(DOM FERNAND LEONOR JACINTE GUZMAN)
LEONOR (, à JACINTE.)
Que DOM FERNAND s'expose à venir chez mon père ?
JACINTE
Sa passion par là se croit justifier.
Il avoit su de vous qu'on veut vous marier,
Et d'ISABELLE ensuite ayant appris le reste,
Il vient chercher à rompre un hymen si funeste.
Madame, qui craint tout doit un peu hasarder.
LEONOR
Il m'en croit offensée, et n'ose m'aborder.
DOM FERNAND
M'ayant vu prêt d'entrer, GUZMAN, que dira-t-elle ?
LEONOR (, à DOM FERNAND)
De votre amour pour moi cette épreuve est cruelle,
Et je n'aurois pas cru qu'un mouvement jaloux
Vous fît payer si mal ce que j'ai fait pour vous.
Quoi que sur mon rapport vous ayez lieu de craindre
Que mon père à l'hymen ne me veuille contraindre,
Vous avez dû me croire assez de fermeté
Pour n'en redouter pas toute l'autorité.
Cependant c'est par vous que le sort m'assassine ;
Vous venez chez DOM DIÈGUE assurer ma ruine,
Et ne voulez pas voir qu'en ce pressant ennui
C'est me perdre en effet que paroître chez lui.
Qu'y venez-vous chercher, sachant ce qui se passe ?
Laissez-moi les moyens d'éviter ma disgrâce,
Et ne dédaignez pas, pour mériter ma foi,
Quand j'ose tout pour vous, de faire un peu pour moi.
DOM FERNAND
Si vous voulez, Madame, en croire l'apparence,
Le sujet qui m'amène est pour vous une offense,
Et par ce qui paroît, déclaré contre vous
J'ai mérité l'aigreur de tout votre courroux.
Je venois chez DOM DIÈGUE, et vous pouvez me dire
Qu'il semble contre soi que mon amour conspire,
Puisque m'y hasardant, je ne pouvois douter
Que le vôtre par là n'eût tout à redouter ;
Mais j'atteste le Ciel qui voit toute mon âme,
Qu'on ne brûla jamais d'une si pure flamme,
Et que quoi qu'en ordonne un destin trop jaloux,
Je périrai plutôt que n'être point à vous.
LEONOR
Un semblable serment a pour moi bien des charmes ;
Mais daignez m'épargner de puissantes alarmes,
Et pour ne me laisser aucun lieu de souci,
Sans vouloir voir DOM DIÈGUE éloignez-vous d'ici.
DOM FERNAND
J'y consens, mais pour prix d'une amour si fidèle,
Ne puis-je…
LEONOR
De ma part allez voir ISABELLE,
Et suivez un espoir qui vous est confirmé,
Si vous aimez autant que vous êtes aimé.
DOM FERNAND
Ah ! Si vous en doutez…
LEONOR
Retirez-vous, de grâce,
Mon amour vous l'ordonne, et ma crainte vous chasse ;
Être ici plus longtemps ce seroit me trahir.
Adieu.
DOM FERNAND
Vous le voulez, et je dois obéir.
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