Présentation de l'oeuvre
Le Chandelier, comédie en trois actes écrite par Alfred de Musset en 1835, explore les thèmes de l'amour, de la trahison et des jeux de pouvoir au sein des relations humaines. L'histoire se déroule autour de Fortunio, un jeune homme naïf et romantique, employé comme clerc dans la maison du notaire Maître André. Fortunio tombe éperdument amoureux de Jacqueline, l'épouse du notaire, sans savoir qu'elle entretient déjà une liaison secrète avec un autre homme, le capitaine Clavaroche.
Pour couvrir leur liaison et éloigner les soupçons de Maître André, Clavaroche convainc Jacqueline de se servir de Fortunio comme d’un "chandelier", c’est-à-dire d’un faux amant chargé de détourner l'attention. Innocent et sincère, Fortunio accepte avec joie ce rôle, persuadé d’être aimé par Jacqueline. Cependant, à mesure que l’histoire avance, Jacqueline commence à éprouver de réels sentiments pour Fortunio, attirée par sa pureté et sa dévotion.
Les dialogues vifs et les situations pleines de quiproquos révèlent les ambiguïtés des personnages et les contradictions de leurs émotions. Dans ce mélange de légèreté et de gravité, Musset explore les désillusions de l’amour et la vulnérabilité des cœurs sincères face aux jeux cyniques des autres. Le Chandelier est une comédie subtile et poignante qui illustre la complexité des sentiments humains et la fragilité des masques sociaux.
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ACTE PREMIER - Scène première
Extrait
(Une chambre à coucher.JACQUELINE, DANS SON LIT. ENTRE MAÎTRE ANDRÉ, EN ROBE DE CHAMBRE.)MAÎTRE ANDRÉHolà ! ma femme ! hé ! Jacqueline ! hé ! holà ! Jacqueline ! ma femme ! La peste soit de l'endormie ! Hé !...
ACTE PREMIER - Scène II
Extrait
(Un petit jardin.FORTUNIO, LANDRY ET GUILLAUME, ASSIS.)FORTUNIOVraiment, cela est singulier, et cette aventure est étrange.LANDRYN'allez pas en jaser, au moins ; vous me feriez mettre dehors.FORTUNIOBien étrange et bien admirable. Oui, quel qu'il soit, c'est un homme heureux.LANDRYPromettez-moi de n'en...
ACTE DEUXIÈME - Scène première
Extrait
(Un salon.)CLAVAROCHE(devant une glace.) En conscience, ces belles dames, si on les aimait tout de bon, ce serait une pauvre affaire, et le métier des bonnes fortunes est, à tout prendre, un ruineux travail. Tantôt c'est au plus bel endroit...
ACTE DEUXIÈME - Scène II
Extrait
(À l'étude.GUILLAUME ET LANDRY, TRAVAILLANT.)GUILLAUMEIl me semble que Fortunio n'est pas resté longtemps à l'étude.LANDRYIl y a gala ce soir à la maison, et maître André l'a invité.GUILLAUMEOui ; de façon que l'ouvrage nous reste. J'ai la main droite paralysée.LANDRYIl...
ACTE DEUXIÈME - Scène III
Extrait
(La salle à manger. MAÎTRE ANDRÉ, CLAVAROCHE, FORTUNIO ET JACQUELINE, À TABLE. On est au dessert.)CLAVAROCHEAllons ! monsieur Fortunio, servez donc à boire à madame.FORTUNIODe tout mon cœur, monsieur le capitaine, et je bois à votre santé.CLAVAROCHEFi donc ! vous...
ACTE DEUXIÈME - Scène IV
Extrait
(La chambre de Jacqueline.ENTRE FORTUNIO.)FORTUNIOEst-il un homme plus heureux que moi ? J'en suis certain, Jacqueline m'aime, et à tous les signes qu'elle m'en donne, il n'y a pas à s'y tromper. Déjà me voilà bien reçu, fêté, choyé dans...
ACTE TROISIÈME - Scène première
Extrait
(Le jardin.ENTRENT JACQUELINE ET LA SERVANTE.)LA SERVANTEMadame, un danger vous menace. Comme j'étais tout à l'heure dans la salle, je viens d'entendre maître André qui causait avec un de ses clercs. Autant que j'ai pu deviner, il s'agissait d'une embuscade...
ACTE TROISIÈME - Scène II
Extrait
(Une charmille.)FORTUNIO(seul, assis sur l'herbe.) Rendre un jeune homme amoureux de soi, uniquement pour détourner sur lui les soupçons tombés sur un autre ; lui laisser croire qu'on l'aime, le lui dire au besoin ; troubler peut-être bien des nuits...
ACTE TROISIÈME - Scène III
Extrait
(Une chambre.)JACQUELINE(seule.) Non, cela ne se fera pas. Qui sait ce qu'un homme comme maître André, une fois poussé à la violence, peut inventer pour se venger ? Je n'enverrai pas ce jeune homme à un péril aussi affreux. Ce...
ACTE TROISIÈME - Scène IV
Extrait
(La salle à manger.MAÎTRE ANDRÉ, CLAVAROCHE, FORTUNIO ET JACQUELINE, À TABLE.)MAÎTRE ANDRÉGrâce au ciel, nous voilà tous joyeux, tous réunis et tous amis. Si je doute jamais de ma femme, puisse mon vin m'empoisonner !JACQUELINEDonnez-moi donc à boire, monsieur Fortunio.CLAVAROCHE(bas.)...
