Le Galant doublé
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ACTE IV - Scène VII

Thomas Corneille

ACTE IV - Scène VII


(DOM FERNAND DOM JUAN ISABELLE BEATRIX)

BEATRIX
Et bien, voyez un peu les yeux de celui-ci.
Madame, tout de bon l'autre est-il fait ainsi,
Et si quelque rapport à douter vous engage,
Pourriez-vous lui trouver même tour de visage ?
Ce front vous semble-t-il également ouvert ?

ISABELLE
Tout augmente mon trouble, et mon esprit s'y perd ;
Mais tu doutes en vain, BEATRIX, c'est le même.

DOM FERNAND
Madame, on craint toujours quand l'amour est extrême,
Et je vous dois paroître encor inquiété
D'un fâcheux embarras qui m'a trop arrêté.
J'appréhendois chez vous de m'être fait attendre,
Mais je me trouve encor le premier à m'y rendre,
Et votre DOM FERNAND qu'on y faisoit venir,
Du moins, s'il s'en souvient, s'est laissé prévenir.

ISABELLE
DOM FERNAND est venu dégager sa parole.
Vous pouvez là-dessus poursuivre votre rôle,
Il vous laisse en état de bien l'exécuter.

DOM FERNAND
J'ai lieu d'être surpris qu'on ait pu l'arrêter.

ISABELLE
Quoi, pour votre intérêt vous voulez qu'il s'arrête,
Quand le pouvoir du Roi rend son excuse prête ?
C'est pour n'y pas céder une trop juste loi.

DOM FERNAND
Que dites-vous, Madame ? Il est mandé du Roi ?

ISABELLE
Que vous êtes adroit à bien donner le change !
Mais rien de votre part ne doit sembler au étrange,
Et la fourbe est pour vous un don si naturel…

DOM FERNAND
M'en accusez encor ! Ce reproche est cruel,
Si votre injuste erreur vous est toujours si chère,
Que rien sans DOM FERNAND ne vous peut satisfaire,
Quoi qu'il vous opposât, deviez-vous consentir,
Puisqu'il étoit chez vous, à le laisser sortir ?

ISABELLE
Le trait est si subtil, qu'il faut que je confesse
Qu'on ne peut rien conduire avec plus de justesse,
Et comme de l'EXEMPT je connoissois le nom,
J'ai cru, vous arrêtant, que c'étoit tout de bon.
Où l'avez-vous laissé ?

DOM FERNAND
Qui, Madame ?

ISABELLE
Hé de grâce,
Faites voir ailleurs vos tours de passe-passe.
L'on me dupe d'abord, mais j'en reviens soudain.

DOM FERNAND
Qu'est-ce ci ?

DOM JUAN (, à DOM FERNAND)
Remettez la partie à demain.
Aussi bien pour guérir l'erreur qui la possède,
Vous voir tous deux ensemble est l'unique remède.
Sans une telle preuve elle n'a point de foi.

DOM FERNAND
BEATRIX…

BEATRIX
Elle voit son erreur comme moi,
Mais l'obstination d'une Femme à combattre,
Est un petit Démon qui fait le diable à quatre,
Son esprit de longtemps n'en sera délivré.


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