PETUNIA puis JOBELIN
PETUNIA
(seule.)
Eh bien, elle est forte, Madame !… et voilà Monsieur qui me fait des compliments !
JOBELIN
(entrant du fond avec une bouteille et un bouquet de rosés.)
Marjavel est-il chez lui ?
PETUNIA
Monsieur Jobelin !… je vais le prévenir de votre arrivée.
(Elle sort, par le pan coupé gauche.)
JOBELIN
(seul; il dépose le bouquet et la bouteille sur le divan.)
Je viens souhaiter la fête à
Marjavel; c'est une habitude que j'ai contractée du temps de sa première femme… Je ne puis entrer dans ce salon sans être ému… Il m'est permis de jeter un regard mélancolique sur le portrait de cette pauvre Mélanie. (S'adressant au portrait d'HERMANCE.)
On t'a remplacée, pauvre femme !… au bout d'un an et trois jours !… On oublie si vite !… ô époque voltairienne ! (Allant au portrait, le regardant.)
Mais me voici, moi… (S'arrêtant.)
Ah! non, c'est la seconde… (Il retourne le portrait, côté Mélanie.)
Me voici ! je viens accomplir mon pieux pèlerinage… chère Mélanie !… nous fûmes bien coupables. (S'adressant au portrait de MARJAVEL qui est de l'autre côté.)
Nous t'avons trompé, Marjavel !… homme excellent !… homme parfait !… homme admirable !…
Je n'ai pas de remords, parce que je me repens… (Il revient en scène.)
Et si je me repens, c'est qu'elle n'est plus là… Sans cela!… pauvre amie !… c'est moi qui ai suggéré à Marjavel l'idée de la faire peindre derrière l'autre… La dernière fois que nous nous vîmes, nous étions en fiacre… elle avait une peur d'être reconnue qui la rendait charmante… elle se cachait derrière un éventail qu'elle était censée avoir gagné à la loterie… La loterie, c'était moi !… Pauvre enfant ! tout me la rappelle ici… (Il soupire en regardant le divan, puis va à la cheminée.)
J'avais eu l'idée machiavélique d'offrir à Marjavel cette pendule à tête de cerf… pour sa fête. C'est là-dedans que nous cachions notre correspondance… (Il ouvre.)
Hein?… un billet ! un ancien qui est resté… (Il ouvre le billet, et vient en scène.)
Quelle imprudence !… écrit d'une main tremblante… c'est bien(ça… elle tremblait toujours. Lisant.)
"Un grand malheur nous menace… le cocher du fiacre nous a reconnus, il nous épie, il porte le n° 2114. Tâchez de le voir… j'ai le pressentiment que ce fiacre nous portera malheur." (Parlé. Elle était bébête avec ses pressentiments !… Je me rappelle qu'un jour elle avait rêvé d'un chat noir… et elle prétendait que c'était le commissaire de police.)
PETUNIA
(entrant.)
M. Marjavel vous attend.
(Elle sort par la droite.)
JOBELIN
(reprenant sa bouteille et son bouquet.)
Ah ! très bien, je vais lui offrir un bouquet de roses et une bouteille de rhum de 1789… il n'y en a qu'une au monde.
(Il sort.)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...