(LEONOR DOM FERNAND JACINTE)
JACINTE
Entrez, on vous attend.
DOM FERNAND
Madame, quelle grâce,
Et pour la mériter que faut-il que je fasse ?
Accorder tant de gloire à mon ardent amour !
LEONOR
Enfin à le prouver le Ciel vous offre jour.
S'il est tel que mes yeux semblent l'avoir fait naître,
C'est à vous, DOM FERNAND, à le faire paroître.
Le temps presse, du Sort je crains les derniers coups,
Et si vous n'agissez, je ne puis être à vous.
DOM FERNAND
Ah, si de ce malheur je puis rompre l'atteinte,
J'ai lieu de m'offenser de votre injuste crainte,
Et quand les coups du Sort peuvent être forcés,
Qui peut douter de moi ne peut m'aimer assez.
Que pour m'ôter à vous la terre conjurée
Tienne à mon cœur charmé la guerre déclarée,
Pour en favoriser les violents desseins
Le seul aveu du vôtre est tout ce que je crains.
LEONOR
On ne l'aura jamais, et quoi que je hasarde,
Les effets feront voir quelle foi je vous garde,
Et qu'il n'est rien pour vous que j'ose négliger
Quand sous les lois d'un autre on me veut engager.
Oui, pour vous découvrir ce que j'ai dû vous taire,
Apprenez, DOM FERNAND, que je dépends d'un père,
Qui sans m'en consulter, de mon repos jaloux,
A voulu par ses yeux me choisir un Époux.
Cet hymen arrêté rend ma disgrâce extrême,
Mais je vous dois la vie enfin, et je vous aime,
Et vois avec plaisir que mon cœur en ce jour
Ne peut fuir d'être ingrat sans servir mon amour.
DOM FERNAND
Frappé trop vivement de ce grand coup de foudre,
Le mien s'étonne, tremble, et ne sait que résoudre ;
Mais enfin je sais bien que mon cruel ennui
Ne redoublera point par le bonheur d'autrui.
Quelque Époux qu'à choisir le devoir vous convie,
Il n'aura point ce nom que je ne sois sans vie,
Et même avant ce coup, s'il me doit accabler,
Plus d'un Rival peut-être aura lieu de trembler.
LEONOR
Quoi qu'il nous faille ici conduire avec prudence,
J'aime dans votre amour un peu de violence,
Et si j'en dois calmer les transports furieux,
Je ne saurois haïr ce qui le prouve mieux.
DOM FERNAND
Mais votre nom enfin ? Faites que je le sache.
LEONOR
Quelque raison encor veut que je vous le cache.
DOM FERNAND
La réserve en est vaine à qui doit présumer,
Que sachant son logis, je puis m'en informer.
LEONOR
Dans un logis d'Amie on a su vous conduire ;
De mon engagement j'ai cru devoir l'instruire,
Et si son avis est qu'on ne vous cache rien,
Peut-être dès ce soir vous me verrez au mien.
DOM FERNAND
Ainsi donc mon bonheur ne dépend plus que d'elle ?
LEONOR
Je l'en croirai.
(À JACINTE)
Va vite avertir ISABELLE.
DOM FERNAND
(, bas.)
Juste Ciel, ISABELLE ! Ai-je bien entendu ?
Si c'est celle qui m'aime, enfin je suis perdu.
Ô d'un jaloux destin attaques imprévues !
Sa maison peut répondre à deux diverses rues,
C'est ici son quartier.
LEONOR
Que dites-vous tout bas ?
DOM FERNAND
Je me plains d'un malheur que je n'attendois pas.
LEONOR
Votre amour y rencontre un péril dont je tremble.
DOM FERNAND
Madame, il est encor plus grand qu'il ne vous semble.
LEONOR
Des conseils d'ISABELLE
espérons quelque fruit.
DOM FERNAND
(, bas.)
C'est elle-même, elle entre, où me vois-je réduis ?
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