ERNEST, HERMANCE
HERMANCE
(entrant vivement de gauche et très agitée .)
Ah ! vous voilà ! je vous attends depuis ce matin…
ERNEST
Qu'y a-t-il ?
HERMANCE
Je n'ai qu'une minute… et mille choses à vous dire… On vient.
(Ils s'éloignent vivement l'un de l'autre.)
ERNEST
Non… remettez-vous.
HERMANCE
Voyons… je ne sais par où commencer… D'abord ma femme de chambre a des soupçons !…
ERNEST
Pétunia ?
HERMANCE
M. Marjavel voulait la renvoyer… j'ai obtenu qu'elle restât.
ERNEST
Bravo ! On ne renvoie jamais une femme de chambre qui a des soupçons…
HERMANCE
II a arrêté des Alsaciens… des gens sûrs… pour nous espionner, sans doute…
ERNEST
Oh ! quelle idée !
HERMANCE
On vient !
(Elle tombe assise, à gauche, sur le divan.)
ERNEST
(tombe assis, à droite, sur le divan ; il remonte sa montre pour se donner une contenance.)
Mais non !… c'est une voiture…
HERMANCE
(se levant.)
Une voiture !… Vous m'y faites songer… Méfiez-vous du cocher.
ERNEST
(se levant en même temps qu'HERMANCE.)
Quel cocher?…
HERMANCE
Et si l'on veut vous faire monter sur le toit… n'y montez pas, c'est très dangereux.
ERNEST
Quel toit ?
HERMANCE
Ah! j'oublie le plus important… j'ai laissé mon éventail dans le fiacre… un cadeau de mon mari.
ERNEST
Mais je suis là, moi, je l'ai trouvé et je l'ai serré dans poche de mon paletot…
HERMANCE
Alors, vite, rendez-le-moi…
ERNEST
Plus tard… Je suis allé ce matin chez mon oncle pour emprunter quelque chose… de 1789… et j'y ai oublié mon paletot.
HERMANCE
On va le trouver… nous sommes perdus !
ERNEST
Mais ne tremblez donc pas toujours… (Lui prenant la taille.)
Je suis discret… prudent…
(Le coucou laisse entendre un long échappement, puis sonne lentement deux heures.)
HERMANCE
(le repoussant.)
On vient !
(Elle tombe assise sur une chaise à gauche, près de la cheminée.)
ERNEST
(est allé s'asseoir vivement sur la chaise à droite, près du petit meuble. Après un temps.)
— C'est pas votre mari… c'est le coucou.
HERMANCE
(se levant.)
Oh ! je l'arrêterai… il me fait trop peur.
ERNEST
(même jeu.)
Ah ! c'est ennuyeux de causer comme ça, c'est à peine si nous pouvons nous voir tous les 36 du mois et nous serrer la main entre deux portes.
HERMANCE
Ah ! c'est que je ne vis pas !
ERNEST
Hier soir, je voulais vous surprendre…
HERMANCE
Comment?
ERNEST
J'ai grimpé sans bruit, le long du treillage qui est sous le balcon… Je me croyais arrivé à votre fenêtre… J'ai frappé trois petits coups… et une grosse voix m'a répondu: "Qui va là?"
HERMANCE
La chambre de ma tante !… Nous sommes perdus !
(Elle gagne vivement la droite.)
ERNEST
Mais non !… Je me suis laissé dégringoler… et tout est rentré dans le silence… Mais je reviendrai ce soir…
HERMANCE
Ce soir? Ça ne se peut pas ! Je vous le défends.
ERNEST
Pourquoi ?
HERMANCE
C'est la fête de M. MARJAVEL, et…
ERNEST
Quoi?
HERMANCE
Rien !
ERNEST
Écoutez… si la chose est possible… ouvrez la fenêtre de ce salon…
Indiquant la fenêtre, premier plan.
HERMANCE
Non… ce ne sera pas possible… partez. Il ne faut pas qu'on nous trouve ensemble. Vous reviendrez dans cinq minutes !
ERNEST
Oui… dans trois minutes. Ah ! j'oubliais. (Reprenant son bouquet et sa bouteille de rhum.)
Ah ! je suis bien heureux !
(Il sort par le fond.)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
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