ! de mon temps !… Donne-moi du biscuit.
(Il lui met l'aquarium sur les bras.)
ERNEST
Où voulez-vous que j'en prenne?
JOBELIN
(allant à la table de gauche, et ouvrant le tiroir.)
J'en avais toujours là… il y en a encore.
ERNEST
Alors, mon oncle, c'est pour ça que vous êtes venu me voir?
KRAMPACH
(entrant de droite.)
En v'là un n'hasard !
ERNEST
Qu'est-ce que c'est?
JOBELIN
(passant vivement entre eux.)
Krampach ! je suis à toi.
(Il pousse ERNEST, qui tient l'aquarium et le pose sur la table de gauche.)
KRAMPACH
(à part sur le devant. ERNEST et JOBELIN s'occupent à gauche des poissons, ilsleur donnent du biscuit.)
J'ai retrouvé mon filou… Kuissermann!… c'est le cocher… le numéro
2114; j'allais lui remettre le billet de cinq cents francs, lorsqu'il m'est venu une idée… honorable, je lui ai dit: "Pas de réponse!…" et j'ai gardé les cinq cents francs à compte.
JOBELIN
(revenant, à Krampach.)
Eh bien, qu'a-t-il répondu?…
KRAMPACH
II a répondu : "Ah ! c'est comme cela… Eh bien, je reviendrai !…"
JOBELIN
Comment ! il reviendra !
KRAMPACH
(tirant un vieux carnet de sa poche.)
Faut que je fasse mes comptes !…
ERNEST
(occupé des poissons, se retournant.)
Qu'avez-vous donc, mon oncle?…
JOBELIN
(très agité.)
Moi ? rien !… (A part.)
Il reviendra !… Je cours chez mon banquier…(Haut.)
Adieu!…
(Il sort par la gauche, pan coupé.)
KRAMPACH
(à ERNEST.)
Monsieur, je voudrais vous demander un service, à vous qu'êtes un homme capable.
ERNEST
Capable de quoi?…
KRAMPACH
Vous êtes capable.
ERNEST
Voyons, parle.
KRAMPACH
Cinq mille francs, moins cinq cents francs… plus les intérêts pendant un an, six mois et vingt-trois jours… plus un jour d'intérêt en moins qui est aujourd'hui… combien que ça fait?…
ERNEST
Qu'est-ce que tu me chantes là?…
KRAMPACH
Je vas recommencer… cinq mille francs…
ERNEST
Va te promener… tu m'ennuies.
KRAMPACH
C'est bien la peine d'être un homme capable. (Il sort en faisant son compte.)
Cinq mille francs moins cinq cents francs… plus les intérêts… je ne peux pas faire ce compte-là.
(ERNEST le pousse vivement. Il disparaît à gauche.)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...